Lundi 30 octobre, mardi 31 octobre et même ce jeudi 2 novembre 2023… trois jours de rentrée et surtout trois jours marqués par des alertes à la bombe successives. Établissements scolaires, centres commerciaux, édifices religieux, espaces publics… nombreux sont les bâtiments visés qui ont dû être évacués. Dans un contexte d'alerte "urgence attentat", certains semblent vouloir alimenter un climat anxiogène chez les Réunionnais. Mais pour le rectorat et les services de l'État, "il n'y a pas de psychose à avoir ou à transmettre". "La priorité de l'État est d'assurer la sécurité des personnes et, dans ce cadre, toutes les alertes à la bombe sont prises au sérieux." (Photo : sly/www.imazpress.com)
À chaque alerte à la bombe, Isabelle espère que "ce n'est pas le collège de ma fille qui est concerné. Ma fille est très apeurée parce qu'il se passe", confie-t-elle à Imaz Press.
D'autres parents, envisagent même de ne pas déposer leur enfant à l'école "par peur qu'une personne ne rentre". "Avec ces alertes on n'a peur, peur de ce qu'il peut arriver. Il faut que ceux qui font ces blagues cessent", témoigne Raphaël.
Certains fustigent le fait que "ils plaisantent avec ça et le jour où ça va arriver en vrai (on ne l'espère pas), personne n'y croira plus".
Une menace et des alertes à la bombe prises très au sérieux et pour lesquelles "aucune menace réelle n'a été détectée" avait indiqué la préfecture. Toutefois, blague ou pas, cela suffit à créer un mouvement de psychose.
Du côté du rectorat et des établissements scolaires, "aucun risque ne peut être pris en ce qui concerne la sécurité des élèves et des personnels, et il faut effectivement procéder à chaque fois à des évacuations et on peut comprendre que cela soit anxiogène pour des parents". "L’important pour nous est que tout doute soit levé, pour que les enfants puissent retourner en classe en toute sécurité."
"Il n'y a pas de psychose à avoir ou à transmettre", précise de son côté la préfecture. "La priorité de l'État est d'assurer la sécurité des personnes et, dans ce cadre, toutes les alertes à la bombe sont prises au sérieux. Pour assurer cette sécurité des personnes, le protocole veut que les sites concernés soient évacués et la levée de doute effectuée par les forces de l'ordre, et les démineurs des FAZSOI si besoin, afin de rouvrir les sites dans les plus brefs délais en limitant au maximum les impacts sur leur fonctionnement", ajoutent les services de l'État.
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- Attention à ne pas céder à la peur -
"C'est compliqué, c'est une situation exceptionnelle qui est, de mémoire, jamais arrivée à La Réunion. C'est tout nouveau et comme toute nouvelle chose on l'appréhende", indique le Docteur David Goulois, psychologue clinicien à Saint-Pierre.
Selon lui, "le problème c'est que la notion de terrorisme implique cette notion de terreur – dont on ne sait où et quand ça peut arriver – et cela fonctionne très bien sur la population et la seule solution c'est d'observer des consignes de sécurité à la lettre".
De plus, "la notion de terrorisme implique que les gens ne vivent plus et ce serait une réussite que de vivre normalement. Le but est de faire peur, de créer un bazar social".
"La meilleure chose à faire – au-delà de la peur qui est légitime – c'est d'être confronté à cette peur sinon on la cultive, on l'entretient et on développe des phobies et ce n'est pas à prendre à la légère", indique David Goulois.
Le psychologue se dit inquiet de ces "fausses alertes", "cela peut créer des dégâts autant pour les enfants que pour les parents", dit-il.
"Or les enfants sont angoissés quand les parents le sont." "Il faut prendre de la distance et dédramatiser, ne pas venir chercher l'enfant en catastrophe, observer les recommandations des établissements", ajoute David Goulois.
