Ce dimanche 22 juin 2025, a lieu la journée nationale du don d'organes. À La Réunion, 328 personnes sont en attente d'une greffe de rein ou cardiaque. Depuis le début de l'année, 17 personnes ont fait don de leur rein ou de cœur. Cela reste insuffisant face aux besoins exprimés. Les professionnels de santé le disent : "nous sommes tous potentiellement receveurs et tous donneurs, alors faites-le savoir de votre vivant" (Photo : www.imazpress.com)
Des greffes attribuées par l'Agence française de biomédecine en fonction de la morphologie de la personne et de son groupe sanguin. "Chaque don est une nouvelle vie pour le patient greffé", déclare Claire Chabré.
- 328 patients en attente d'une greffe à La Réunion
À La Réunion, seules les greffes de cœur, de rein ou de cornée sont faisables. "Pour les autres greffes, la population doit se déplacer dans l'Hexagone pour y accéder", explique Claire Chabré, docteur en réanimation et médecin coordinatrice du don d'organes au CHU Sud.
Depuis le début de l'année, 328 personnes sont en attente d'une greffe, dont 8 pour une greffe de cœur. La majorité des patients dans l'île eux, sont en attente d'un nouveau rein.
"À La Réunion, il y a une prévalence du diabète qui est importante, impliquant des maladies néphrologiques liées à une insuffisance rénale terminale. C'est pourquoi des patients ont besoin d'une mise en dialyse, faute d'avoir des dons suffisants pour compenser les besoins", précise la médecin.
La majorité des dons de reins étant faite entre proches, de donneurs vivants.
Faute de dons en local, certains greffons de reins proviennent de l'Hexagone. Depuis 2024, 84 patients ont bénéficié d'une greffe rénale à La Réunion.
Depuis le lancement en décembre 2023 de la greffe cardiaque dans l'île, 12 personnes ont reçu une greffe de cœur.
Les patients bénéficient d’un suivi conjoint entre le centre de greffe (service de néphrologie du CHU nord) et leur néphrologue traitant, suivi initialement rapproché puis adapté à l’évolution. Environ 540 greffés rénaux sont suivis à La Réunion.
Pour la greffe cardiaque, le suivi se fait par deux cardiologues et deux infirmières coordinatrices. Dès sa sortie hospitalière, le patient est régulièrement vu en consultation ou pour des examens et une réadaptation cardiaque est également prévue.
- Une centaine de receveurs pour à peine une cinquantaine de donneurs -
"Pour les greffes de rein, il peut arriver qu'au bout d'un moment l'organe se fragilise et qu'il faille refaire une greffe au bout de plusieurs années", explique la professionnelle de santé.
C'est pourquoi il faut davantage de donneurs. Au total, depuis le début de l'année 2025, 14 personnes ont fait don de leur rein, trois de leur cœur et 32 de leur cornée.
Si La Réunion est en attente de donneurs, elle reste "autosuffisante en cornée", dit la médecin. "Les patients qui ont besoin d'une greffe peuvent l'avoir dans l'année, sans avoir besoin de faire appel à des tissus venant de l'Hexagone", ajoute-t-elle.
Tout le monde peut être donneur, quel que soit son âge : en 2024, près de la moitié des donneurs a plus de 65 ans, et l’âge moyen était de 57 ans.
- Un mot d’ordre : informer ses proches de sa volonté -
"Le message que l'on souhaite passer, c'est que, quel que soit votre position vis-à-vis du don d'organes, il faut le faire savoir à vos proches", lance Claire Chabré.
En faisant, "une enquête sur la population, 80% se dit favorable mais parmi ces personnes, peu expriment leur position et forcément cela conduit les proches à devoir, dans une situation difficile, de choisir sans connaitre la position du proche décédé", exprime la médecin coordinatrice au CHU Sud.
À La Réunion, 50% des proches des donneurs disent non à la greffe d'organes, soit car la personne n'a pas fait savoir sa position, soit pour considération religieuse.
En France, toute personne est présumée donneuse, sauf si elle a exprimé son refus de son vivant, soit en s’inscrivant au Registre national des refus, soit en le disant à ses proches. Ce cadre juridique vise à favoriser le don tout en respectant la volonté de chacun. Le don ne se fait donc jamais sans échange avec l’entourage du défunt, pour s’assurer qu’il ne s’était pas opposé de son vivant. Quand aucun échange n’a eu lieu en amont, le doute s’installe.
Les personnes peuvent signifier leur positionnement sur le don d'organes oralement à leurs proches, au médecin traitant ou par l'intermédiaire de directives anticipées.
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