Une "petite victoire" mais pas suffisante

Santé : le directeur du CHU annonce une hausse des moyens financiers pour les hôpitaux de La Réunion

  • Publié le 14 novembre 2023 à 09:09
  • Actualisé le 14 novembre 2023 à 09:28

Quatrième jour de mobilisation pour les manifestants du secteur hospitalier. Après le CHU Nord, le CHU Sud hier, ce mardi 14 novembre 2023, c'est devant l'entrée du CHOR (Centre hospitalier ouest Réunion) qu'ils sont postés. Les grévistes protestent contre "les grandes difficultés financières du CHU et les conditions de travail dégradées pour les soignants". Lors de cette rencontre, Lionel Calenge, directeur du CHU, a annoncé une hausse du coefficient géographique de l'ordre de trois points. Il passe donc de 31 à 34%. "Une hausse qui bénéficiera à La Réunion et à l'ensemble des structures, qu'elles soient publiques ou privées." Toutefois, si cette annonce est saluée... elle n'est pas suffisante face au déficit de l'hôpital (Photo d'illustration : sly/www.imazpress.com)

Ce mardi matin, la présidente de Région, Huguette Bello et le directeur du CHU, Lionel Calenge, sont allés à la rencontre des manifestants.

(Photo : Zohra Givran)

Lors de cette rencontre, Lionel Calenge, directeur du CHU, a annoncé une hausse du coefficient géographique de l'ordre de trois points. Il passe donc de 31 à 34%. "Une hausse qui bénéficiera à La Réunion et à l'ensemble des structures, qu'elles soient publiques ou privées."

À quoi sert le coefficient géographique ? Les coefficients géographiques s’appliquent aux tarifs nationaux de prestations des établissements implantés dans des régions dont le niveau des coûts est plus élevé en raison d’un environnement spécifique. Sont concernées : l’Île-de-France, la Corse et les Outremer. ? Il sert à apporter une manne financière lors de l'achat de matériel, de produits pharmaceutiques pour la vie de l'hôpital.

Zohra Givran de la CGTR donne d'ailleurs l'exemple du CHOR. "C'est environ deux millions et demi en plus."

Pour Fabrice Grondin de FO, "c'est une nouvelle en demi-teinte". "C'est intéressant pour les hospitaliers car à compter du 1er janvier 2024 le coefficient va augmenter. Mais l'on se pose encore la question des 50 millions de déficit."

Le message que tient également à passer l'intersyndicale, "c'est que ce n'est pas une augmentation de salaire que l'on veut mais avoir les moyens pour soigner la population, pour éviter les fermetures de services et ne pas diminuer l'offre de soins".

- L'intersyndicale maintient tout de même la pression -

Mais même si cette annonce est "une petite victoire" pour Zohra Givran de la CGTR, "il y a encore beaucoup à faire pour les conditions de travail des professionnels".

"La prise en charge des patients doit s'améliorer et pour cela, la grève risque de se poursuivre", indique l'intersyndicale, sans donner plus de détails.

L'intersyndicale pointant également du doigt l'attitude du directeur de l'ARS. "C'est le grand absent des discussions. Lors de son arrivée à l'ARS il disait qu'il irait à la rencontre des acteurs de la santé. Il me semble que les représentants du personnel sont des acteurs de santé au même titre que le directeur ou autre", ajoute Fabrice Grondin.

Jeudi 9 novembre 2023, les grévistes se sont entretenus avec la ministre chargée des personnes handicapées. Si elle a promis de faire passer le message à Aurélien Rousseau, ministre de la santé, pour l'heure, les discussions restent lettres mortes.

En effet, le lendemain, le vendredi 10 novembre et selon l'intersyndicale, une visio de plusieurs heures entre le ministre de la santé et le directeur de l'Agence régionale de santé aurait eu lieu.

L'intersyndicale a donc demandé une rencontre à 13 heures devant le CHU Nord pour évoquer ces discussions... rien. Madame la maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts est également intervenue... rien. L'intersyndicale a donc décidé de se rendre directement devant le siège de l'ARS. Mais là aussi... le directeur général a refusé de les rencontrer.

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- Crise au CHU... "la situation est catastrophique" -

"La situation est catastrophique", ajoute-t-il. "C'est pour la population qu'on se bat", notait Expedit Lock-Fat de la CFDT.

