François Bayrou a convoqué des anciens Premiers ministres dont Manuel Valls, pour former une équipe sans grande ouverture à gauche et attendue de pied ferme dans une Assemblée nationale sans majorité. Ce mardi 24 décembre, a lieu à Oudinot, la passation de pouvoir entre François-Noël Buffet et Manuel Valls à Oudinot. L'ancien Premier ministre hérite du dossier explosif de l'Outre-mer, avec comme urgence la situation à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie.
????#gouvernementbayrou Manuel Valls est arrivé au Ministère des #OutreMer rue Oudinot pour la passation avec François-Noël Buffet. pic.twitter.com/pUodQWSnVn
— Outremers360 (@outremers360) December 24, 2024
Confronté aux attentats de 2015 en tant que Premier ministre, Manuel Valls, qui aura le titre de ministre d'Etat, va être confronté aux conséquences dévastatrices de l'ouragan Chido à Mayotte.
Mais également les suites des graves émeutes qui ont éclaté en mai en Nouvelle-Calédonie.
Ainsi que la question de la vie chère dans les départements antillais.
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- Le budget des Outre-mer au coeur des inquiétudes
"Alors que le budget des Outre-mer était en baisse de 37 %, l’objectif premier de François-Noël Buffet consistait à trouver des pistes pour retrouver des crédits budgétaires et rééquilibrer la situation", indique le ministère dans un communiqué.
Aujourd’hui, ne pas avoir de budget, "c’est priver la Nouvelle-Calédonie d’aides, c’est priver la Martinique d’un protocole "vie-chère", c’est priver la Guyane de la rétrocession de foncier, c’est mettre en difficulté des élus locaux qui portaient des projets, c’est priver l’ensemble des territoires d’un Comité interministériel des Outre-mer (CIOM), très attendu en mars prochain…", lançait-t-il.
"C’est concrètement priver trois millions de nos compatriotes d’un budget qui leur est plus que nécessaire', poursuit le ministre des Outre-mer.
"L’intérêt supérieur de la France et particulièrement de nos concitoyennes et de nos concitoyens ultramarins, c’est la stabilité", avançait François-Noël Buffet.
- Le retour surprise de Manuel Valls -
M. Valls, honni par une partie de la gauche pour ses prises de position jugées trop droitières, revient ainsi de plain-pied dans la vie politique nationale.
"Manuel Valls est une personnalité un peu kamikaze, j'aime bien les personnalités audacieuses", a commenté sur BFMTV François Bayrou lundi soir, exprimant son "estime" pour un ministre qui va se charger d'"une des questions les plus lourdes", la situation des outre-mer.
François Bayrou: "Manuel Valls est une personnalité un peu kamikaze (…) qui accepte de prendre des risques" pic.twitter.com/wJDcUUC0mL
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Après avoir été ministre de l'Intérieur, de 2012 à 2014, puis Premier ministre de 2014 à 2016, sous François Hollande, le Catalan de 62 ans n'avait pas passé l'étape de la primaire PS en vue de l'élection présidentielle de 2017.
Après trois ans au poste de conseiller municipal de Barcelone, il quitte ses fonction une nouvelle fois et envoie des signaux d'un éventuel retour en politique en France, ce qui lui a valu une chanson parodique par une chaîne de télévision catalane.
- Sécurité et laïcité -
Il s'est lancé tout jeune en politique auprès du socialiste Michel Rocard. Son expérience aux côtés de l'ancien Premier ministre (1988-1990), considéré comme un des pacificateurs de la Nouvelle-Calédonie avec les accords de Matignon de 1988 pourrait lui être utile pour déminer la situation sur le "Caillou".
L'ancien maire d'Evry (2001-2012) a ensuite fait de "la sécurité, la laïcité, le vivre-ensemble" ses thèmes de prédilection.
En 2007, il voulait changer le nom du Parti socialiste. Au sein du gouvernement sous Hollande, il fustige la "gauche passéiste", lance un "j'aime l'entreprise" devant le patronat ou approuve l'interdiction du "burkini" par des maires de droite.
Défenseur de la déchéance de nationalité et de la loi Travail, très contestée dans la rue, théoricien des "gauches irréconciliables" et d'un rapprochement des "progressistes" de gauche et de droite, Manuel Valls laisse un souvenir amer au Parti socialiste.
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