Aménagement du centre ville

Saint-Pierre : des fouilles archéologiques pour reconstituer le passé de la ville

  • Publié le 29 mars 2023 à 11:30
  • Actualisé le 29 mars 2023 à 17:30
Fouilles archéologiques préventives Saint-Pierre 29 mars 2023

L’institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) mène depuis mars 2023 une fouille dans le centre-ville de Saint-Pierre près de l’hôtel de ville. La première phase de ce travail archéologique étendu sur 2000m2 devrait se terminer le 25 avril et laisser place à une deuxième phase du 11 mai au 6 juillet. Ces fouilles préventives interviennent avant des travaux d’aménagement des espaces publics de la ZAC du Mail avec notamment la construction d’un centre administratif prévu dans le cadre du plan national de revitalisation urbaine action cœur de ville. Ce plan à une double ambition : améliorer les conditions de vie des habitants des villes moyennes et conforter le rôle de moteur de ces villes dans le développement du territoire (photo rb/www.imazpress.com).

En 2021, au lancement du projet de redynamisation du centre-ville, un diagnostic archéologique a été réalisé sur les lieux du futur chantier du centre administratif. À la suite, une fouille préalable a été prescrite par le Préfet de Région afin de reconstituer la mémoire et les traces du patrimoine de la ville avant qu’elles ne soient recouvertes. Deux siècles d’aménagement de l'ancien cœur de Saint-Pierre vont pouvoir être documentés.

- Conserver la mémoire du passé -

Entre le 9 et le 27 août 2021, l'Inrap a mené une opération de diagnostic qui a permis de mettre en lumière des vestiges appartenant à deux grandes phases d’aménagement, certains étaient répertoriés grâce à des cartes anciennes, d'autres sont inédits.

Ces vestiges permettent de proposer, pour la première fois à Saint-Pierre, un schéma de l’évolution de l’urbanisme dans ce secteur de la ville, depuis ses prémices jusqu’aux traces récentes, en passant par une importante phase d’aménagement à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.

Pascal Laude, animateur architecture et patrimoine pour la ville de Saint-Pierre explique en quoi cette fouille préventive va permettre de "d’enrichir les connaissances sur l’urbanisation de la ville".

Parmi les vestiges présents dans la commune, plusieurs anciens moulins étaient indiqués sur des plans aux archives. "À l'époque, on avait déjà compris qu'il fallait exploiter le vent à Saint-Pierre" indique avant de nous révéler que l'un d'entre eux a justement été mis au jour grâce à chantier de fouilles préventives.

- Des fouilles instructives –

Hélène Silhouette, archéologue pour l'Inrap estime que ce chantier de 2000m2 en cœur de ville permet d'avoir "une belle vision" de l'occupation de Saint-Pierre et de la documenter.

"En pelant et décapant le rocher nous arrivons à trouver ce qu'on appelle des trous de poteaux qui permettent de reconstituer la forme d'un bâtiment et ses limites. Si l'orientation des trous de poteaux est la même sur un futur site de fouilles à Saint-Pierre cela nous permettra de dire qu'il y avait déjà une gestion parcellaire de la ville dès le 18ème siècle" développe l'archéologue.

Ce travail archéologique n'est pas toujours évident à mener. Certains endroits du site de fouilles sont plus délicats à traiter selon Hélène Silhouette.

- La Réunion, fer de lance de l'archéologie moderne -

Virginie Motte, conservatrice régionale de l'archéologie à la DAC de La Réunion explique que les vestiges archéologiques sont "fragiles et non renouvelables". "Pourtant, ils participent à une meilleure connaissance de notre territoire" poursuit-elle.

À la Réunion, le service régional de l'archéologie est le plus petit de France. Il est aussi le dernier né sur le territoire national. "Le sauvetage urgent réalisé en 2007 au cimetière marin de Saint-Paul suite à l'érosion provoqué par le cyclone Gamède a largement contribué à une prise de conscience du besoin d'archéologue sur l'île et à la décision de créer ce service" expose Virginie Motte.

En effet, ce sauvetage fait dans l'urgence a permis de préserver des squelettes révélés par l'érosion du littoral. Cette première opération d'archéologie d'envergure programmée à La Réunion, en 2011, a permis l'étude des sépultures oubliées d'individus enterrés hors les murs du cimetière marin.

Pour la conservatrice régional, La Réunion et les territoires d'outre-mer sont avant-gardistes en matière d'archéologie contemporaine portée sur des périodes très récentes.

Une fois que les investigations archéologiques seront terminées en juillet, l'aménagement du nouveau centre administratif pourra débuter. "Avant 2010, on construisait partout à La Réunion sans faire attention, aujourd'hui on concilie aménagement et recherches archéologiques. Pour ce site, nous allons raconter l'histoire de l'occupation de ce lieux mais il n'a pas vocation à être sanctuarisé et bloquer la construction de nouvelles structures" conclut Virginie Motte.

ks/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

 

 

 

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2 ans

Encore des suppressions de parking...
Les commerçants attendent quoi pour réagir, qu'il n'y ai plus que leurs employés qui se rendent dans le centre-ville de Saint-Pierre ?

CHABAN
CHABAN
2 ans

Génial le hors de terre tombe en ruine et on fouille pour protéger le sous sol.