Interpellé le 25 mai 2025 à l’aéroport de Roland-Garros avec près de 1,2 kilo de drogue dissimulée sous ses parties intimes, Nathanaël B., 31 ans, a été jugé ce mercredi 23 juillet par le tribunal correctionnel de Saint-Denis. Le trentenaire a écopé de quatre ans de prison dont un an avec sursis probatoire. Les magistrats n’ont pas cru une seule seconde à sa version des faits (Photo RB/www.imazpress.com).
Le 25 mai dernier, à 9h15, Nathanaël B. descend d’un vol en provenance de Paris-Orly. Les douaniers sont présents à l’aéroport. Un chien spécialisé dans la détection de stupéfiants marque à son passage. Rien d’illégal dans son sac de sport, mais la fouille est prolongée. 495 grammes de cocaïne et 623 grammes de cathinone sont finalement découverts, soigneusement emballés et dissimulés sous ses parties génitales.
Lors de sa première audition, le prévenu explique être parti dans l'Hexagone une semaine plus tôt pour rendre visite à son fils de cinq ans, qui vit avec sa mère. Mais selon lui, c’est au moment d’embarquer pour le retour que des individus inconnus l’auraient abordé pour lui remettre un paquet contre la promesse de 10.000 euros. Une version que les enquêteurs peinent à croire, et que le tribunal balaie : "Qui confierait pour 500 000 euros de marchandise à un inconnu ?", s’interroge le président Stéphane Duchemin.
- Un voyage soi-disant improvisé… et une version bancale -
Interrogé sur les circonstances du voyage, Nathanaël maintient qu’il a payé son billet aller-retour avec ses propres fonds, notamment des gains au casino. Il affirme avoir agi "sur un coup de tête"… alors même que ses ressources se limitent aux aides sociales. "Il n’y a aucun mouvement sur votre compte bancaire depuis le 9 mai. Pourquoi tout payer en espèces ?" insiste la représentante de la société. "Je n’ai pas réfléchi. Maintenant, j’ai tout perdu", répond le prévenu.
Les incohérences s’accumulent. Il affirme être resté chez un ami à Paris, mais est incapable d’indiquer son nom. Son téléphone borne dans la région parisienne, ce qui est cohérent avec sa version sur la visite à son fils, mais pas sur les conditions du recrutement. À toutes les questions, Nathanaël répond avec prudence, protégeant probablement les commanditaires et les destinataires. "On sent bien que vous avez été briefé", tacle l’un des juges.
- Des réquisitions fermes, une défense sur la précarité -
Le parquet, peu convaincu par sa posture, requiert quatre ans d’emprisonnement, dont un an avec sursis probatoire, avec obligation de soins, de travail, et le paiement de l’amende douanière. "Il ne collabore pas. Il protège le réseau. Il n’y a aucune volonté d’expliquer", insiste la procureure.
De leur côté, les douaniers réclament 162 000 euros d’amende douanière. "Nous avons observé une hausse de 67 % des saisies de cocaïne par rapport à 2024, et une explosion des entrées de cathinone", précise la représentante des Douanes.
En défense, Me Ronan Madec plaide la précarité de son client, un homme au casier vierge, pris dans un engrenage. Il demande une peine aménageable et insiste sur l’intérêt d’un suivi en liberté. "Mon client a commencé un travail en détention. Il suit des soins, non pas pour une dépendance au tabac, mais bien à la cocaïne. Il veut s’en sortir."
- Des explications "peu sérieuses" -
Le tribunal suit les réquisitions. Nathanaël B. est condamné à quatre ans de prison, dont un avec sursis probatoire. Il devra aussi travailler, se soigner, et s’acquitter de l’amende douanière. La partie ferme sera purgée à la maison d’arrêt de Domenjod.
"Vos explications ne sont pas sérieuses. Le tribunal retient que vous êtes employé depuis La Réunion. On ne croit pas à un coup de tête", conclut le président Duchemin.
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