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Au Sénégal

L’artiste réunionnaise Migline Paroumanou relance "La Porte du Retour" à Gorée

  • Publié le 19 avril 2025 à 02:59
  • Actualisé le 19 avril 2025 à 13:14
L’artiste réunionnaise Migline Paroumanou relance La Porte du Retour à Gorée

Installée en 2012 sur l’île de Gorée au Sénégal, terre marquée par la traite négrière et de la déportation d’êtres humains, La Porte du Retour, œuvre symbolique de la Réunionnaise Migline Paroumanou n'a pas résisté à une tempête en 2023. L’artiste a lancé une campagne de financement participatif pour sa reconstruction, avec le soutien de la municipalité de Gorée. Elle espère récolter suffisamment de fonds pour créer une œuvre "qui nous survive". (Photos : Migline Paroumanou)

Créée en décembre 2012 par Migline Paroumanou lors d’une résidence artistique, La Porte du Retour est une œuvre conçue comme un contrepoint à la tristement célèbre Porte du Voyage sans Retour, visible au sein du musée de la Maison des esclaves sur l'île de Gorée.

L'artiste plasticienne originaire de La Réunion, a voulu faire de cette installation un symbole de résilience et de reconnexion avec l'histoire de la traite négrière et de la déportation d’être humain.

Placée face à l’océan Atlantique, à proximité de l’ancien atelier de l’artiste sénégalais Moustapha Dimé, l’œuvre était composée de bois contreplaqué et de peinture acrylique, des matériaux qui n'étaient pas conçus pour durer dans le temps.

Initialement pensée comme une restitution temporaire de résidence, elle a pourtant résisté plus de dix ans aux intempéries. "En 2018 puis en 2022, j'y suis retournée afin de restaurer l'oeuvre, confie l'artiste. Cela a été un moment fort. Car l'idée de la porte c'était d'accueillir l'âme des esclaves qui étaient partis et j'ai pu constater à quel point elle était devenue importante."

En octobre 2023, une tempête l’a définitivement détruite.

- Une reconstruction symbolique et collective -

Face à l’attachement profond des habitants de Gorée et des afro-descendants à cette installation, l’artiste a décidé de lancer une campagne de financement participatif sur la plateforme HelloAsso.

"Ce n’est plus seulement mon œuvre. Elle a été adoptée, elle appartient aux Goréens", explique-t-elle. Soutenue officiellement par la municipalité, la démarche s’inscrit dans une volonté de pérenniser une porte symbolique, devenue lieu de recueillement et d’échange spirituel.

Trois options de reconstruction sont actuellement à l’étude selon les moyens réunis : une structure en bois de classe 4 renforcée par une armature métallique inoxydable, un modèle en béton recouvert de pierre, ou la version la plus durable – en pierre naturelle, comme du marbre ou du granit.

Le budget estimé pour la première solution, la moins coûteuse, est de 15.000 euros. "L’idéal serait une porte qui nous survive, pour nos enfants et les générations futures", souligne Migline Paroumanou.

- Un appel aux dons matériels et immatériels -

Au-delà du soutien financier, le projet propose aussi une collecte d’offrandes symboliques. Textes, poèmes, dessins, photos, prières : toutes les formes de messages d’espoir peuvent être envoyées par e-mail à l’adresse laporteduretourgoree@gmail.com.

Ces contributions seront publiées sur les réseaux sociaux du projet, dans une volonté "de créer une dynamique collective et spirituelle". Depuis le lancement de la campagne, Migline Paroumanou affirme avoir atteint environ 10% de son objectif.

Elle prévoit un déplacement à Gorée en novembre pour organiser concrètement la reconstruction, selon les fonds récoltés.

- Un lien entre Gorée et La Réunion -

Si l’œuvre s’ancre géographiquement à Gorée, elle fait écho à l’histoire de l’océan Indien. Issue d’une lignée de descendants d’engagés indiens, l’artiste rappelle que des recherches historiques attestent de départs d’esclaves depuis Gorée vers Maurice et probablement La Réunion.

"Cette île m’appelle et me rappelle", dit-elle, convaincue de la dimension universelle de cette mémoire. À La Réunion, elle avait proposé la création d’une Porte du Retour dans le cadre d’une consultation publique sur l’aménagement du littoral de Saint-Denis.

Une proposition restée sans suite, mais qui témoigne de son désir de faire vivre la mémoire sur plusieurs rives. À travers La Porte du Retour, Migline Paroumanou poursuit un travail artistique engagé sur la mémoire, la transmission et les liens entre les peuples dispersés.

La campagne de financement est ouverte jusqu’à la fin du mois d’août sur helloasso.com.

pb/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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