Tambour, fumées et sacrifice d'animaux

Troubles du voisinage : Pierre rejugé en appel pour nuisances sonores liées à des cérémonies religieuses

  • Publié le 9 juillet 2025 à 10:12
  • Actualisé le 9 juillet 2025 à 15:41
tambour Malbar

Condamné en 2024 pour nuisances sonores liées à des cérémonies religieuses dans sa cour, Pierre a fait appel. Ce jeudi 3 juillet 2025, la cour a réexaminé le dossier, dans lequel se confrontent liberté de culte et droit à la tranquillité du voisinage. La décision est attendue le 4 septembre (Photo www.imazpress.com)

Condamné en septembre 2024 pour des nuisances sonores causées par des cérémonies religieuses dans sa cour, Pierre, un quinquagénaire résidant à Saint-André, a comparu ce jeudi 3 juillet 2025 devant la cour d’appel de Saint-Denis. En première instance, le tribunal de police de Saint-Denis l’avait sanctionné pour « émission de bruit portant atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme ».

La juridiction l’avait sanctionné à hauteur de quatre amendes de 400 euros chacune, soit 1 600 euros, pour des faits survenus entre juin et juillet 2023. Deux voisins s’étaient constitués parties civiles. Ils avaient obtenu des indemnisations : 1 800 euros pour l’un, 1 000 euros pour l’autre. Mécontent de la décision, Pierre a interjeté appel. Une seule des deux victimes, le voisin, était présente à l’audience d'appel.

- Une pratique religieuse au cœur du conflit -

À la barre, Pierre a expliqué que ces nuisances étaient liées à des cérémonies religieuses d’origine tamoul, organisées trois fois par an, principalement entre fin juin et fin juillet. Tambours, clochettes, musiques, fumées, sacrifices d’animaux… Selon lui, il s’agit d’un temple familial, non associatif, installé dans sa cour. Il affirme avoir toujours invité les voisins, mais estime qu’"ils n’aiment pas notre religion".

Selon le descriptif de la cour, certaines cérémonies peuvent durer de 18h jusqu’au petit matin et faire venir de nombreux membres de la famille provoquant un coma circulatoire dans les rues avoisinantes. À cela s’ajoute une marche sur le feu s’étalant sur 18 jours en juillet, 17 jours de prière à raison de quatre heures par jour jusqu'à la fameuse marche. Le voisin présent à l’audience évoque, lui, une situation devenue invivable : « Je suis à 100 mètres, je ne dors plus, je tombe malade, je n'arrive plus à me concentrer au travail". L'homme déplore également que son voisin "bruyant" ne soit jamais venu lui parler. 

- Un apaisement récent, selon la défense -

Pierre rappelle qu’à l’époque de l’installation du temple, « il n’y avait personne ». Il souligne que la zone était auparavant classée inconstructible car inondable. Depuis, 23 logements ont été construits à proximité. Entre-temps, d’autres lieux de culte seraient apparus dans la rue, ainsi qu’un batay coq « actif tous les soirs jusqu’à une heure du matin ».

Selon l’avocat de Pierre, depuis la condamnation de première instance, « les choses se sont calmées », le prévenu ayant modifié ses pratiques. Il demande donc la confirmation du jugement, sans alourdissement, tout en soulignant la bonne volonté de son client.

- Une plaidoirie offensive en défense de la foi -

La représentante du parquet général rappelle que les troubles sont avérés : certificats médicaux, mains courantes, plaintes. « Il n’est pas question d’interdire une religion, mais les nuisances sont réelles, répétées et ont un impact sur la santé. » Elle invite la cour à confirmer la décision de première instance.

La bâtonnière, Me Léopoldine Sétama plaide alors la liberté religieuse et la ferveur. « Ce n’est pas un malbar de La Réunion, c’est un créole qui pratique une foi hindoue. On fait ici le procès de l’hindouisme. » Elle remet en question l’absence de mesures sonores et estime que la preuve du trouble n’est pas suffisamment établie. Elle évoque les pétards à Noël, les traditions chinoises, l’ouverture de la Réunion, le vivre ensemble et ose tout pour obtenir la relaxe de son client, jusqu'à menacer la juridiction de "violation de la liberté religieuse". 

La cour rendra sa décision le 4 septembre 2025.

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com 

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3 Commentaires
Safoura
Safoura
1 mois

Nou viv ek tambour, et tout ‘ religions. Ici c la Reyon . Laiss doumoun viv . Malbar , nou le ek ou tiembo

Kris
Kris
2 mois

En espérant que la condamnation sera exemplaire et fera jurisprudence. Il faut arrêter avec les tambours à n'importe quelle heure de la journée ou de la nuit, comme par exemple à 05h30 un dimanches matin, c'est inadmissible. Ils se croient tout permis sous prétexte de la pratique de leur foi religieuse.

Volcan
Volcan
2 mois

C'est n'importe quoi Léopoldine...