[PHOTOS] Les expulsions continuent à Mayotte

Saint-Denis : une marche contre l'opération Wuambushu

  • Publié le 10 juin 2023 à 02:59
  • Actualisé le 10 juin 2023 à 11:58

Une marche est organisée ce samedi 10 juin 2023 à Saint-Denis pour manifester contre l'opération Wuambushu mise en place à Mayotte. L'objectif est de procéder à l'expulsion des étrangers en situation irrégulière et de démolir des bidonvilles. Quelques dizaines de personnes ont répondu à l'appel du collectif "Stop Wuambushu" pour défiler entre l'ancienne mairie de Saint-Denis et la préfecture (Photo sly/www.imazpress.com)

  • Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin interpellé

    "Monsieur le ministre de l'Intérieur, l'opération Wuambushu est un crime, un crime contre l'humanité" a lancé Mohamed Bashrahil lors de son discours.

    "Premièrement Wuambushu viole les droits fondamentaux des personnes avec la destruction des habitations sans proposition de relogement en les laissant à la rue. Deuxièmement, les reconduites à la frontière sont illégales car ce sont des décisions prises à l'aveugle sans prendre en considératiion la situation des personnes et leurs attaches familiales, la durée de leur présence à Mayotte et leur vulnérabilité" a-t-il développé.

  • Un hommage à Abdallah Abdou Madi

    Au début de son discours, Mohamed Bashrahil, professeur et président de Alliance pour la démocratie et le progrès a demandé une minute de silence pour Abdallah Abdou Madi mort le 22 mai à Mayotte.

    "Je voudrais commencer mon intervention par des condoléances à tous ceux qui sont éprouvés par la mort d'Abdallah Abdou Madi, ouvrier du BTP, obligé par son entreprise de détruire la maison où il vivait avec sa femme et ses enfants au Talus 2. Il est mort de remords et de désespoir. Je vous demande une minute de silence" a-t-il exprimé face aux manifestants.

     

     

  • Une quarantaine de personnes mobilisées

    Les manifestants sont 45 au plus ce samedi matin à Saint-Denis. Lors de la dernière mobilisation avant le début de l'opération, ils étaient une soixantaine à se réunir sur la place des droits de l'Homme.

    À lire aussi : Saint-Denis : rassemblement contre l'opération "Wuambushu" à Mayotte

  • La marche est lancée en direction du Barachois

    La marche a débuté peu après 10h à l' ancienne mairie de Saint Denis. Les manifestants se dirigent vers le Barachois et la préfecture.

  • Bonjour à toutes et à tous

    Merci de nous suivre pour ce direct à Saint-Denis à l'occasion d'une nouvelle marche organisée contre l'opération Wuambushu à Mayotte.

     

À propos

"De fait, l'opération Wuambushu, loin d'améliorer la situation désastreuse de l'île, contribue à créer un climat de guerre civile, imputant tous les maux dont souffre Mayotte aux soit-disant « étrangers ». Au travers de cette opération, Darmanin avec l'aval de Macron, tente de légitimer sa stature d'homme d'état en expérimentant à Mayotte les dispositions d'exception et de chasse aux migrants du projet de loi sécurité et immigration" dénonce le collectif.

Quatre escadrons de gendarmes mobiles, des policiers de la CRS-8, plus de 500 membres des forces de l'ordre - en plus de ceux déjà présents sur place. Tous déployés à Mayotte avec comme objectifs, de rétablir le pays dans l'île sœur, tout en mettant en œuvre les opérations de décasages des bidonvilles.

"Cette compagnie s'est particulièrement « distinguée » contre des manifestants opposés à la réforme des retraites, par sa brutalité et ses violences. A Mayotte, elle s'est fait rapidement connaître par l'usage d'armes à feu (au sol?) contre des groupes de jeunes" assure d'ailleurs le collectif.

- Une opération au succès discutable -

Et si Gérald Darmanin misait sur le décasage de plusieurs bidonvilles, pour l'heure, seul celui de Talus 2 dans le quartier de Majicavo – qui a d'ailleurs essuyé de nombreux référés au tribunal – a été détruit le 22 mai dernier.

Le 25 avril, l'évacuation de ce bidonville, situé à Koungou, a été suspendue, la justice constatant "l'existence d'une voie de fait", tenant aux conditions d'expulsion jugées "irrégulières" par les personnes s'opposant au délogement.

Mais le 13 mai, le tribunal administratif de Mayotte a annoncé la levée de la suspension de la démolition du bidonville Talus 2. Une décision confirmée par la Cour d'appel.

Le 22 mai, au petit matin, les pelleteuses sont entrées en action pour démolir les cases en tôle insalubres de Talus 2. En tout, "162 taudis ont été démolis", avait annoncé le préfet Thierry Suquet. 40 familles ont été relogées.

Cependant, l'État prévoit toujours de détruire à Mayotte dans les prochains mois, "1.000 cases identifiées" comme étant des logements insalubres, a indiqué le préfet.

Dans ce contexte, les associations réclament le "respect des droits humains". "La violence produite sur place n'est pas acceptable, on sait qu'il y eu usage d'arme à feu et des violations du droit international" dénonce Didier Bourse, membre d'Attac Réunion. "Les recommandations de l'ONU sont claires, il faut reconsidérer l'archipel des Comores, mais la France fait barrage. Il faut rappeler que la France a été plusieurs fois sur le banc des accusés, ce qui est ironique quand on se prétend pays des Droits de l'Homme."

 "La situation est très compliquée, les problèmes sont réels, la population a de grandes difficultés mais elles relèvent essentiellement des carences de l'Etat français. Il y a un renversement de responsabilité, on montre du doigt les Comores alors que la responsabilité retombe sur la France" conclut-il.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

 

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