Visite ministérielle

AESH, décrochage scolaire... après la visite, plusieurs chantiers attendent Pap Ndiaye

  • Publié le 30 septembre 2022 à 09:51
  • Actualisé le 14 octobre 2022 à 17:08

(Photo Photo RB imazpress)

Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, est arrivé ce jeudi 29 septembre 2022 à bout de son périple réunionnais. Il est allé à la rencontre des élus, enseignants et élèves de notre département. En visite durant trois jours, le ministre a pu échanger avec la population. Au cœur des discussions, plusieurs thèmes qui préoccupent les Réunionnais sont revenus, notamment celui de l’absence d’accompagnants pour les élèves porteurs de handicap et celui du décrochage scolaire. Seul point noir de sa visite, sa rencontre avec les syndicats de l’éducation n’a pas été à la hauteur des espérances de ces derniers. (Photo : rb/ www.imazpress.com)

« Pour élever un enfant, il faut tout un village », voilà ce fameux proverbe africain qu’a évoqué à plusieurs reprises le ministre de l’Éducation lors de visites. Un village, une école, un collège, un lycée… Un ensemble mis en place pour contribuer au bien-être pour le savoir des enfants.

C’est donc, tel « un pachyderme qui avance lentement », comme s’est amusé à se comparer Pap Ndiaye, que le ministre se déplace. Un ministre qu’a souhaité, tout au long de ces trois jours, « prendre le temps pour bavarder et rencontrer les gens ». « Je déteste les visites en coup de feu » a-t-il dit.

Et il en fallait du temps au ministre pour évoquer les failles que peut connaître l’Éducation.

Lire aussi - Visite ministérielle, examen de passage pour Pap Ndiaye

Lire aussi - Pap Ndiaye a signé une convention pour une meilleure prise en charge éducative des enfants

Lire aussi - Dernier jour de visite : inauguration et visite de collèges pour Pap Ndiaye

- Manque d'AESH, "nous courrons après la marée"

Première faille à laquelle est d’ailleurs confrontée La Réunion, le manque d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH). Un problème évoqué à plusieurs reprises lors de cette visite ministérielle et soulevé à la fois par les enseignants, les élèves et les élus.

Ce fut le cas de Philippe Naillet, député de la première circonscription qui, dès la première journée, a interpellé Pap Ndiaye sur ce sujet. « On attend de vous des réponses concrètes » lui avait-il soufflé.

Deux des jeunes sélectionnés pour rencontrer le ministre lui ont d’ailleurs évoqué leurs cas personnels. « J'ai un trouble dys (dysfonctionnement de fonctions cognitives relatives au langage, à l'écriture, au calcul..; ndlr) et j’ai fait plusieurs démarches pour avoir un AESH. J’en ai eu un, mais pas sur les cours les plus importants », a-t-il raconté. Une jeune femme, accompagnée de sa sœur handicapée depuis l’enfance a elle aussi témoigné. « Elle (ma sœur) dispose de seulement 8 heures d’AESH, ce n’est pas suffisant pour elle ».

Sur ce sujet qui touche La Réunion et pour lequel plusieurs parents nous ont interpellé, le ministre de l’Éducation a promis de « faire un effort ». « Je reconnais qu’il y a des difficultés de recrutement ». En France, 430.000 enfants composent l’école inclusive, une école inclusive avec des demandes en hausse de plus de 25% sur ces cinq dernières années. Et même si 4.000 AESH ont été recrutés cette année, nous courrons après la marée » a clamé Pap Ndiaye. « Le nombre de notifications est important et le nombre d’AESH n’arrive pas à compenser cette croissance », ajoute le ministre. « On doit recruter et échanger avec la Maison départemental pour les personnes handicapées (MDPH) afin de connaitre les besoins particuliers de ces jeunes », a-t-il dit.

Ce qui est certain, c’est qu’à l’issue de sa visite, le ministre de l’Éducation l’a assuré, il « fera un effort pour la création d’un certain nombre d’AESH pour La Réunion ».

Lire aussi - Rencontre avec des jeunes : “je vais faire un effort pour créer des postes d’AESH à La Réunion” assure Pap Ndiaye

- Le décrochage scolaire, une douloureuse réalité à La Réunion -

D’autres élèves connaissent également plusieurs difficultés, celles de l’illettrisme et du décrochage scolaire. « Le décrochage scolaire est une réalité à La Réunion », a indiqué le ministre de l’Éducation.

