Identifié comme homme politique écologiste, j’ai également servi pendant 18 ans comme policier municipal à Saint-Pierre, avec autorisation de port d’arme. Cette double expérience me pousse aujourd’hui à exprimer, avec la plus grande fermeté, mon désaccord face aux propos dogmatiques récemment tenus par Mathilde Panot (La France Insoumise), favorables au désarmement des polices municipales et au démantèlement de la vidéoprotection dans nos communes.
Ces propositions, déconnectées de la réalité quotidienne des habitants et des policiers municipaux, relèvent d’un véritable déni sécuritaire dans les quartiers et d’une méconnaissance préoccupante des enjeux spécifiques à chaque commune.
Durant ces 18 années de service, dont plusieurs comme représentant syndical, j’ai porté une arme de service et défendu l’armement du plus grand nombre de polices municipales à La Réunion. Nous, policiers municipaux, savons qu’être armé n’a rien d’anodin : c’est une responsabilité immense sur les plans moral, légal et humain. On ne dégaine pas comme des cowboys ; nous sommes formés, encadrés et soumis à des règles souvent plus strictes que celles applicables aux policiers nationaux ou aux gendarmes. Nous savons que l’usage de l’arme n’intervient qu’en ultime recours.
La vidéoprotection ne remplace pas l’humain ; elle le complète. Ces caméras sont aujourd’hui indispensables pour dissuader, prévenir et élucider les délits, tout en rassurant la population. Refuser cet outil précieux revient à adopter une posture idéologique simpliste.
Même au sein de la famille écologiste, de nombreux maires ont évolué sous la pression des réalités de terrain et des attentes citoyennes. C’est le cas de Pierre Hurmic, à Bordeaux, d’abord réticent, qui a équipé une brigade et porté son parc à plus de 250 caméras, de Grégory Doucet, à Lyon, qui a autorisé l’installation de 60 caméras supplémentaires pour couvrir les "zones blanches", ou encore d’Alain Garnier à Artigues-près-Bordeaux, qui a officiellement demandé l’armement de sa police municipale face à la hausse de la délinquance.
Ces exemples prouvent qu’on peut être écologiste tout en assumant le devoir de protéger et de veiller au bien-être de nos concitoyens. L’écologie politique ne doit jamais se couper du réel ni s’enfermer dans des positions dogmatiques.
L’initiative d’armer, ou non, la police municipale et d’installer la vidéoprotection relève exclusivement du maire et de son conseil municipal. Elle doit tenir compte des réalités et des spécificités de chaque territoire. Pour Saint-Pierre Plus Verte, aucune ambiguïté ne doit subsister : les Saint-Pierrois méritent une réponse claire. Nous resterons inébranlables : jamais nous ne transigerons sur la sécurité des habitants ni sur celle des policiers chargés de nous protéger. La Première police municipale de La Réunion en effectifs, la police municipale de Saint-Pierre est armée et doit le rester. Le réseau de vidéoprotection devra, lui, être renforcé.
Mais, aujourd’hui, nous constatons que cette posture visant à désarmer la police municipale et à supprimer la vidéoprotection est clairement assumée, relayée et défendue par le groupe local de La France Insoumise à Saint-Pierre dénommée "Saint-Pierre Insoumise", qui dans une publication sur ma page Facebook publique déclare que : "La police municipale n’a pas besoin d’arme ni de vidéo surveillance […]. Il faut se donner comme objectif à moyen et long terme le désarmement au bénéfice de la proximité."
Nous sommes profondément préoccupés par ces déclarations reprises localement, d’autant plus que "Saint-Pierre Insoumise" soutient officiellement et activement la candidature d’Emeline K/Bidi aux élections municipales de 2026 à Saint-Pierre. Il est donc légitime de questionner la convergence idéologique entre ces prises de position de la LFI et celle de cette candidate :
Emeline K/BIDI est-elle favorable au désarmement de notre police municipale à Saint-Pierre ? Est-elle favorable au démantèlement des caméras qui contribuent aujourd’hui à la sécurité de notre centre ville ?
Il ne doit y avoir aucune ambiguïté sur ce sujet, et il est urgent qu’elle apporte aux Saint-Pierrois une réponse claire car il touche directement à leur sécurité ainsi qu’aux fonctions quotidiennes des policiers municipaux de notre commune.
Nous conclurons en précisant que, bien entendu, l’armement et la vidéoprotection ne peuvent être les seules réponses dissuasives face à une délinquance de plus en plus violente et armée ; elles doivent s’accompagner de dispositifs de prévention et de sensibilisation à travers l’éducation et les activités périscolaires, sportives et artistiques, visant à éloigner nos marmailles des rues et à prévenir leur enrôlement dans les systèmes de bandes.
Protéger et prévenir ne sont pas incompatibles avec l’écologie ; être écologiste, c’est veiller au bien-être de chacun, ce qui inclut évidemment la sécurité et la tranquillité des Saint-Pierroises et des Saint-Pierrois.
Emmanuel Doulouma
Leader de Saint-Pierre Plus Verte
Opposition citoyenne de Saint-Pierre
Bien vu Emmanuel, nous devons évoluer avec notre temps. Certes, les Écologistes ont une approche de la sécurité publique fondée sur la prévention et la non-violence, cependant, nous ne pouvons vivre dans le déni. La violence est bien présente dans nos cités, et elle a pour cible privilégiée les plus vulnérables. Nous le voyons tout autour de nous, les moyens manquent pour parvenir à une société qui peut protéger et répondre à ses obligations en termes d'éducation, de justice sociale, de médiation, de santé publique et d’inclusion. Bien évidemment, pour viser la tranquillité dans une ville, la technologie (vidéo-surveillance, drones) ne suffit pas, mais elle a tout de même le double effet de dissuader et de rassurer, exceptionnellement aussi d'apporter des éléments de preuve pour la justice. Il en est de même pour l'armement de la police municipale. Il s'agit d'abord d'afficher les limites en termes de droits et de devoirs de chacun.e ; en somme de rappeler la loi. Nous le savons, les sapeurs pompiers et même les professionnels de santé sont parfois victimes d'agressions lors de leurs interventions sur site. Aux phénomènes d'alcoolisation massive que nous connaissons s'ajoute désormais l'effet majoré des autres drogues. Ce cocktail est en grande partie responsable de drames humains qui se produisent sur la voie publique, dans l'espace de l'intime, sur nos routes, etc. Bien évidemment, le tout-répressif n'est pas une solution, encore moins un objectif. Cependant, pour viser la désescalade, il faut d'abord avoir une bonne représentation de la réalité (tous les indicateurs sont au rouge dans notre environnement social, on ne peut pas l'ignorer), aussi mettre en place des moyens adaptés et une vraie stratégie pour retrouver le lien social, cet art du vivre ensemble que nous recherchons dans nos villes.