Sobriété énergétique

Les commerces de La Réunion se dirigent progressivement vers des économies d'énergie

  • Publié le 7 novembre 2022 à 07:20
  • Actualisé le 7 novembre 2022 à 07:45

La lumière dans les vitrines et l'utilisation de la climatisation pour les commerçants et les magasins de la grande distribution représentent une part importante dans la consommation énergétique à La Réunion. Alors même que le gouvernement appelle à plus de sobriété énergétique depuis plusieurs mois, il devient nécessaire pour ces enseignes de réduire leur consommation énergétique. Un geste d’autant plus encouragé au vu de l’augmentation du coût de l’électricité (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)

Pour se diriger vers plus d’économie d’énergie, un plan de sobriété a donc été pris le 6 octobre dernier entre le gouvernement et les acteurs économiques.  Ces derniers sont appelés à plus d’effort sur divers postes de consommation qui concernent notamment l’éclairage et surtout celle de nuit.  

- Moins de lumières, moins de climatisation -  

Cette version du plan de sobriété dévoilée par le gouvernement ne concerne pas pour le moment La Réunion. Jérôme Filippini, préfet de la Réunion, expliquait déjà le 7 octobre, que "prochainement un plan de sobriété énergétique pour La Réunion sera dévoilé". Il « sera nécessaire pour se responsabiliser et avoir une consommation énergétique maîtrisée ».

Lors du conseil d’orientation de l’observatoire de l’énergie à la Réunion qui s’est tenu le 2 septembre dernier, on annonçait alors que l’île consomme 3.500 Kwh d’énergie par an contre 5.500 kwh pour la métropole. Comme l’exprimait déjà à l’époque Gaëlle Gilboire, cheffe de produit à la SPL Horizon Réunion : “Si chacun s’y met, on peut atteindre la sobriété énergétique et ce en mettant en place des gestes simples pour faire diminuer la facture d’électricité".  La moindre économie est donc bonne à prendre.

L’éclairage des vitrines de nuit représente un poste des dépenses non négligeable pour les commerces. Certains ont déjà agit en conséquence.

C’est le cas notamment à Saint-André. « Cela fait plusieurs années que les commerçants du centre-ville ont arrêté d'éclairer les vitrines. Si on les laissait c’était surtout pour des questions de sécurité, c’était un moyen de prévention. Depuis, les magasins disposent de caméras de surveillance. Les lumières en vitrine n’étaient donc plus d’aucune utilité. Ils restent encore quelques commerces qui gardent la lumière allumée mais cela représente moins de 10% mais bientôt on devrait ne plus en avoir », explique Shiva Mouraman, président de l’association des commerçants de la ville et également bijoutier.

« Pour moi, cela va se soi de faire des économies sur la consommation d’énergie. Il faut aller vers ce qu'il y a de bien moins cher. En ayant un meilleur rapport qualité », dit le commerçant saint-andréen.

Dans d’autres villes, on n’exclut pas non plus de retirer les éclairages des vitrines de commerces. Comme à Saint-Paul mais les mesures restent encore floues. « On sait que l'on va nous demander d'éteindre les enseignes lumineuses, pareil pour les vitrines de 1h à 6h du matin », souligne Irchad Omarjee, président de l’association des commerçants de Saint-Paul.

« Après si on nous demande de le faire pour protéger et réduire la consommation énergétique, on va le faire. Si y a un décret qui sort on va jouer le jeu ». Il nuance que « si on nous demande de le faire avant 1 heure du matin, on verra comment on peut appliquer tout ça. Si on éteint les vitrines, les lampadaires allumés avant ces créneaux horaires, cela va avoir un impact. Cela permet aux commerçants de montrer leurs produits aux passants même s'ils sont fermés. Ce n’est pas en faisant ça que l’on va réduire les charges globales de l’entreprise ».

Pour Amina Limbada, présidente de l’union des commerçants dionysiens, la question de l’extinction de l’éclairage des vitrines la nuit est encore un peu prématurée pour pouvoir en parler. « C’est un sujet oui, mais ce n’est pas encore une obligation à appliquer chez nous ». Mais cela ne sera pas non plus sans répercutions pour les commerçants, selon cette dernière.

Un autre poste de dépenses qui est aussi un lourd tribu pour bon nombre de commerce : la climatisation. Certains n’ont pas hésité à investir dans des rideaux d’air comme à Saint-André. Cela permet de conserver la fraîcheur dans le magasin, en ne créant pas de choc thermique.

