Françoise Boyer de la Girauday, illustre inconnue aux consonances familières, dévoile une autobiographie dans laquelle elle revient sur deux tabous, typiques de l'île : l'adultère et le cancer. Son livre " J'ai survécu aux tabous " paraît au mois d'octobre 2015, le mois choisi par l'OMS pour sensibiliser à la maladie. (Photo d'illustration)
Le parcours est atypique, les rencontres incroyables et pourtant l’histoire est presque banale. Françoise Boyer de la Girauday, apprend en 2004 qu’elle est atteinte d’un cancer du sein, virulent. Mais avant cela, elle a dû se battre pour le faire reconnaître : "je le savais, d’instinct, que j’avais quelque chose mais les médecins ne voulaient rien entendre". C’est elle qui a demandé à faire une mammographie, elle qui a demandé une biopsie, et elle a eu raison. Les examens révèlent une masse de 4mm seulement, un cancer au stade 0.
"Même si c’était précoce, j’ai bien fait de me battre, j’ai bien fait de demander plusieurs avis, encore plus d’examens", martèle la femme aujourd’hui en rémission. Et c’est là un des problèmes de La Réunion qu’elle met en exergue : " il ne faut pas prendre le médecin pour le bon dieu, croire qu’il possède la science infuse". Ce n’est pas de l’incompétence, "mais de l’inhumanité, de la maltraitance que de remettre en doute le mal-être et les angoisses du patient", s’insurge-t-elle.
Pour Françoise Boyer de la Girauday, il n’y a pas de secrets, il faut poser des questions, mais surtout parler. "À La Réunion, le cancer reste un tabou. Dès qu’on est malade, le regard change, les gens sont différents, quand ils ne sont pas distants ou qu’ils deviennent inexistants", déplore-t-elle. "Le soutien, l’affection et l’environnement comptent énormément dans le combat contre la maladie" se rappelle Françoise qui tient à faire passer un message aux Réunionnaises atteintes du cancer : "il ne faut pas en avoir honte".
En parler, c’est ce qu’elle fait aujourd’hui à travers son livre, mais c’est surtout ce qui l’a sauvé : "J’en ai discuté avec une amie à Paris, qui m’a orienté vers un médecin, un certain Professeur Alfred Fitoussi", raconte-t-elle. C’était en 2005, après l’ablation et les chimiothérapies, à la période de la reconstruction. "Après toutes ces épreuves, ces violences successives, il fallait que je retrouve ma féminité, il fallait que je me retrouve", et c’est lui qui m’a aidé, dit-elle avec douceur.
Alfred Fitoussin a écrit l’une des préfaces du livre "J’ai survécu aux tabous", à côté de celle du docteur Georges Barau, et de celle de Nassimah Dindar. "Elle est mon modèle, elle est un modèle pour toutes les femmes Réunionnaises", s’exclame Françoise Boyer de la Girauday, rappelant que la présidente du Département s’est elle aussi battue contre un cancer du sein.
Son livre n’est pas destiné aux prix littéraires, ni à la reconnaissance, c’est un témoignage de courage, de force et d’humilité. "Il est destiné à la lutte contre le cancer du sein ", dévoile Françoise, en fin d’interview. Il ne sera pas disponible en libraire. Où alors ? A la remise des dossards de la course Odysséa, les 28 et 31 octobre 2015, et aussi dans les boutiques Sidiot Lingerie. "Tous les bénéfices seront eux reversés à l’association Odysséa", indique Françoise.
"J’ai survécu aux tabous" est bien sûr un exutoire, mais son auteure veut surtout qu’il serve à toutes les autres : "qu’elles (re)trouvent le courage et la force" dit-elle encore, souriante.
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