Tous les dégâts ne sont pas encore chiffrés

L'agriculture après Belal : au moins 33 millions d'euros de pertes pour la filière

  • Publié le 23 janvier 2024 à 19:43

Voilà plus d'une semaine que le cyclone Belal a touché La Réunion. Vents forts, fortes pluies… des conditions météorologiques qui ont profondément marqué l'agriculture réunionnaise. Champs noyés, cultures dévastées, serres arrachées… Si les dégâts listés ne sont pas encore totalement évalués, les premiers chiffres "tournent autour de 33 millions d'euros de pertes, dont 31 millions pour le végétal", a indiqué Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d'agriculture (Photo : sly/www.imazpress.com)

Interrogé par Imaz Press vendredi, Frédéric Vienne, président de la chambre d'agriculture, avait déclaré : "les pertes provoquées par Belal seront supérieures à celles de Bejisa".

Ce cyclone avait ravagé l'agriculture réunionnaise en janvier 2014. Les dégâts avaient été estimés à près de 40 millions d'euros selon Frédéric Vienne. "Là, nous serons au-delà de ce chiffre" estime le président de la chambre verte.

"Contrairement à Bejisa où quelques communes ont été épargnées, là c'est toute La Réunion qui est frappée" souligne-t-il.

Si les premiers chiffres marquent des pertes de plus de 33 millions d'euros, dont 31 millions d'euros de perte rien que pour le végétal, il nous manque encore beaucoup d'éléments en termes d'élevage et pour la filière canne", précise Olivier Fontaine.

Pour la filière végétale, on note 9 millions d'euros de pertes sur la zone nord-est, 7,6 millions d'euros dans l'ouest et 13,9 millions dans le sud.

Les productions les plus impactées étant le maraîchage sous abris (tomate, melon, concombre…) avec 6,686 millions d'euros de pertes, le maraichage plein champs (chou, racines, chouchou) avec 4,584 millions d'euros de pertes, l'arboriculture (fruits) avec 6,1 millions d'euros de pertes, l'horticulture avec 4,6 millions de pertes dont 64% de pertes dans le sud et 63% dans la zone nord-est.

Gravement touchés également, les plans de banane qui notent une perte de 70 à 90%. "Pour ces plans, il n'y aura pas de retour à la normale avant fin 2024", précise la Chambre d'agriculture.

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- La reconnaissance en calamité agricole attendue -

Face à ces pertes, ce qu'attend désormais la Chambre d'agriculture et les agriculteurs, c'est que soit décrété l'état de calamité agricole.

Dès lors, les agriculteurs pourront déposer leur demande auprès du préfet qui les fera remonter au ministère des Outre-mer.

Toutefois, alors que l'état de catastrophe naturelle a été validé et publié au Journal officiel ce mardi 23 janvier, ce que craignent les agriculteurs, "c'est que certaines communes ne soient pas comprises dedans", s'inquiète Frédéric Vienne.

"Il serait incompréhensible – alors que le ministre est venu à la rencontre des élus – que pour quelques kilomètres/heures de vent, des agriculteurs ne puissent bénéficier de l'accompagnement de l'État."

- Des champs dévastés, des serres arrachées -

"Nous avons énormément d'exploitations détruites en canne. Une culture fragile pour laquelle nous demandons des aides pour repartir", lance à son tour Julius Metanire, 4ème vice-président de la Chambre.

"On a aussi au niveau du maraîchage, les exploitations qui ont pris de plein fouets avec le vent qui a brûlé des plantes comme les brèdes et d'autres cultures fragiles."

À cela s'ajoutent des coupures d'eau. "Nos agriculteurs sont obligés de bricoler, d'utiliser de l'eau potable." C'est pourquoi la Chambre demande à ce que les agriculteurs puissent payer l'eau avec "un prix lié à la profession", ajoute Julius Metanire.

La vanille a elle aussi souffert du passage du cyclone Belal. "Quand on sait qu'il faut trois ans pour avoir les premières fleurs et quatre ans pour les premières gousses, il faut recommencer mais on a plus trop d'espoir", se désole Juliette Masson, membre associé à la Chambre d'agriculture.

- Des agriculteurs soumis aux aléas climatiques -

"Les agriculteurs sont de plus en plus souvent victimes de calamité agricoles (vents forts, pluie, sécheresse) avec des exploitations très affaiblies", indique Olivier Fontaine, secrétaire de la Chambre d'agriculture.

Suite à Belal, "nous avons l'obligation de relancer l'agriculture mais pour cela il fait des dispositifs et une meilleure adaptation au climat", ajoute-t-il.

Et des dispositifs et de l'aide il en faut pour relancer les productions. "Il va falloir des semences, des intrants, des plastiques pour les serres mais là encore on va avoir du mal", alerte Olivier Fontaine.

Ce que demandent également les agriculteurs, c'est la mise en place de prêts garantis par l'État. "Les banques doivent jouer le jeu pour aider les agriculteurs en leur donnant la possibilité de cumuler le RSA et leur activité car ils seront privés de salaire pendant les semaines voire les mois à venir", précise Jean-Marie Desprairies, 5ème secrétaire adjoint de la Chambre d'agriculture.

Il faut aussi accélérer et simplifier les dossiers de calamité agricole, poursuivre les investissements pour les stockages d'eau et de groupes électrogènes.

Pour cela, "la Chambre est prête à accompagner les services de l'État pour améliorer tout cela et cela nous aurons l'occasion de le faire dans les mois prochains avec le Salon de l'agriculture", poursuit Frédéric Vienne, président de la Chambre d'agriculture.

- L'état de catastrophe naturelle pour toute La Réunion -

Interrogé au Tampon - alors qu'il rencontrait des agriculteurs sinistrés - Gérald Darmanin avait déclaré que "des moyens financiers seront débloqués rapidement".

Cela va être désormais possible puisque l'arrêté de catastrophe naturelle a été publié ce mardi au Journal officiel. Un état de catastrophe naturelle qui permettra de déclencher les aides pour les agriculteurs. "Tous les fonds possibles seront débloqués", avait précisé le ministre.

Ce qui a motivé la décision prise par le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer - qui avait d'ores et déjà annoncé lors de sa venue sur l'île "déploquer tous les moyens financiers possible", c'est notamment que "l'intensité anormale du phénomène est caractérisée au regard des effets conjugués de l'amplitude de la houle, des vents et de la situation météorologique lors de l'événement".

De plus, "les cumuls de précipitations pendant l'événement présentent une période de retour supérieure à 10 ans".

Pour rappel, dès Belal loin de nos côtes, le conseil départemental, l'association des maires et la chambre d'agriculture, notamment, avaient demandé que cet état de catastrophe naturelle soit reconnu pour toute La Réunion dans les plus brefs délais.

www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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