- Plus d'une trentaine d'alerte en deux jours -
Ce mardi 31 octobre, seize établissements scolaires ont été victimes d'alerte à la bombe par mail. Tous ont été évacués. La Cité des Arts à Saint-Denis a elle aussi été visée.
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La veille, le lundi 30 octobre 2023, jour de rentrée scolaire, ce sont neuf établissements scolaires qui ont été visés par des alertes à la bombe. Elles ont entraîné à chaque fois une évacuation.
Un centre commercial de Saint-Denis, deux centres de Sainte-Marie, ainsi que la mairie du chef-lieu ont été évacués.
- Les auteurs recherchés -
Pour ces faits, deux enquêtes ont été ouvertes par les parquets de Saint-Pierre et de Saint-Denis, confiées au Service territorial de police judiciaire en zone police et à la section de recherches en zone gendarmerie.
Il s'agit - pour les enquêteurs - d'identifier le ou les mauvais plaisantins à l'origine de ces fausses informations.
"Ces petits plaisantins, ces petits guignols, qui s'amusent avec ces fausses menaces, seront retrouvés, seront punis", a assuré le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, alors que de nombreux, établissements scolaires ont dû être évacués ces derniers jours.
"Il faut qu'on poursuive, qu'on identifie et que l'on condamne. Il y a déjà 22 enquêtes en cours"
— RTL France (@RTLFrance) October 20, 2023
Le ministre de la Justice @E_DupondM, à propos des alertes à la bombe. Il est l'invité de @amandine_begot sur #RTLMatin pic.twitter.com/OSF8sjjbKL
"Ils seront retrouvés, ils seront punis et leurs parents seront tenus de rembourser les dommages et intérêts qu'ils ont causés" s'ils sont mineurs, a déclaré le garde des Sceaux, évoquant des peines allant jusqu'à "trois ans d'emprisonnement".
Le ministre a fustigé des "plaisanteries qui font naître la psychose". "Nous n'avons pas besoin de ça, nous n'avons pas besoin d'agitateurs et de psychose par les temps qui courent", a terminé le ministre.
Gérald Darmanin également évoqué, "Traçons tout le monde, via des adresses IP ou des numéros de téléphone. Nous le ferons parce que ces fausses alertes mettent notre pays en danger énorme."
S’il s’agit de simples canulars pour les élèves à l’origine de ces menaces, ils peuvent avoir de graves conséquences.
Pour rappel, l’article 322-14 du Code pénal prévoit que "le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information dans le but de faire croire qu’une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise est puni d'une peine allant jusqu'à 2 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende".
- Urgence attentat : La Réunion en alerte -
Pour rappel, depuis le vendredi 13 octobre, la France et donc La Réunion sont en alerte "urgence attentat". Ce dispositif a été activé après l'assassinat à Arras d'un professeur de lettres. Il a été tué par un jeune homme fiché pour radicalisation.
"Nous sommes capables de prévenir ce risque mais la vigilance est de mise car nul ne sait quand il va y avoir un passage à l'acte, c'est pour cela qu'on rehausse la vigilance auprès des établissements scolaires, des lieux de culte", avait indiqué le préfet lors d'une conférence de presse.
Lors de cette conférence de presse, Pierre-François Mourier, recteur de La Réunion, avait également dévoilé les mesures de sécurité mises en place dans les établissements scolaires.
Une vigilance renforcée sera également mise en place à l'entrée des établissements scolaires. Pour l'accueil, cela sera assuré obligatoirement par un personnel de l'établissement, "idéalement par le directeur, principal ou proviseur". Un contrôle des sacs sera exécuté et une fouille si besoin est.
Chaque établissement dispose d'un référent police ou gendarmerie, "un relai essentiel". Dès la rentrée, les personnels "reprendront l'attache de leur référent".
L'identité des personnes étrangères à l'école sera "immédiatement relevée".
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La psychose? C’est plutôt de la colère oui!!