Cette année encore, une Réunionnaise recevra le Prix Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science 2025, ce mercredi 8 octobre 2025 à Paris. Merlène Saunier va être récompensée pour ses travaux sur les oiseaux marins et leur conservation, aux côtés de 34 autres scientifiques (Photo Fondation L'Oréal)
C'est toute jeune que Merlène Saunier décide de faire de la recherche. "J'ai toujours été curieuse, depuis petite je savais que j'allais faire de la recherche", assure-t-elle à Imaz Press Réunion.
"Depuis mon enfance, je suis passionnée par la biodiversité de l'île. C'est comme ça que j'ai su que je voulais agir pour protéger les écosystèmes, en particulier ceux de La Réunion", explique la scientifique.
Aujourd'hui post-doctorant, Merlène Saunier a réalisé l'intégralité de ses études à La Réunion. "J'ai intégré la licence Sciences de la vie de l'Université de La Réunion, puis le master en biologie marine, réalisé deux stages de recherches sur l'étude des oiseaux marins et sur la migration des pétrels noirs", détaille-t-elle.
"J'ai ensuite réalisé une thèse sur la dynamique des populations des oiseaux marins de l'ouest de l'océan Indien, qui m'ont amené à me questionner sur la protection de ces derniers, et c'est désormais le sujet de mon post-doctorat. C'est au contact de mes professeurs, passionnés, que je me suis à mon tour passionnée du sujet", dit-elle.
Ses études l'ont emmenée à travailler dans les Terres australes et arctiques françaises (TAAF), notamment à l'île Tromelin et l'île Europa. "C'est le privilège de mon champ d'étude, je suis amenée à travailler sur le terrain, plus que dans certaines disciplines. J'ai pu passer, au total, 60 semaines sur l'île d'Europa par exemple, et je me suis rendue sur des lieux de reproductions", se réjouit-elle.
- Une "vraie fierté"-
Alors que les femmes ne représentent que 29,7 % de l’effectif total des chercheurs dans le monde, selon le dernier rapport de l'Unesco, le Prix Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science vise à reconnaître le talet des jeunes chercheuses à un moment clé de leur carrière.
"En écologie, c'est quand même différent que dans d'autres secteurs : il y a beaucoup de femmes quand on commence nos études, même si au fil des ans il y en a de moins en moins", explique Marlène Saunier.
"Mais c'est vrai que sur le terrain, ça a tendance à être très masculin, avec beaucoup de clichés comme quoi ça serait "difficile pour une femme". Mais pour moi, c'est presque un moteur de motivation, ça me donne envie de leur prouver que je peux le faire", lance-t-elle. "En tant que femmes, on a parfois le sentiment de devoir redoubler d'efforts pour prouver qu'on est compétentes. C'est un sentiment qui se crée à force d'actes et de paroles tout au long de nos expériences. Ce sont des remarques qui ne sont pas forcément méchantes, mais qui s'accumulent et nous font nous interroger sur notre place", souligne la scientifique.
D'où l'importance de ce prix. "C'est une vraie fierté de remporter ce prix. Au-delà de la symbolique, les lauréates bénéficient de programmes qui ont vraiment un objectif intergénérationnel, pour soutenir et féliciter les chercheuses mais aussi créer des modèles pour les jeunes filles", assure-t-elle. "Quand on voit que telle chercheuse a reçu un prix et qu'elle a un parcours qui nous ressemble, on se dit "moi aussi je peux réussir".
Alors que les femmes sont minoritaires dans le monde scientifique, Merlène Saunier a un message pour les jeunes filles : "je veux leur dire de ne pas avoir peur, et de s'assurer d'être bien entourée : avoir des personnes autour de soi, ça aide à avancer. Ce n'est facile pour personne, mais en tant que femme, l'entourage est essentiel."
Depuis 2007, la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’UNESCO, distingue chaque année des jeunes chercheuses. En 2025, 34 doctorantes et post-doctorantes, sélectionnées parmi près de 700 candidates par un jury d’excellence de l’Académie des sciences, sont récompensées pour leurs recherches prometteuses.
Chaque lauréate reçoit une dotation (15.000 euros pour les doctorantes, 20.000 euros pour les post-doctorantes) pour soutenir ses travaux. Elles bénéficient également de formations en communication et en leadership, pour mieux affronter le « plafond de verre » et mieux valoriser leurs recherches scientifiques
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