Lors de son déplacement en Polynésie, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, semble avoir découvert l’existence de monopoles économiques dans les Outre-mer en annonçant le lancement d’une mission gouvernementale visant à les "identifier" et à lutter contre ces sources de "prix très élevés".
Mieux vaut tard que jamais !
Le sénateur de la Guadeloupe, Victorin Lurel, ne peut que saluer cette soudaine lucidité tout en notant son caractère tardif et, pour tout dire, à rebours de toutes les politiques menées outre-mer par les gouvernements successifs depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017.
Avec la loi de régulation économique dite "Loi Lurel" votée en 2012, puis la loi égalité réelle votée en février 2017, le président de la République et ses gouvernements disposaient pourtant dès leur arrivée aux responsabilités d’un arsenal d’outils législatifs et réglementaires pour réguler les économies ultramarines, contrôler les marges et lutter contre les pratiques monopolistiques et anti
concurrentielles à l’œuvre dans ces territoires depuis des décennies.
Mais, plutôt que s’inscrire dans la continuité de cette voie résolument volontariste pour lutter enfin efficacement contre la vie chère dans les Outre-mer, le président de la République a fait le choix du laisser-faire libéral qui l’inspire depuis son élection.
Ainsi, les deux lois adoptées sous le quinquennat Hollande ont été purement et simplement enterrées. Et, les conséquences désastreuses de ce choix politique se mesurent aujourd’hui dans toutes les enquêtes qui mettent en lumière l’explosion des écarts de prix entre l’Hexagone et les Outre-mer.
Pour Victorin Lurel, plutôt que de lancer une énième mission, le Gouvernement serait mieux inspiré de reconnaître tout simplement son erreur et de gagner du temps en engageant dès à présent un travail conjoint avec le Parlement pour actualiser les dispositions des lois de régulation économique et égalité réelle.
Les propositions du rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la vie chère dans les Outre-mer rendues publiques en juillet dernier constituent d’ores et déjà une excellente base de travail. Car il ne s’agit pas seulement de lutter contre les monopoles, mais de mieux contrôler les marges pratiquées dans nos territoires et d’adapter leur régulation en fonction la conjoncture, en particulier en situation de forte inflation comme aujourd’hui.
Il n’est jamais trop tard pour mieux faire en faisant - enfin ! - preuve de courage politique.
Régulons, régulons!
N'y-a-t-il pas de meilleure régulation que celle qui consiste à réduire la dépendance des territoires insulaires en produisant soi-même ce que l'on a besoin prioritairement de consommer, et en tout premier lieu pour notre alimentation?
Plutôt que de faire semblant de gronder des entreprises qui s'offrent depuis des lustres, avec la complicité de l'État et des élus locaux, des situations de monopole et font ainsi la pluie et le beau temps au détriment des citoyens.
La pluie et le beau temps mais pas la sécheresse ou le déluge, ni la canicule ou les grands froids, encore moins les inondations et les incendies qui s'amplifient d'année en année...
Ça, c'est pas la responsabilité des monopoles, des lobbies économiques et financiers, qui se mettent les politiques dans la poche? A moins que ce soit l'inverse, histoire de se remplir les poches?