Pour Frédéric Bâche, secrétaire général de la CGTR CHU, les conditions de soins et de travail sont "désespérantes".

"L'hôpital ne peut plus payer ses fournisseurs (pharmacie, logistique…), les contractuels voient leurs contrats non renouvelés, le personnel soignant doit pallier ce personnel non renouvelé, ils sont rappelés sur leurs repos", a-t-il expliqué lundi. "Ils se fatiguent et certains se mettent en arrêt maladie et c'est l'absentéisme qui malheureusement augmente", a-t-il ajouté.

Au-delà de la situation sociale, c'est aussi l'absence de remplacements qui pèse sur le personnel. "On a un taux d'absentéisme important avec des équipes insuffisantes", a souligné Expedit Lock-Fat.

Pour exemple, "en imagerie on a eu quatre femmes enceintes mais une seule personne a été remplacée. Ça prive l'ensemble des équipes de repos et de congés jusqu'à la fin de l'année", a ajouté David Belda.

"On impose des règles de travail soutenues et on augmente la cadence de travail et cela met en péril la qualité et la continuité des soins"

"Notre niveau d’absentéisme reste trop élevé, et nous essayons de réduire ce dernier, et ne pas dégrader les conditions de travail des équipes, comme la prise en charge de nos patients.  C’est un sujet majeur, qui peut entraîner un cercle vicieux fragilisant nos équipes et notre activité, la lutte contre l'absentéisme est ainsi devenue une priorité du CHU" indique de son côté le CHU.

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- Difficultés financières -

Si le CHU est conscient des difficultés financières rencontrées par "à peu près tous les autres CHU de France (31 sur 32 en déficit, sur les 32 CHRU presque 1,3 M€ de déficit attendu en 2023)", ce n’est "pas l’activité du CHU de La Réunion qui est en crise".

"Bien au contraire, dès 2022, le CHU avait retrouvé son activité d’avant covid et en 2023, le CHU accueille encore bien plus de patients qu’en 2022" assure-t-il.  "Ce ne sont pas les recrutements qui sont en crise : les personnels (médecins, infirmières, personnels administratifs, logistiques et techniques, etc.) sont présents et pleinement engagés. Ce sont les difficultés financières qui plongent à nouveau le CHU de La Réunion dans une situation de crise."

Et la situation est "aggravée par des problèmes spécifiques liés à notre situation ultramarine et notre rôle d’établissement de recours dans la zone, qui mettent en lumière la fragilité de notre modèle de financement, ses insuffisances et ses contradictions."

CHU de La Réunion en crise : il est urgent d'agir

Face aux difficultés financières, le CHU de La Réunion "a engagé depuis juin 2023 un plan d’efficience pour s’assurer que toutes les recettes sont bien perçues et veiller à ce que chaque euro dépensé le soit le mieux possible". Mais ce plan "ne suffira pas à remédier à la situation" admet-il. "Le CHU de La Réunion a besoin d’un soutien réaffirmé de l’Etat."

"Il y a un déficit annoncé depuis deux années consécutives de près de 50 millions d'euros. Ajouté à cela la dette sociale qui est de 37 millions d'euros", soit près de 80 millions de dettes, c'est la première fois qu'on en est là", alerte cependant Expedit Lock-Fat, secrétaire général de la CFDT Santé.

Pour ce dernier, la situation qui alimente la colère des personnels vient également du fait que "la situation est difficile et on ne sait pas combien de temps cela va durer. On vous dit vous serez aidés mais on n'a aucune visibilité".

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2 Commentaires
Gérard
Gérard
2 semaines

Mais non, c'est le DIRECTEUR DU GHT (Groupement Hospitalier du Territoire) LIONEL CALENGE QUI A OBTENU L'AUGMENTATION DU COEFFICIENT GÉOGRAPHIQUE POUR TOUS LES HÔPITAUX PUBLICS DONT LE CHOR ET EPSMR COMPRIS.

Malade
Malade
2 semaines

Bientôt ils vont manifester po
ur avoir une part du gâteau,prétextant que l' argent est là il faut dilapider ,il faudrait moins de de détachement pour l' exercice du droit syndical qu'ils s autofinance nos impôts ne doivent pas servir a nous priver de liberté en bloquant la liberté de circuler librement qu ils manifestent sans emmerder les autres usagers de la route