Gito est un homme heureux. Il réside à Cilaos où il cultive des lentilles et de la vigne. À la mort de son père, il découvre qu’il va devoir gérer l’héritage de plusieurs hectares de terrains. Le voilà désormais confronté aux difficultés de la vie. Mais il n'est pas seul, il est accompagné tout au long de l'histoire d'Hilaire et Ann, ses deux amis d'enfance. Ce personnage est au centre du film "Le Coruskan", qui sort en salles ce mercredi 12 novembre 2025 à La Réunion (Photos : Coruskan)
Pourquoi le "Corsukan" ? "Le Corsukan est un petit objet qui sert au père, au fils et aux amis à s'envoyer des messages. Un petit miroir. Après, ce mot a une autre signification mais à découvrir seulement dans le film", explique le réalisateur Fred Eyriey. Regardez.
- Gito, l'homme "heureux" du film "Corsukan" -
Gito est joué par Jean-Laurent Faubourg. "Il est tranquille, c'est un homme de la terre, dans une vie d'agriculture qui l'occupe du matin au soir. Il vit bien jusqu'à ce que son père meure et là ça bouscule sa façon de voir la vie", explique le comédien.
Au décès de son papa, il découvre qu’il va devoir gérer l’héritage de plusieurs hectares de terrain, créant des jalousies dans un milieu où la terre est rare. Profondément amoureux de son métier, il surprend et inquiète tout le village en évoquant l’idée de donner des terrains aux paysans qui accepteraient de se mettre à la culture bio, telle qu’il la pratique depuis toujours avec son père. Sa démarche, à contre-courant, est mal comprise.
"À la mort de son père, Gito va s'apercevoir avec ses deux amis d'enfance, que la vie est plus complexe que ce qu'il imaginait au départ", raconte le réalisateur, Fred Eyriey.
C'est "cela l'essence même du film, ce rapport avec le monde extérieur et la façon dont Gito voit le monde". Écoutez.
Dans le même temps, le lien très fort qui le relie à ses deux amis d’enfance, Hilaire et Ann, va être mis à mal par la naissance d’un triangle amoureux, pas toujours bien vécu dans ce petit village des hauts de l’île.
- Un trio d'acteurs pour donner vie à l'histoire de trois amis d'enfance -
Le comédien réunionnais n'a pas eu trop de mal à se mettre dans son personnage. "Dans la vraie vie il me ressemble un peu, j'aime être dehors dans la nature", dit Jean-Laurent Faubourg.
Pour se mettre dans la peau de Gito, il fallait "écouter le rêve du réalisateur. Mon travail de comédien c'est d'écouter et après de dire ok, ce personnage me ressemble, et y a d'autres parties où il me ressemble moins et je dois composer pour trouver quelque chose de cohérent", dit l'acteur, originaire de Saint-Joseph. Écoutez.
Daniel Léocadie tient lui le rôle d'Hilaire, "un camarade de Gito et de Ann, ex de Ann mais toujours amoureux d'elle", indique le comédien.
"Hilaire est parti dans l'Hexagone avec Ann faire ses études mais il est rentré après l'avoir trompé. Son père était le maire du village et Hilaire a toujours vécu dans son ombre", dit-il.
Pour composer son personnage, Daniel Léocadie a eu la possibilité d'écrire. "Fred m'a laissé une part d'écriture pour faire le parcours de Hilaire. Un homme qui veut gravir les échelons et c'est en écrivant que je suis rentré dans la peau du personnage." Écoutez.
Tous sont accompagnés par la chanteuse Ann O'aro. Un trio réussi entre les trois acteurs principaux. "Jouer ensemble n'était pas simple, même si on se connait dans la vie. Daniel avait sa manière d'aborder les scènes amoureuses et moi la mienne", raconte Jean-Laurent Faubourg. Écoutez.
- Un film 100% en créole, tourné à Cilaos -
Pour ce film, le choix du "kozé kréol" s'est imposé de soi. "C'était important d'avoir ce créole des Hauts avec toutes ses subtilités de nuance qui peuvent échapper au grand public", précise Fred Eyriey. Écoutez.
Originaire de Saint-Joseph, Jean-Laurent Faubourg s'est attelé à la tâche de traduire les dialogues français écrits par Fred Eyriey, en créole des Hauts. "Je suis partie à Cilaos pour écouter les yab causer."
Un "ti kozé" qui évolue au fil du film, "au fur et à mesure que Gito – qui sort de l'Hexagone – fréquente les habitants du cirque". Écoutez.
Le choix du cirque de Cilaos pour cette histoire n'est pas anodin. "Nous voulions quelque chose d'ancré dans la terre et Cilaos et ses parois montagneuses, faisait penser à un cocon qui protège, soit comme à l'envie d'en sortir pour voir derrière les remparts", explique le réalisateur.
- Un film à petit budget, disponible très bientôt dans les salles de La Réunion -
Un tournage qui s'est déroulé sur cinq semaines avec une équipe de 25 personnes. "Peu pour un long métrage mais je voulais une équipe de commandos très réactive", dit Fred Eyriey.
Un film à petit budget, " une chance" confie le réalisateur. "Nous avons eu une totalité liberté. J'ai produit ce film comme je le voulais, avec peu de moyens mais beaucoup de liberté. Pas de pression, pas de validation à chaque étape. Je ne voulais pas faire un film pour gagner de l'argent, mais pour qu'il existe. C'est l'ADN de ce projet. Mieux vaut une petite économie qui protège la liberté qu'un gros budget qui brime de la création", dit-il.
Seule ombre au tableau lors de ce tournage, l'arrivée imprévue de Belal. Daniel Léocadie se souvient de ce jour "où, alors qu'on était dans la cascade gelée de Cilaos, on nous a prévenu que l'hélicoptère viendrait nous chercher de suite avec l'arrivée du cyclone".
Le film sortira en salles ce mercredi 12 novembre à La Réunion. Le réalisateur a également vendu les droits à TV5 Monde. Diffusion prévue début 2026. "Une belle image pour l'île qui sera vue dans 180 pays", se félicite d'avance Fred Eyriey.
Un film sous-titré en français et en anglais, sans pour autant perdre sa substance.
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Un habitant Cilaos n'a point dans film.