A l'appel du collectif" Stop Wuambushu", un rassemblement s'est tenu ce dimanche 16 avril 2023 sur la place des droits de l’Homme à Saint-Denis. Il s'agit de protester contre l’opération d’expulsion massive de ressortissants comoriens en situation irrégulière à Mayotte qui sera lancée dans les prochains jours . Intitulée "Wuambushu" cette opération aura "des conséquences humanitaires dramatiques" estime le collectif (Photo ks/www.imazpress.com)
L'association État de droit pour les Comores, le Mouvement Réunionnais pour la paix ou encore Gilbert Annette, conseiller régional PS, et Philippe Poutou (Nouveau partie anticapitaliste) en séjour à La Réunion, ont participé à ce mouvement de protestation contre Wuambushu.
Préparé depuis plusieurs semaines par Gérald Darmanin, minisre de l'Intérieur et des outre-mer, Wuambushu vise à expulser plusieurs milliers de personnes en situation irrégulièrevers les Comores dans les deux mois à venir.
Fatima Mze Saïd, membre de l'association État de droits des Comores est présenteb à Champ Fleuri ce dimanche 16 avril pour demander "l'annulation de cette opération inhumaine" qui va "mettre des enfants à la rue".
Sur place, plusieurs partis politiques affirment leur soutien à ce mouvement de contestation.
Le représentant de la France Insoumise à La Réunion s'est exprimé à l'occasion de prises de parole. "Des militaires vont être envoyer face à des femmes et enfants dans leur propre maison. Aucun de nous ne tolérerait ça en métropole alors pourquoi laisser faire ailleurs" a-t-il lancé. Le Parti communiste réunionnais a également affirmé sa solidarité.
Les politiques Gilbert Annette et Philippe Poutou étaient présents au rassemblement. Le président du Nouveau Parti anticapitaliste en séjour "militant" à La Réunion a jugé cette opération "inacceptable".
Pour l'ancien maire de Saint-Denis et conseiller régional du Parti Socialiste, les Comores ont été "appauvris" par la colonisation et les gens sont contraints de fuir leur pays. Lors de son discours, il a souhaité "dénoncer" le gouvernement en place. "Cette opération est un véritable crime et nous devons éclairer la conscience de tous les citoyens. Je pense à tous ceux qui ont eu le courage d’émigrer poussés par l'échec de la colonisation française. Nous nous devons d’être solidaire. On ne quitte pas son pays et sa famille par plaisir" a-t-il exprimé.
Gilbert Annette a également qualifié cette opération de "clin d’œil" de la part de Gérald Darmanin à "Marine le Pen et ses électeurs de Mayotte et de France ". D'autres solutions peuvent être envisagées selon lui pour régler les problématiques présentes à Mayotte. "Le problème est complexe mais il ne s’agit pas de faire une guerre Comores/Mayotte il faut se rassembler autour de la table, trouver des solutions et éviter la brutalité" a-t-il développé.
Dans les prochains jours, politiques et associations uniront leurs forces pour créer un groupe d’action pour monter des opérations communes de lutte contre l'opération et rencontrer le préfet de La Réunion.
Associations des droits humains, magistrats, soignants…Nombreux sont ceux qui s’inquiètent des répercussions – et de la finalité – de cette opération voulue par le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer.
Dans une tribune libre, une centaine de soignants locaux ont notamment alerté les autorités sur les risques sanitaires que l’opération pourrait engendrer. La section régionale du Syndicat de la magistrature a elle dénoncé "un amalgame entre immigration et délinquance ainsi que l’instrumentalisation dont fait l’objet l’institution judiciaire qui se retrouve mise au service d’une politique pénale décidée par le ministère de l’Intérieur".
- Pas que des opposants -
Pour autant, elle ne compte pas que des opposants. Certains collectifs et politiciens locaux soutiennent pleinement la démarche, qui prévoit l’arrivée de 500 membres des forces de l’ordre.
Le député LR Mansour Kamardine notamment s’est exprimé en faveur de l’opération. "Vivement le temps de l’action pour que nous retrouvions un peu de sérénité à Mayotte" a-t-il en effet réagi sur Twitter.
Lire aussi : Mayotte : Wuambushu, l’opération de tous les dangers
Les collectifs ont aussi montré leur soutien dans un courrier adressé à Gérald Darmanin, fustigeant au passage certaines organisations ayant dénoncé cette opération. Le Collectif des citoyens de Mayotte, le Collectif RéMa et les Femmes Leaders ont tenu à rappeler leur "soutien massif pour (mener) à bien cette opération". Ils ont renouvelé leur demande de "la fermeture des frontières par la mise en place d’un bâtiment de la marine nationale pour empêcher toute tentative d’immigration clandestine à Mayotte".
"Un certain nombre d’associations droit-de-l’hommistes (…) sont de plus en plus honteusement à l’œuvre pour tenter de faire stopper cette opération salvatrice pour Mayotte sous des prétextes fallacieux qui cachent à peine leurs motivations politiques" ont écrit les collectifs.
- Des centaines de membres des forces de l'ordre supplémentaires -
Dans le cadre de cette opération d'expulsion massive, plusieurs centaines de policiers et de gendarmes supplémentaires sont attendues à Mayotte.
Les renforts arriveront de Métropole mais également de La Réunion. Et si au début, l’appel à mission n’a pas vraiment trouvé écho à La Réunion, aujourd’hui, c’est tout le contraire : il a désormais plus de candidats que de postes à pourvoir.
La mission de renfort se déroulera en plusieurs phases. Premièrement, le délogement et la déconstruction systématique des habitations illégales. Une opération facilitée par l’article 217 de la loi Elan 2018, permettant d’ordonner la destruction immédiate des habitations sans attendre l’approbation d’un juge.
Seconde phase : l’arrestation et le placement en centre de rétention administratif (CRA) des personnes en situation irrégulière. Pour se faire, les forces de l’ordre souhaitent appeler les étrangers en situation régulière habitant elles aussi dans ces habitations illégales à se manifester avant le lancement des opérations.
- 20.000 expulsions tous les ans -
Chaque année, environ 20.000 personnes en situation irrégulière sont expulsées de Mayotte, d’après les derniers chiffres de la préfecture. D’après son dernier bilan, les équipes de la police aux frontières ont reconduit depuis le début de l'année 6507 personnes, "soit une augmentation de 30% par rapport à la même période de 2022" écrit France Mayotte Matin. 100.000 personnes ne seraient pas en règle sur le territoire.
Selon les chiffres de la préfecture de Mayotte, entre le "1er janvier au 31 mars 2023, 173 kwassas ont été interceptés transportant au total 2.255 personnes interpellées". Au cours de la même période 123 passeurs ont été présentés à la Justice. 83 d'entre-eux ont étré condamné à de la prison ferme.
#LICMayotte | Du 1er janvier au 31 mars 2023, 173 kwassas ont été interceptés transportant au total 2255 personnes interpellées.
— Préfet de Mayotte (@Prefet976) April 11, 2023
????Retrouvez le bilan de la lutte contre l'immigration clandestine du 1er trimestre 2023 pour plus d'informations : https://t.co/X7UlfOtghn pic.twitter.com/Hoseic9gEd
En 2017, environ 48% de la population était de nationalité étrangère, d’après l’Insee, et 42 % des habitants n’y étaient pas nés. Entre 5 et 8 000 mineurs isolés sont présents sur le territoire.
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J aime pas Darmanin mais cette fois j approuve ce qu il va faire à mayotte
Que les comoriens viennent viennent construire leur case en pole à la réunion