Sanitaire et médico-social

Menace sur les acquis sociaux : l'intersyndicale se mobilise ce 1er avril

  • Publié le 29 mars 2025 à 02:59
  • Actualisé le 29 mars 2025 à 15:40
médecin

Les organisations syndicales CFDT, CFTC, CGTR, FO et CFE CGC de La Réunion, réunies en intersyndicale, appellent à la mobilisation ce mardi 1er avril. Le rendez-vous est donné dès 9 heures devant la préfecture de Saint-Denis, pour défendre les droits des salariés de la santé privée et de la cohésion sociale. (Photo Cabinet de médecin photo RB imazpress)

C’est historique. Pour la première fois à La Réunion, les cinq organisations syndicales du secteur sanitaire et médico-social (CFDT Santé Sociaux Réunion, la CFTC Santé Sociaux, la CGTR Santé, le CFE CGC, et FO Action Sociale) seront réunies devant la préfecture, ce mardi 1er avril 2025, à partir de 9 heures. 

En toile de fond, une inquiétude grandissante face à la dégradation des conditions de travail et une menace sur les acquis sociaux. "Nous devons nous mobiliser en masse car ce sont 50 ans d'avancées sociales qui risquent de disparaître", craint Yannick Galais, secrétaire général de la branche associative de la CFDT. En 2022 le secteur comptait 11 500 salariés, dans 206 établissements sur tout le territoire. Plus de 84% de ces effectifs exerçaient dans le secteur médico-social. Aujourd'hui, ces salariés tirent la sonnette d'alarme.

- Des rémunérations en berne qui se traduisent par des taux de turn-over très importants -

L'appel à mobilisation repose sur un constat inquiétant, également dressé par les organisations nationales : de mauvaises conditions de travail, une baisse des financements publics et un manque de dialogue social. L'intersyndicale dénonce un "déficit d'attractivité" qui entraîne des difficultés de recrutement, un turn-over important et une hausse de l'absentéisme.

"La perte de sens du travail est un vrai problème", souligne Yannick Galais. "Notre secteur perd énormément de personnels soignants ou encore d'éducateurs... des personnes qualifiées qui sont remplacées par d'autres qui n'ont pas les compétences. Certains services fonctionnent en sous-effectif tandis que d'autres sont obligés de fermer".

Les revendications sont claires : 

  • Une revalorisation des salaires pour compenser la perte de pouvoir d’achat accumulée depuis 30 ans,
  • Le versement des 183€ de complément salarial pour tous les salariés du secteur,
  • Un financement à la hauteur des besoins réels,
  • L’amélioration des conditions de travail avec davantage de personnel et le remplacement systématique des absences,
  • La création de postes pérennes dans les établissements,
  • Le rejet du projet patronal de la Convention Collective Unique Étendue (CCUE), jugé défavorable aux droits des salariés.

Il faut savoir qu'à La Réunion, le secteur bénéficie de dispositifs spécifiques, notamment une majoration salariale ( valeur du point majorée de 20%) grâce aux accords SAPRESS. "Revenir au Code du travail signifierait la perte de ces acquis", avertissent les syndicats.

Alors que l’État affiche des restrictions budgétaires dans certaines régions, La Réunion bénéficie d’un financement conséquent selon la CFDT. "L’ARS alloue plus de 270 millions d’euros aux établissements du secteur, mais nous estimons que ces budgets ne sont pas toujours utilisés à bon escient", dénonce l’intersyndicale. Selon elle, certaines associations, pourtant excédentaires, préfèrent investir dans l’immobilier plutôt que d’augmenter les salaires, de former le personnel ou d’améliorer les conditions de travail.

- Un impact direct sur la qualité des soins -

Derrière ces revendications, c'est aussi la prise en charge des patients qui est en jeu. "Le manque de personnel met en péril la qualité des soins", s'inquiète Yannick Galais. "On parle de personnes vulnérables, de personnes âgées ou encore des enfants. C'est pour améliorer l'accompagnement de ces personnes qu'on se mobilise. C'est aussi pour eux qu'on le fait".

- Un dialogue social rompu -

Les relations entre employeurs et représentants du personnel sont particulièrement tendues. "Des directions emploient des méthodes inédites de pression et de répression syndicale qui viennent porter un coup grave aux principes du dialogue social", regrette Yannick Galais. L’intersyndicale déplore le manque de transparence et un dialogue social rompu.

Si les syndicats ne s’attendent pas à une manifestation massive, leur objectif est clair : porter un message fort devant le préfet et alerter l’opinion publique. En parallèle, une pétition est en cours pour soutenir les revendications des salariés.

Face à ces tensions, l’intersyndicale espère une réaction des pouvoirs publics et des employeurs avant la date fatidique du 2 avril, moment où le gouvernement doit trancher sur l’avenir de la Convention Collective Unique Étendue.

vg/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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