C’est d’ailleurs dans ce sens que le ministre a évoqué les voies professionnelles. « Les formations professionnalisantes comme ici, au lycée Marie Curie de Sainte-Anne, peuvent accueillir des jeunes qui ont pu avoir un parcours scolaire sinueux. » « Ces formations », dit-il, « ont pour but de lutter contre l’échec et le décrochage scolaire ».

Une voie professionnelle pourtant en pleine réformation. En effet, le président de la République l’a annoncé, il souhaite réforme cette voie d’ici 2023. Une réforme qui inquiète les syndicats, qui craignent un .

Pour Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation, « la réforme a pour objectif de favoriser l’entrée sur le marché du travail ». Pour arriver à cela, il évoque notamment la fermeture de plusieurs filières, peut attractive sur le marché du travail. « Il faut pouvoir diriger les jeunes vers des formations professionnalisantes et valorisantes », a indiqué le ministre.

- Sexualité, harcèlement, Parcoursup, d'autres sujets abordés -

D’autres préoccupations ont également été évoquées lors de ces trois jours de visite.

L’éducation à la sexualité a été citée par un jeune venu rencontrer Pap Ndiaye. « On souhaite avoir plus de cours d’éducation sexuelle pour aborder notamment les notions de respect » a-t-il dit. Ce à quoi lui a répondu le ministre, « l’éducation à la sexualité est essentielle pour un objectif de santé publique, pour la prévention des grossesses précoces et des maladies sexuellement transmissibles ».

Autre souci dans les établissements, le harcèlement scolaire. « C’est une priorité », a indiqué Pap Ndiaye. « Depuis la rentrée nous avons mis en place un programme de sensibilisation avec deux numéros verts : 30 18 et 30 20. » Car, il le précise, « le harcèlement est intolérable dans nos établissements ».

La question épineuse des néo-stagiaire mutés en métropole a aussi été abordée. « Je suis sensible à cette question », a noté Pap Ndiaye. Toutefois, il l’a dit, « il y a actuellement des enseignants réunionnais dans l’hexagone qui attendent depuis parfois plus de dix ans pour avoir leur mutation ».

Lire aussi - Une rentrée scolaire sous tension face à la pénurie d’enseignants

Lire aussi - Enseignants: plus de 4.000 postes non pourvus aux concours

Parcoursup a aussi été évoqué. En effet, plusieurs Réunionnais se sentent délaissés dans les réponses faites sur la plateforme. « Parcoursup n’a pas été pensé pour désavantager les élèves et futurs étudiants », indique Pap Ndiaye. Mais il reconnaît que « la plateforme est perfectible, nous devons faire mieux en matière d’orientation ».

L’histoire de La Réunion peu enseignée dans nos établissements a été soulevée par une jeune élève. « En tant qu’historien, j’y suis attentif », a répondu le ministre. « Je vais me pencher sur cela car l’histoire de La Réunion ne doit pas demeurer inconnue pour les jeunes », indique-t-il.

Nassimah Dindar a également interpellé le ministre sur les violences intra-familiales. « L’éducation doit trouver sa place pour protéger et informer les enfants », lui a-t'elle dit. Un sujet que le ministre assure se préoccuper.

- Les syndicats restent sur leur faim –

De leur côté, s’ils ont été reçus mardi soit par le ministre de l’Éducation, les syndicats restent insatisfaits de leurs échanges. « On a voulu interpeller le ministre sur le fait que l’on manque de moyens dans les classes, on est en souffrance », nous disait une syndicaliste du Saiper Udas.

C’est notamment la question des listes complémentaires qui a poussé les syndicats à suivre Pap Ndiaye tout au long de sa visite afin de se faire entendre. « Nous avons besoin de ces listes », a clamé Cédric Lenfant du Saiper Udas.

Voilà là une petite ombre au tableau noir de cette visite de terrain.

- Trois jours de visites, place maintenant aux actions -

Trois jours de visites, trois jours d’échanges, Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation l’a assuré, cette visite n’était pas une « visite de courtoisie ». « Je suis ministre de terrain, je sors du bureau », précise-t-il. « Venir sur le terrain c’est plus que de la courtoisie, c’est une manière d’apprendre, d’écouter, de réfléchir et répondre à des questions posées », conclut-il.

Avec près de 60 milliards d’euros de budget, l’éducation est une priorité du gouvernement. « C’est historique », tient d’ailleurs à préciser le ministre. « Nous voulons faire en sorte que chaque enfant puisse avoir les mêmes chances de réussite. »

Espérons donc que l’ensemble des demandes aient été entendues par Monsieur le ministre, pour que des solutions soient apportées aux problématiques qui touchent l’éducation à La Réunion.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires