Manque de moyens humains et matériels

SOS aux urgences : les hospitaliers travaillent quotidiennement à flux tendu

  • Publié le 16 juin 2023 à 10:00

Selon une étude menée auprès de 97 services d'urgences répartis sur l'ensemble du territoire français, le risque de mourir est 46% plus élevé pour les patients qui attendent une nuit sur un brancard. De plus, entre décembre et janvier dernier, le syndicat Samu Urgences de France avait décompté 150 morts évitables s'il n'y avait pas eu un défaut de prise en charge. À La Réunion, pas de décès à déplorer faute de prise en charge suffisante. Toutefois, les professionnels ne cachent pas le fait qu'ils travaillent quotidiennement à "flux tendu" (Photo : rb/www.imazpress.com)

"La situation des urgences à La Réunion n'est nullement comparable à ce qui se voit dans l'Hexagone", confie Frédéric Nativel, chef du service des urgences et du Smur du CHU Nord.

"Au CHU Nord, 37.000 passages par an sont enregistrés", ajoute le syndicaliste Frédéric Bâche. "Il y a donc une augmentation d'activités." Par jour, cela représente environ 100 personnes accueillies pour un temps de prise en charge moyenne "de 2h45", précise Frédéric Nativel, chef de service des urgences au CHU de Saint-Denis.

Au Centre hospitalier Ouest Réunion (CHOR), l'attente peut varier entre 15 minutes et 15 heures, note Zohra Givran, infirmière syndiquée à la CGTR hospitalière.

Toutefois, "il existe des jours plus difficiles que d'autres, des périodes également, mais globalement, tout reste maîtrisé sans conséquences patentes pour les patients", ajoute Frédéric Nativel.

Il se peut que "des patients passent la nuit sur un brancard, mais nous n'avons pas de décès à déplorer", souligne Zohra Givran. "Généralement, lorsque les médecins prennent leur service, ils s'arrangent pour que les patients aient des lits. Si certains d'entre eux n'ont pas d'affectation ils passent la nuit sur un brancard mais dès le lendemain ils prendront les lits qui se sont libérés" ajoute-t-elle.

"Lorsqu'il n'y a pas de lits d'hospitalisation dans les différents service, nous avons recours à notre propre unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD)" explique le chef du service des urgences et du Smur du CHU Nord.

La durée de séjour idéale en UHCD est de moins de 24 heures mais parfois par maque de place des patients y séjournent plusieurs jours. Pour autant leur prise en charge médicale est assurée", note le médecin.

- Des hôpitaux en manque de personnel... -

Si les centres hospitaliers de La Réunion semblent pour le moment préservés de toute tension excessive – comme cela peut exister dans l'Hexagone – "les professionnels fonctionnent à flux tendu", note Frédéric Bâche de la CGTR Santé. Un "flux tendu" qui s'explique par le manque de moyens alloués aux services de santé.

Manque de moyens matériels mais surtout manque d'effectifs. "Comme dans l'Hexagone, nous connaissons des difficultés à recruter et à être effectif plein", déplore Frédéric Nativel. "La situation n'est pas homogène entre les quatre services d'urgence. Pour Saint-Denis, la dynamique RH (ressources humaines) est actuellement favorable" déclare le médecin.

"Il existe au CHU Nord, un gros turnover des médecins et paramédicaux, donc à moyen terme, le besoin de recruter se fait reulièrement ressentir", note Frédéric Bâche. Certes, "on recrute beaucoup de paramédicaux avec des contrats courts pour pallier le manque de personnel, mais à long terme, le problème est récurrent" dit-il.

Des manques d'effectifs et de moyens qui exacerbent les tensions chez les patients.

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- ...mais également en manque de moyens -

Un manque de moyens matériels et humains sur lequel les professionnels de santé avaient déjà alerté le ministre de la Santé François Braun lors de sa visite à La Réunion en novembre dernier.

