Restrictions, coupures...

Sécheresse : La Réunion va devoir apprendre à vivre avec de moins en moins d’eau

  • Publié le 25 octobre 2023 à 12:20

Depuis le mardi 10 octobre 2023, sept communes de l'île sont soumises à des restrictions d'eau en raison de la sécheresse. Huit autres sont en vigilance. Et pour cause, la saison des pluies 2023 est la quatrième la moins arrosée sur 51 ans d'observation. Restrictions, coupures… aujourd'hui, demain et à l'avenir, il faudra apprendre à vivre avec, car la sécheresse risque de s'installer pour un bon moment. Et ce n'est pas les quelques gouttes de pluie de ces derniers jours qui y remédieront. Le ministre délégué aux Outre-mer devrait d'ailleurs revenir à La Réunion "très prochainement" pour discuter de cette problématique, a annoncé Gérald Darmanin ce mardi (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)

Une sécheresse à La Réunion qui concorde avec un climat un peu bouleversé dû à une saison des pluies très sèche. Selon Météo France, la saison des pluies a en effet été très déficitaire cette année. Ce qui place l'année 2023 comme la quatrième année la moins arrosée sur 51 ans d'observation.

"Un déficit pour la saison des pluies de l'ordre de 30% entre décembre 2022 et avril 2023", nous expliquait François Bonnardot, météorologue, lors des Assises des risques naturels. Un déficit "que l'on retrouve en moyenne tous les 10 ans".

Si le Nord et l'Est de l'île sont particulièrement déficitaires, dans le Sud et l'Ouest, il y a eu plus de pluie qu'à l'accoutumée. Mais ce léger excédent de pluie n'a pourtant pas permis d'éviter la sécheresse.

À La Réunion – et alors qu'il y a quelques mois Imaz Press évoquait déjà qu'un tiers des nappes et rivières étaient à sec, rien n'a changé et surtout rien n'est allé en s'améliorant. Selon Anli Bouhrane, hydrogéologue à l'Office de l'eau, "en septembre, une baisse généralisée des débits des cours d'eau est observée".

Concernant les nappes phréatiques, "en septembre, les déficits persistent dans trois secteurs : Saint-Gilles, Le Port et Saint-André", précise Anli Bouhrane.

De faibles ressources en eau qui impactent l'approvisionnement de plusieurs communes de l'île. À Saint-Denis, les débits sont en baisse à la rivière Saint-Denis. A La Possession, on note des risques de coupures sur Dos d'Âne, tout comme à l'Étang-Salé ou encore à Saint-Leu.

À Sainte-Marie par contre, comme dans les cirques de Salazie et de Cilaos, les coupures sont déjà effectives.

Sur la commune de Saint-André ou encore à Salazie, par exemple, et afin de préserver la distribution en eau durant la journée, CISE Réunion est contrainte de fermer la distribution en eau de 22 heures à 5 heures dans plusieurs quartiers.

Des coupures et baisses de pression sur le réseau peuvent toutefois être constatées tout au long de la journée.

Lire aussi - Le TCO appelle à réduire la consommation d'eau

- Des sécheresses plus sévères et plus fréquentes à l'avenir -

Et il va falloir s'habituer cette situation, car à en coire les prévisions, les années à venir ne seront guères mieux. Rien que les prochains mois seront faibles en pluie.

En effet, selon les prévisions pour les trois prochains mois, "peu de pluies sur les secteurs Nord et Est et toujours des excédents dans le Sud et l'Ouest" sont attendus, indique Météo France.

Dans les années à venir – et sous l'effet du réchauffement climatique, en plus de la à la hausse des températures notable, il faudra aussi s'habituer à vivre avec moins de pluie.

"À l'horizon 2080, les modèles montrent un assèchement de l'ordre de 5 à 10 % des pluies annuelles", expliquait à Imaz Press Marie-Dominique Leroux de Météo France Réunion à l'occasion des Assises des risques naturels. C'est, certes, encore loin, il faut tout de même s'y préparer.

En saison sèche (juin à décembre), l'impact du changement climatique sur les précipitations devrait se manifester par une baisse des précipitations à grande échelle et un allongement de la saison sèche lié à un probable retard de la saison des pluies.

Une baisse des précipitations qui entraînera "des sécheresses plus sévères et plus fréquentes", explique Marie-Dominique Leroux.

Lire aussi - Fortes chaleurs, peu de pluies… La Réunion face à de (futurs) bouleversements climatiques

- Des restrictions dans plusieurs communes -

Dans notre département - et avant d'envisager l'avenir - sept communes ont été placées en alerte par la préfecture. Il s'agit de Bras-Panon, Saint-André, Salazie, Saint-Denis, Sainte-Marie, Saint-Leu et Cilaos. Dans ces communes, des restrictions d'utilisation de l'eau ont été prises.

