Pour éviter les attaques de requin

Le surf, une pratique sous haute surveillance à La Réunion

  • Publié le 12 novembre 2022 à 10:00
  • Actualisé le 13 septembre 2024 à 20:16

Depuis le 9 novembre et jusqu'au 13 novembre 2022, a lieu l’Open Surf Red by SFR sur le spot de Saint-Leu. 17 ans après la dernière compétition, les surfeurs péi peuvent enfin affronter les vagues. L’occasion également de montrer à la WSL que La Réunion a toute sa place dans les compétitions internationales. Mais pour que la centaine de surfeurs puisse pratiquer en tout sécurité, tout un dispositif est mis en place. En effet, même si la dernière attaque de requin date d’il y a trois ans, la crise n’est pas encore finie. (Photo rb/www.imazpress.com)

La water-patrol mise en place depuis 2020, est une brigade composée de 14 personnes. Un dispositif validé par l’État et testé depuis 18 mois.

Tous et toutes sont des surfeurs aguerris, qui connaissent très bien le milieu de la mer. Au cœur de la water-patrol, des surfeurs, deux jet-skis et des navires de sécurité équipés en cas d’urgence.

Chaque matin, afin d’être certain de la sécurité, la water-patrol patrouille. À bord de son bateau, elle « met à l’eau un appareil qui permet de voir sous l’eau la distance de visibilité », explique Alain Courtois, directeur de la water-patrol.

À chaque session de surf dans l’eau, dans la Zonex EPI, les surfeurs doivent impérativement s’enregistrer auprès de la water-patrol. Ces Zonex se trouvent sur le spot de la Gauche et Saint-Leu et les spots de la Tortue, le Cimetière, la Pointe des Châteaux et la Passe du port. Chacune de ces cinq zones est délimitée par des points GPS.

Chaque surfeur devra également être équipé d’un EPI (équipement de protection individuel) disposé sous leur planche. Un boitier intégré aux planches qui émet des ondes visant à repousser les requins. Il est obligatoire depuis 2021 pour aller à l’eau.

Lire aussi - Open Surf à Saint-Leu : La Réunion reprend du service sur les vagues

- Vigies-requins, un dispositif pour surfer en toute sécurité -

Autre dispositif différent mais tout aussi complémentaire, les vigies requins. Depuis 2013, ce dispositif est mis en place afin de sécuriser la pratique du surf. Ces vigies-requins sont déployées sur des spots allant de la commune de Saint-Paul à celle de Trois-Bassins.

Des plongeurs sont à l’eau en permanence et en binôme par créneau d’une heure trente maximum. Tous, sont équipés de palmes, masques, tuba, combinaisons sombres, gants, sifflet et couteau. « Les apnéistes sont également équipées de débordoirs (bâtons de marche), d’un couteau d’un garrot et de caméras sur leur masque au cas où ils verraient quelque chose », indique Norbert Cenesca, vigie-requin.

Une arbalète est également accrochée sur les bouées qui délimitent la zone en cas de présence de requins.

« Sur ce dispositif il y a également deux bateaux sur zone pour surveiller les vigies et un retour d’une caméra sous l’eau », explique le vigie-requin. Les deux navires étant équipés « d’un sac d’oxygénothérapie, de matériel de secours, de bouteilles d’oxygène et de garrots ».

Chaque matin, les équipes partent sur zone, « une au sud et une au nord ». « On fait des tests de visibilité sur l’eau et après en fonction on fait un retour par message et on décide le meilleur spot à prendre », indique Nobert.

Il s’agit de mettre en place un protocole d’observation des spots de surf afin de détecter une présence de requin et alerte les pratiquants.

Mais attention, ce dispositif n’est pas mis en place tous les jours, seulement du mercredi au dimanche.

Depuis la mise en place du dispositif, des interactions avec des requins ont déjà eu lieu, « mais toujours de petits squales ».

Des filets anti-requins sont aussi en place, depuis 2015 à Boucan Canot et 2016 aux Roches Noires. Mais ces derniers ne représentent pas une garantie totale. Ils doivent régulièrement être retirés lors des épisodes de houle.

Des drum-lines sont aussi présentes dans le secteur pour appâter les requins, et donc les éloigner des usagers de la mer.

- Des systèmes différents mais complémentaires -

Pour les surfeurs péi, si la passion d’aller à l’eau est très forte, la sécurité reste de mise. « À Saint-Leu on a de nouveau un risque acceptable pour une compétition avec de la surveillance », souligne Johanne Defay auprès de la fédération française de surf. « Sur le tour pro, on surfe dans des endroits où il y a des requins. Je pense notamment à J-Bay (Afrique du Sud) », dit-elle.

La surfeuse dispose d’ailleurs de tout l’équipement adéquate pour surfer en toute sécurité. « Je surfe à Saint-Leu lorsque le spot est sécurité, j’ai des EPI. »

Pour Maxime Huscenot, surfeur professionnel, « les systèmes de water-patrol et de vigies requins fonctionnent bien. Mais il faut encore continuer à développer d’autres structures ou les aider à pouvoir grandir ».

Se sentir en sécurité dans l’eau, c’est là tout l’enjeu de ces dispositifs anti-requins. La Réunion peut redevenir une grande place du surf international, c’est tout à fait possible. Des efforts sont faits, tout est mis en place pour la sécurité. Alors la WSL, à quand le retour des compétitions pro ?

- Plus de dix années de crise requin –

En l’espace de 10 ans, et depuis 2005, année de la dernière compétition pro à La Réunion, notre île a été frappée par une recrudescence d’attaques de requin.

En 2011, une série de 5 attaques dont 2 mortelles sur les stations balnéaires de Boucan Canot et Roches-Noires pousse la Mairie de St Paul à interdire la pratique du surf par arrêté dans cette zone.

Entre 2011 et 2019, 25 attaques de requins ont été recensées à La Réunion. Onze personnes sont décédées, majoritairement des surfeurs. Le plus jeune, Elio, avait 13 ans et faisait partie du pôle espoir de surf.

Depuis 2019, année de l'attaque qui a coûté la vie à Kim Mahbouli, aucun autre incident n'a été signalé. Toutefois, la baignade et les activités nautiques restent strictement réglementées.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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