"La problématique rencontrée c'est l'engorgement des urgences", déclarait à l'époque Thomas, médecin généraliste. Des médecins généralistes qui ne demandaient que des moyens supplémentaires pour "permettre aux médecins de ville de soulager l'hôpital".

Outre cet engorgement par des patients "qui pourraient être reçus par leur médecin traitant", c'est le manque de moyens qui pèche. "L'attente est liée au manque de lit en amont", déclare Zohra Givran.

Une absence de lits, un manque de personnels, qui font qu'au CHOR enfants et adultes se côtoient – des adultes parfois pris de troubles psychiatriques. "Cela soumet les enfants à une brutalité et une violence que j'apparente à de la violence institutionnelle", indique la syndicaliste.

Une tension que confirme Frédéric Nativel, chef de service aux urgences du CHU Nord. "Les services sont en effet sous tension pour plusieurs raisons : manque de lits en aval, délai de réalisation des examens complémentaires d'imagerie parfois très longs (en raison de la réalité du service radio au CHU Nord) et pas suffisamment de soins de suite et réadaptation (SSR)".

Il note, "ce n'est pas l'amont le problème. Les médecins traitants font dans l'immense majorité des cas leur travail, de plus il y a la possibilité de faire hospitaliser des personnes directement de la ville sans passer par les urgences". "C'est l'aval qui peut poser problème."

Ce que veulent les professionnels de santé, ce sont des moyens supplémentaires - ils le répètent inlassablement. "Il faudrait recruter et fidéliser les personnels." "Il manque des médecins anesthésistes, des gynécologues et surtout des radiologues intentionnelles", souligne le représentant de la CGTR.

Au CHOR, où le bassin Ouest est particulièrement important, les gens viennent de toutes les communes de l'île. "Mais même si on a déménagé, nos capacités elles n'ont pas augmenté", précise Zohra Givran.

Mais également, "des travaux car les locaux du GHER sont exigus et donc l'effort de prise en charge est quotidien pour les équipes afin de préserver à minima la confidentialité, l'intimité et la dignité des patients", note Frédéric Bâche.

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- Les personnes âgées plus vulnérables -

Face à ce triste constat - récurrent depuis des années dans le milieu hospitalier - et si toutefois aucun décès suite à une attente aux urgences est à déplorer – et fort heureusement – selon l'étude menée par Yonathan Freund, médecin urgentiste à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, "la surmortalité est de 46% si vous avez passé une nuit sur un brancard aux urgences".

Pire, "si on s'intéresse spécialement aux patients âgés, ces patients meurent près de deux fois plus s'ils passent une nuit sur un brancard plutôt que dans un lit d'hospitalisation classique".

Cette étude indique par ailleurs que du 1er au 31 décembre 2022, 31 personnes sont mortes seules, sur des brancards dans les couloirs des urgences. "Si on était exhaustif, on pourrait envisager qu'il y en ait beaucoup plus", commente pour sa part Yonathan Freund.

Des chiffres qui alertent une nouvelle fois sur la nécessité de désengorger au plus vite les urgences en France. Le Président de la République en a fait la promesse pour la fin de l’année 2024. Reste à savoir quand cela arrivera...

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
lol !
lol !
1 an

le problème, c'est quand un gros zozo y visite l'hôpital, y astique, nettoie, mette propre partout. Matériel y arrive de la pharmacie, personnel lé au garde a vue avec des blouses flambant neufs. Aucune absence, médecins comme personnel para médical. et comment les visiteurs y voient les lacunes et problèmes !!!!

HULK
HULK
1 an

Si ce n'est pas MAC KINSEY qui a fait l'étude,MACRON s'en moque complètement. Les français peuvent mourir, ce n'est pas son problème. Il reçoit MBS en grande pompe. Comme ont été reçus avant lui,XI JINPING,POUTINE,KHADAFI. Ah on peut nous donner des leçons sur les valeurs humanistes. Les politiques s'en foutent. Ah j'oubliais,l'OM est susceptible d'être racheté par les saoudiens et MACRON veut que MBAPPÉ reste à PARIS. Çà c'est important.