On parle moins du VIH. Pourtant, il continue de faire des ravages. Dans le monde, près de 40 millions de personnes vivent encore avec le virus. Les traitements existent, efficaces, permettant une vie normale. Mais chaque année, des milliers de vies sont brisées inutilement. Comment accepter qu’une infection évitable et traitable continue de dévaster nos communautés ? Une urgence dans nos îles ! (Photo d'illustration sly/www.imazpress.com)
L’Océan Indien n’est pas épargné. Les îles sont interconnectées, et les virus ne connaissent pas de frontières. Ignorer cette réalité serait irresponsable.
- Aux Seychelles -
Près de 10 % de la population consomme des drogues injectables : l’une des prévalences les plus élevées au monde.
L’engagement politique s’effondre :
- Prévention en recul depuis 5 ans ;
- Absence de services psychosociaux pour les populations clés ;
- Dispensation des ARV encore centralisé au niveau du Ministère ;
- Dépendance massive aux drogues injectables, sans centre de réhabilitation.
Aux Seychelles, on baisse la garde, mais le virus, lui, ne baisse pas les armes.
- À Maurice -
La prévalence atteint 21 % chez les usagers de drogues, 14 % chez les travailleurs et travailleuses du sexe, et 28 % chez les personnes transgenres.
Après une stabilité relative, les chiffres repartent à la hausse :
- 70,7 % des nouvelles infections concernent des hommes ; 1
- Explosion des cas chez les jeunes adultes ;
- Accès au dépistage rapide limité aux ONG ;
- Augmentation croissante des usagers d’héroïne en intra-veineuse et des nouvelles drogues de synthèse.
À Maurice, c’est la jeunesse qui paie le prix fort.
- À Rodrigues -
Le dénuement est total :
- Pas de médecin référent depuis plus d’un an ;
- Aucun accompagnement psychologique ;
- Absence de programme de réduction des risques bien que les déplacements entre Maurice et Rodrigues soient permanents.
À Rodrigues, c’est l’abandon des Personnes Vivant avec le VIH pur et simple.
- À Madagascar -
Les nouvelles infections ont augmenté de 151 % entre 2006 et 2022, faute de dépistages et de traitements accessibles. La situation est catastrophique :
- 76 000 personnes, vivent avec le VIH (estimation spectrum) ;
- En 2024, 31% des femmes enceintes n’étaient pas dépistés du VIH.
- Faible couverture des soins ;
- Discriminations massives ;
- Financements gelés : le budget VIH/TB du projet CS7 est amputé de 16 millions d’euros en 2025.
À Madagascar, l’épidémie galope, mais les moyens pour la freiner reculent.
- Aux Comores -
L’épidémie reste largement invisible, cachée par la stigmatisation, la criminalisation des relations qualifiées de « contre nature » tels les LGBT, Travailleurs et travailleuses du sexe, consommateurs de drogues :
- Manque du dépistage communautaire ;
- Dépistages tardifs ayant entrainés 4 décès depuis le début de l’année ;
- Rupture de la Charge virale et le CD4.
L’explosion est brutale :
- 37 cas connus en 2024.
- 74 nouveaux cas depuis janvier 2025 dont 4 décès.
En six mois, plus de nouveaux cas qu’en une année entière. L’épidémie est hors de contrôle.
- À la Réunion -
La situation devient alarmante : En 2024 :
- 70 nouveaux cas– un record inquiétant.
- 9 patients diagnostiqués directement au stade SIDA.
- 55 % des contaminations sont hétérosexuelles, 39 % homo/bisexuelles.
En 2025 la situation continue à se détériorer. Chaque année, le nombre de nouveaux cas augmente. La Réunion n’est plus une exception.
- À Mayotte -
L’épidémie s’installe dans le silence :
- Soins concentrés à Mamoudzou, patients laissés sans suivi par manque de mobilité et de droits administratifs.
- Manque d’actions ciblées envers les travailleurs et travailleuses du sexe en dépit d’une forte augmentation
- Déficit de dépistage communautaire
File active VIH : 624 patients, deuxième département le plus touché. À Mayotte, la vulnérabilité reste la norme.
À La Réunion et à Mayotte, les patients vieillissent avec le VIH, mais leur santé reste fragile
- Notre appel -
Nous, ONG RAVANE OCEAN INDIEN, LA VOIX DES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH DE L’OCEAN INDIEN, appelons à une mobilisation immédiate et coordonnée :
- Amplifier le dépistage communautaire ;
- Assurer un accompagnement de qualité, égalitaire et équitable pour tous les PVVIH de l’OI ;
- Garantir à tous un traitement durable ;
- Généraliser la PREP (prophylaxie pré exposition) ;
- Remettre en place des communications grand public ;
- Coordonner au niveau régional les politiques publiques et les actions associatives pour une lutte plus efficace contre le VIH ;
- Combattre la stigmatisation et la discrimination, qui restent les premiers freins à la prévention et aux soins.
- Solliciter l’engagement de nos dirigeants pour un financement durable, et une mutualisation des ressources afin d’avoir une prise en charge intégrée dans la zone
Se désintéresser des autres, faire comme si l’on ne savait pas, c’est inacceptable sur le plan humain, et dangereux pour l’avenir sanitaire de toutes nos îles.
Notre proximité est notre destin commun. Solidarité, complémentarité et coopération sont les seules réponses possibles.
AGIR AUJOURD’HUI, C’EST SAUVER DES VIES DEMAIN. LA ZONE OCEAN INDIEN N’A PAS LE LUXE D’ATTENDRE !
