Alors que le comportement de la Brigade de répression de l'action violente motorisée (Brav-M) est de plus en plus décrié chez les manifestants contre la réforme des retraites, une pétition pour demander sa dissolution comptabilise de plus en plus de signatures. En une semaine, plus de 190.000 personnes ont signé cette pétition, publiée sur le site de l’Assemblée nationale. Mise en cause dans un enregistrement pour des propos violents, accusés de violences, les policiers de cette brigade cristallisent toute la colère des manifestants vis-à-vis des forces de l’ordre (Photo d'illustration AFP)
La pétition a été mise en ligne sur le site de l'Assemblée nationale le jeudi 23 mars. Sept jours plus tard, elle a donc recueilli plus de 175.000 signatures un records pour la plateforme de la chambre basse, lancée en 2020 sur internet pour redynamiser le droit de pétition.
Si la pétition dépasse les 500.000 signataires, issus de 30 départements au moins, elle pourrait faire l’objet d’un débat dans l’hémicycle, selon le règlement intérieur de l’Assemblée.
Et même sans atteindre le seuil de 500.000 soutiens, la présidence de l'Assemblée renvoie la pétition à une des commissions permanentes, en l'occurrence sans doute la commission des lois. Sur proposition d'un député rapporteur, la commission peut soit classer la pétition, soit l'examiner en interne.
La pétition mise en ligne considère que "la répression policière qui s’abat sur notre pays doit conduire à remettre à l’ordre du jour l’impératif démantèlement de la Brav-M"
Le texte reproche à ces Brigades de répression de l’action violente motorisées d’être devenues "l’un des symboles de la violence policière"
Créées au printemps 2019 lors du mouvement des Gilets jaunes, les Brav-M sont des unités de policiers circulant à moto pour assurer le maintien de l’ordre en manifestation, en étant plus mobiles que les compagnies de CRS ou les gendarmes mobiles.
Depuis leur création les Brav-M sont souvent mises en cause et décriées pour leurs méthodes d’intervention musclées et sont sous le coup de plusieurs enquêtes judiciaires pour des violences sur des manifestants
- "Congés forcés" mais encore aucune sanction -
D'où la pétition et une colère qui risque d’encore s’aggraver, alors que le gouvernement s’obstine à détourner le regard en matière de violences policières. Depuis le début des manifestations, seulement 17 procédures ont été lancées du côté de la police, et aucune du côté de la gendarmerie.
Les policiers mis en cause dans un enregistrement publié par Loopsider, où on les entend notamment dire à un manifestant "la prochaine fois qu’on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu’on appelle ambulance pour aller à l’hôpital", sont en "congés forcés". Aucune sanction n’a encore été prise, alors qu’ils ont vraisemblablement été identifiés.
La section à laquelle appartiennent ces policiers devait d’ailleurs être absente du cortège. Comme le souligne le média Streetpress, le préfet de Paris Laurent Nunez « promet que la section ne sera pas engagée dans le dispositif de maintien de l’ordre mis en place pour encadrer la manifestation du 28 mars. Sur France 5, le ministre de l’Intérieur en remet une couche : "ils ne seront pas sur le terrain ». Et pourtant, elle était bien présente ce mardi dans le cortège parisien, d’après plusieurs médias présents sur place.
Ministres comme préfets refusent encore et toujours de dénoncer les dérives de leurs troupes, les légitimant donc au passage. Car si aucune sanction n’est prononcée, pourquoi s’embêter à respecter la loi ? Que ce soit en matière de violences, du droit à filmer, du port du référentiel des identités et de l'organisation (RIO) qui permet de les identifier…Rien ne semble jamais vraiment condamné.
Au-delà de cette brigade, héritière des « voltigeurs » des années 80 qui avaient tué l’étudiant Malik Oussekine avant d’être démantelés, c’est le comportement de toutes les sections des forces de l’ordre qui prête aujourd’hui à confusion.
Ce week-end, à Sainte-Soline, des centaines de personnes ont été blessées – du côté des forces de l’ordre comme des manifestants – et deux personnes sont toujours entre la vie et la mort. Si on peut condamner les agissements des manifestants, il n'en reste pas moins que les forces de l'ordre sont censées être formées au maintien de l'ordre - d'autant plus lorsqu'on est armé.
Plutôt que d’appeler à l’apaisement, le ministre de l’Intérieur a préféré mentir. Affirmant par exemple qu’aucune arme de guerre n’a été utilisée (les grenades "GM2L" utilisées en grand nombre sont classées comme arme de guerre), qu’aucun gendarme n’a tiré au lanceur de balles de défense (LBD) sur les manifestants (une vidéo atteste le contraire), ou encore que les secours n’ont pas été empêchés de venir en aide aux blessés (un enregistrement audio prouve le contraire).
Gérald Darmanin demande ce qu’il s’est passé pour que "la gauche déteste la police". Le ministre ne semble pas réaliser que ce que certains haïssent, ce sont les mensonges, les passe-droits, et l’absence de toute conséquence pour les éléments violents. Tout simplement.
Le ministre de l'Intérieur pourra peut-être (ou pas) en prendre conscience lorsqu'il sera auditionné à l'Assemblée nationale sur la "gestion du maintien de l'ordre". Cette audition aura lieu dans les jours qui viennent, a indiqué mardi à l'AFP le président de la commission des Lois Sacha Houlié.
Après l'audition , la commission des Lois "étudiera dans un second temps la recevabilité de la pétition sur la dissolution de la BRAV-M dans les prochaines semaines", a indiqué Sacha Houlié.
En attendant, la pétition réclamant la dissolution de la Brav-M continue d’accumuler les signatures. Sauf à supposer qu'il y a 190.000 black block et autres casseurs en France, on ne peut ignorer l'ampleur de ce chiffre.
D'autant qu'il semble très probable que le chiffre des 500.000 signataires soit atteint. Emmanuel Macron et le gouvernement avec lui en tiendront-ils compte ? La réponse à cette question sera lourde de sens... et de conséquences...
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darmanin en prison!