C'est ce dimanche 28 juillet 2024 que les opposants de la ZAC de la Savane des Tamarins, anciennement ZAC Renaissance 3, se réunissent. Une marche à travers la savane de Plateau Caillou est organisée, dans les environs du chantier, pour aller à la rencontre de la population. Alors que 90 hectares doivent être aménagés pour accueillir logements et commerces, le collectif Protège Nout Savane s'oppose au chantier et demande l'arrêt des travaux. D'un autre côté, le collectif "Un toit pou nou" veut rappeler la nécessité de ces logements (Photos : sly/www.imazpress.com)
La marche a débuté dès 8 heures, et sera suivie d'un ronnkozé pour permettre à chacun de prendre la parole librement. Un concert viendra clôturer l'événement.
"L'événement c'est pour que les gens voient par eux-mêmes la valeur paysagère de cette zone et de la taille de la parcelle qui va être détruite", explique Élie Payet.
"Se pose aussi la question de comment on aménage le territoire", lance une citoyenne engagée.
"Se pose aussi la question de la durabilité de la construction."
"Ce projet est une aberration, il y a 90 hectares de savane qui vont être détruits" a noté Elie Payet, porte-parole du collectif Protège Nout Savane, contacté par Imaz Press Réunion.
"En 2024, c'est tout de même immoral de se lancer dans un tel projet face aux enjeux environnementaux. On ne peut pas ignorer à ce point cet aspect" a-t-il estimé.
Plusieurs espèces protégées se trouvent en effet dans la savane : l’oiseau blanc, la tourterelle malgache, le caméléon panthère, et gibbosa.
Ces espèces ont fait l'objet d'une étude d'impact pour mettre en place des mesures compensatoires, dont les conclusions ont été rendues en 2023. La société CYNORKIS, en charge de l'étude, a notamment préconisé une "réaffectation écologique" des espèces concernées avec la création d'un jardin indigène.
Une pétition réclamant l'arrêt immédiat des travaux a été lancée dans la foulée et a récolté près de 15.000 signatures en l'espace de seulement quelques jours. Les soutiens du collectif sont de plus en plus nombreux, certains artistes se mobilisant depuis
- Des arguments qui ne passent pas -
La préfecture, qui a délivré l'autorisation de l'exploitation de ce terrain, rappelle cependant que "le projet de la ZAC Renaissance 3 a connu une instruction longue et continue et fait l’objet d’une vaste concertation du public, dont les avis ont amené à un ajustement du projet, principalement au regard des enjeux écologiques".
La Sedré (Société d'Equipement du Département de la Réunion), en charge du chantier, a par ailleurs souhaité faire le point sur les accusations. "Aucun chantier n'est prévu dans l'espace protégé de la savane". "Toute la zone savanaire naturelle et protégée n'est pas du tout impactée par cette opération" insiste Yannick Payet Fontaine, directeur général de la Sedré.
Sur les 90,5 hectares que représente le chantier, "30 ha d’espaces naturel conservés et valorisés" sont prévus. "La savane, qui est protégée, ne fait pas non plus partie du périmètre de la ZAC" assure la Sedré. "Aussi, les futures constructions respecteront les caractéristiques du relief."
90,5 hectares de trop pour les opposants au projet, qui réclament son arrêt au nom de la protection de l'environnement. Le collectif se réserve par ailleurs le droit de déposer un recours auprès de la justice pour faire arrêter le chantier.
"Dans un contexte mondial où les voyants sont passés au rouge pour la biodiversité, pour l'eau et pour la préservation des espaces naturels, ce projet d'urbanisation, d'une ampleur extrêmement conséquente, portée par la municipalité de Saint-Paul va à rebours des objectifs fixés par les scientifiques et par la loi climat et résilience votée en août 2021" s'indigne par ailleurs la branche locale du parti Place publique.
Les Ecologistes estiment, eux, que "la savane recèle une biodiversité remarquable avec la présence d’espèces végétales et animales protégées". "Le coût environnemental est énorme" assure le parti.
Des accusations réfutées par la Sedré. "C'est un projet qui se veut plus vertueux, mieux dimensionner, mieux organiser dans l'espace, qui organise une mixité entre le logement, l'espace économique, et la nature. Nous ne faisons pas de gentrification, au contraire" a martelé Yannick Payet Fontaine, rappelant que la France "se trouve dans une crise du logement majeure". "Il y a eu plus de 10 ans de consultations, d'études d'impact, de concertations…Si le collectif veut porter une action en justice, qu'il le fasse, nous sommes dans un Etat de droit" a-t-il ajouté.
- Un collectif demande des logements -
Dans un communiqué, le collectif "Un toit pou nou" veut rappeler la nécessité de ces logements.
"Nous qui n’avons pas de toit. Nous, SDF ! Nous, femmes et enfants victimes de violences intrafamiliales ! Nous, hébergés en centre d’accueil d’urgence ! Nous, recueillis par compassion, parfois sous le toit de plus pauvres que nous ! Nous qui nous entassons à trois, voire quatre générations sous un même toit ! Nous qui vivons la promiscuité si propice à générer des conflits familiaux ! Nous écoliers, collégiens, lycéens qui n’avons pas une chambre à nous et pour seul bureau la table de la cuisine ! Nous, les 45% des 25 000 étudiants réunionnais qui vivons chez nos parents parce que nous ne trouvons pas de logement ! Nous les 3700 étudiants refoulés chaque année par le CROUS par manque de place et qui n’avons pas les moyens de payer un loyer privé ! Nous qui effectuons plusieurs heures de route par jour pour aller à l’université ! Nous jeunes qui aspirons à l’indépendance et quitter le toit parental ! Nous, travailleurs pauvres pour lesquels le parc privé est inaccessible car trop chers : en 2023, les loyers du parc privé ont augmenté de plus de 8% et sont parmi les plus élevés de France ! Nous qui attendons devant la porte des Foyers Jeunes Travailleurs ! Nous qui dormons dans notre voiture lorsque nous en avons une !
Nous ne voulons pas l’aumône, pas la pitié, ni la charité. Nous voulons un toit, un bail et une clé !"
"Dans un contexte d'urgence sociale et de pénurie de logement, la ZAC Renaissance 3 est une réponse essentielle à la crise du logement dans la région Ouest", rappelle le communiqué.
Lire aussi - Pour la défense du projet de la ZAC Renaissance III
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Qu'est ce que pense 'un toit pour tous' pense des personnes qui sont dans une situation précaire ( pas de travail) mais qui ont 3 voir 4 enfants tout en ayant pas de logement?
On dirait que la priorité c'est d'avoir un logement et pas de travail .
Trop facile d'utiliser l'argument du manque de logement pour soutenir ce projet.
Merci Me Le Maire
Aberrant... Si on arrêtait de délivrer des permis de construire pour des lotissements de maisons individuelles peu denses, on aurait de la place pour loger les réunionnais. C'est un peu facile de se cacher derrière la crise du logement pour construire une ZAC quand à côté on fait n'importe quoi.
Un jour il n'y aura plus de nature accessible sur les pentes de l'ouest, et on se dira que finalement c'était mieux avant.