Compte tenu de l'intensité de la saison sèche, le préfet a décidé de prendre également un arrêté qui définit des mesures de vigilance pour les communes de La Plaine des Palmistes, Le Port, La Possession, Saint-Paul, Trois-Bassins, Étang-Salé, Les Avirons et Saint-Louis.

Il appelle en outre à la vigilance et à la réduction des consommations d’eau non-essentielles sur l’ensemble du département.

Selon l’évolution de la situation, le préfet sera amené à renforcer ou à atténuer les mesures adoptées.

Recommandation générale de réduction des consommations d’eau :

En cette période inter-cyclonique sèche, le respect des mesures de précaution sont les suivantes pour tout le territoire :

Pour les particuliers :

- réduire l’arrosage des jardins et des espaces verts
- réduire ou arrêter le lavage des cours et des voiries à grandes eaux
- réduire toutes les consommations d’eau pour les usages non essentiels (lavage de voiture à domicile…)
- utiliser les appareils de lavage à plein
- réduire les prélèvements individuels dans le milieu naturel

Pour les collectivités :

- optimiser l’arrosage des espaces verts et des plateaux sportifs

Pour les agriculteurs :

- favoriser les techniques d’irrigation économes en eau

Pour les exploitants des réseaux d’eau :

- réduire les fuites dans les réseaux de distribution d’eau potable
- signaler en temps réel les perturbations d’alimentation et les fermetures de réseaux susceptibles d’être utilisés par les services de secours et de lutte contre l’incendie
- maintenir une vigilance particulière sur les aquifères sensibles et adapter leur exploitation en fonction de l’évolution de la salinité

Lorsque l’eau revient au robinet après une coupure, elle peut être impropre à la consommation durant plusieurs heures. Les coupures et remises en eau successives peuvent en effet engendrer une dégradation de la qualité de l’eau avec un risque pour la santé des consommateurs.

Aussi, l’Agence régionale de santé de La Réunion (ARS) recommande la plus grande vigilance à la population concernée, notamment les personnes fragiles (personnes âgées, enfants…) durant la première demi-journée suivant la remise en eau.

· ne pas utiliser l’eau pour la boisson, la préparation des aliments/repas et des glaçons, le lavage des dents
· préférer la consommation d’eau embouteillée
· n’utiliser l’eau du robinet que pour les usages non alimentaires
· concernant le stockage d’eau pour un usage alimentaire : utiliser des récipients propres, fermés et équipés d’un robinet pour préserver la qualité de l’eau. L’eau conservée en dehors d’un réfrigérateur doit être renouvelée quotidiennement pour éviter qu’elle ne s’altère, compte tenu de la disparition du chlore.

Par ailleurs, la période sèche étant propice aux départs de feux, il est rappelé que les pratiques de brûlage de végétaux coupés (déchets verts, bois coupé etc.) et d’écobuage sont interdites par l’arrêté préfectoral du 17 octobre 2018, notamment en période à risque, soit du 15 août au 15 janvier.

Voilà également plusieurs petits exemples de gestes à faire au quotidien pour économiser l'eau. Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur les sites gouvernementaux : www.ecologie.gouv.fr et vigieau.gouv.fr.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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6 Commentaires
Claudine
Claudine
1 an

Traitez les eaux usées que vous jetez à la mer (nous payons des taxes anti "pollution" + les multi-taxes excessives. Ce cycle de traitement existe.

Mondon
Mondon
1 an

Et vous permettez que les Entreprises gaspillent l'eau par arrosage automatique de l'herbe ? Vu dans la ZI du Chaudron. Remplir les piscines privées aussi.
RÉVOLTANT. INADMISSIBLE.

Sophie
Sophie
1 an

On paie l' inaction de nos élus,on refait les centres villes plusieurs fois a peine rénové on démoli gaspillage d' argent public ,pas étonnant qu'ils augmentent la taxe foncière .

Les cons ça ose tout
Les cons ça ose tout
1 an

Ouahhh chacun pour sa pipe alors ! Ne pas aider l’autre département parce qu’on te demande d’arrêter de gaspiller !!!!! Bien souvent hélas au prétexte que tu paies tes factures pour ton entière, perso et trop souvent excessives consommation !! Déjà à La Reunion, si on faisait montre d’un peu plus de réflexion ou d’un peu moins de chacun pour soi. Par exemple en n’ayant, hélas, pas encore assimilé la notion vitale de l’eau pour tout ce qui vit sur la planète. Sans eau pas de vivants (humains, animaux, végétaux) … donc pas d’avenir pour vos enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants …

Patrick
Patrick
1 an

Donc on doit s'habituer à la fin d'abondance en matière d'eau et modifier nos habitudes de consommation
OK
C'est donc pour cela que l'État a envoyé 3 x 600 000 L d'eau de La Réunion vers nos compatriotes mahorais
C'est logique si on considère la stratégie du "Sapeur Camembert" : résolvons un problème immédiat et urgent en créant un problème ultérieur

maya
maya
1 an

On n'est pas encore dans la saison des pluies !