A Saint-Paul, la climatisation aussi est un élément important pour les commerces. Et pour avoir une facture moindre, il a fallu faire aussi des aménagements comme l’installation dans certains établissements de Clim Inverter, à savoir une climatisation qui permet d’adapter en continu la puissance frigorifique selon les besoins de la pièce à climatiser. « On n’a pas le choix que de mettre la climatisation. Il fait très chaud à La Réunion. Ne pas en mettre ne serait pas très agréable pour le consommateur », ponctue Irchad Omarjee.

D’autres acteurs du commerce de plus grande importance, à l’instar de centres commerciaux, réalisent aussi de leurs côtés des efforts énergétiques à La Réunion. Tel que Carrefour Réunion. Le 2 novembre dernier, cet acteur de la grande distribution annonçait que les lumières des enseignes s’éteignaient désormais 30 minutes après le départ des clients, de leur magasin.

«Un engagement éco-énergie », selon eux. Comme l’explique l’établissement, cette démarche s’inscrit sur le long terme. C’est aussi un moyen de sensibiliser la population à l’environnement.

Les nouvelles galeries Leclerc comme celle de la Réserve à Sainte-Marie ont aussi décidé de s'aligne, en installant des panneaux photovoltaïques. Du point de vue du fournisseur d’énergie EDF, ces actions permettent de faire à plus grande échelle des économies d’énergie pour le territoire. "A contrario, si les clients consomment davantage d’énergie que d’ordinaire, le réseau électrique a de quoi tenir et est assez résistant" rassure Jérôme Zielinski, chef de service clientèle et commercial chez EDF Réunion. Il n’y a donc pas d’inquiétude à avoir sur un éventuel réseau en tension.

- Des économies plus que nécessaires -

Pour l’unique fournisseur en électricité de la Réunion, EDF « La Réunion doit malgré tout se sentir concernée par les efforts énergétiques, déjà dans une démarche écologique et de préservation du système électrique de l’île mais aussi pour consommer et payer moins», appuie Jérôme Zielinski.

Un travail est mené entre le fournisseur d’énergie et les commerçants. « Concernant tout ce qui est touche à l’éclairage, s’ils veulent mettre leur lumière dans les vitrines, il faut choisir plutôt des LED qui coûtent certes plus cher à l’achat mais qui durent quinze fois plus longtemps et consomment jusqu’à 80% d’énergie en moins que les ampoules classiques. On peut également réduire ses plages horaires d’éclairage et nettoyer ses ampoules pour consommer moins », continue-t-il.

Concernant la climatisation, le chargé de clientèle conseille aussi de ne pas aller en dessous de 25-26 degrés et qu’il est préférable de laisser à cette température plutôt que de monter, descendre en température. « Il ne faut pas non plus laisser ouvert les portes et il faut bien isoler son magasin ».  Pour Jérôme Zielinski, en éteignant les lumières la nuit, cela fait effectivement des économies d’énergie. « Mais la partie luminaire n’est pas celle qui compte le plus dans la facture c’est bien la partie froid avec la climatisation, qui pèse davantage ».

Lire aussi : Électricité : à La Réunion, la climatisation va faire trembler les portefeuilles

Des associations prônent la sobriété énergétique pour la préservation de l’environnement, à l’instar de Greenpeace à La Réunion. Ce samedi, c'est accompagné de Extinction Rébellion, Attac Réunion et le collectif citoyens pour le climat, qu'elle a mené une opération en éteignant, dès que cela était possible, les différentes enseignes lumineuses ou encore les vitrines de magasins dans quatre secteurs de l’ile. A savoir Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Gilles et Saint-Denis.

« Par cette action on veut aussi faire pression sur le gouvernement pour que l’on oblige l’extinction des lumières des panneaux lumineux, des vitrines de magasins. C’est aussi l’occasion de faire passer un message au consommateur sur la réduction de la consommation d’énergie. Les éclairages sont là que pour vendre et il n’y a pas forcément de nécessité à partir du moment où les commerces sont fermées », explique Tiphaine, co-coordinatrice de Greenpeace Réunion. Selon elle, les mesures du gouvernement ne sont donc pas suffisantes.

Il en revient en tout cas aux entreprises de se responsabiliser sur la question, en attendant qu'un plan de sobriété soit enfin édité pour La Réunion.

ef/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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