Conscients de l'urgence et soucieux de défendre l'économie de l'île, les élus du territoire se mobilisent aux côtés des professionnels pour défendre la filière canne-sucre. (Photo : rb/www.ipreunion.com)
Comme annoncé, une réunion s’est tenue ce jour avec les services de l’Etat afin de leur fournir les éclairages techniques demandés. Cette réunion n’a pas été concluante, dans la mesure où, nous le comprenons bien, la réponse ne peut être que politique.
L’Etat va-t-il continuer à soutenir réellement la filière canne-sucre, c’est-à-dire lui apporter les soutiens complémentaires indispensables à sa survie ?
Cette inquiétude est partagée par l’ensemble du territoire et fait l’objet d’un courrier adressé ce jour au Président de la République, signé par les élus de La Réunion toutes tendances politiques confondues. Avec le soutien de la Présidente du Conseil Régional, du Président de la Collectivité départementale, de la quasi-totalité des parlementaires et des maires de La Réunion, l’Union Sacrée s’agrandit bien au-delà des professionnels de la filière. Avec gravité, nous demandons officiellement à rencontrer en urgence le ministre des Outre-mer lors de sa visite dans l’île dans les jours à venir, et au cours d’une séquence dédiée à l’avenir de la filière canne-sucre.
Voici l'intégralité du courrier adressé au chef de l'Etat :
Monsieur le Président,
La filière canne-sucre de la Réunion est aujourd’hui à une étape cruciale de son histoire et attend en urgence un engagement de l’Etat à la veille d’une échéance décisive pour son avenir : celle de la future convention canne sucre 2022-2027.
Le 5 novembre 2021, les professionnels de la filière canne-sucre de La Réunion ont rédigé une position commune pour alerter le Préfet de La Réunion. Une nouvelle motion d’alerte a été adressée au Ministre de l’Agriculture le 7 décembre 2021. Cette dernière, chiffre le besoin supplémentaire de soutiens publics dans la filière à 35 M€ par an.
Or, la Convention Canne actuelle, qui fixe les engagements réciproques de l’État, des planteurs et de l’industriel, arrive à échéance. Il faut en renégocier une nouvelle, pour la période 2022-2027, afin que celle-ci soit signée par tous au premier semestre 2022, pour ne
pas hypothéquer la prochaine campagne. Les planteurs et l’industriel y sont prêts, mais nous n’arrivons pas, pour le moment, à obtenir un engagement clair de l’État pour la période à venir. Or, sans position de l’État, il est impossible de maintenir les équilibres économiques actuels de cette filière. Engager la négociation de la nouvelle Convention canne sans connaitre préalablement la position de l’État sur une condition essentielle pour l’équilibre de la filière ne ferait que des perdants, et serait sans précédent dans l’histoire de notre île.
C’est donc avec gravité que l’ensemble des acteurs de la filière canne-sucre et tous les élus de La Réunion vous demandent de prendre les engagements nécessaires pour assurer la pérennité de la filière canne-sucre de La Réunion.
Monsieur le Président, vous le savez, la filière canne-sucre dont dépendent non seulement les filières rhum et énergie mais également les filières animales et les filières fruits et légumes n’est pas qu’une filière agricole parmi d’autres. Elle est la colonne vertébrale de notre agriculture ; elle est un levier de notre développement économique ; elle assure une fonction sociale indispensable ; et enfin elle constitue un secteur vital pour l’équilibre environnemental de notre territoire. Or, cette filière est aujourd’hui victime de décisions exogènes, prises à Paris ou à Bruxelles, découlant notamment de la libéralisation accrue du marché européen du sucre, sans qu’à aucun moment leurs impacts sur la situation spécifique de notre territoire n’aient été pris en considération.
Ces décisions réduisent la capacité de production des planteurs, ainsi que les débouchés commerciaux de l’industrie sucrière sur ses marchés d’exportation en Europe, et se conjuguent avec l’augmentation des coûts de production :
- Depuis 2017, les planteurs ont connu une forte augmentation de leurs charges (engrais, masse salariale, entretien des cultures, mécanisation...). Dans le même temps, leur revenu a subi les effets de l’inflation et leur résultat net en euros constants s’est fortement détérioré. Leur trésorerie est aujourd’hui exsangue. Ils ont été les victimes de facteurs exogènes : ils sont privés des molécules herbicides nécessaires à l’itinéraire technique canne à sucre alors que ces molécules sont pourtant homologuées et utilisées en Europe. Ils ont subi de plein fouet les effets du changement climatique. Ces différents facteurs handicapent structurellement leur productivité. C’est pourquoi il est indispensable de rétablir l’équilibre économique des exploitations cannières à leur niveau de 2017, et ce pour toute la période de la
prochaine convention canne.
- S’agissant des sucres bruts de canne destinés au raffinage qui représentent environ 55% des débouchés de l’industrie sucrière réunionnaise, la fin des quotas sucriers en 2017 a remis en cause leur accès au marché européen. Pour atténuer les effets de cette réforme, l’Etat a mis en place une compensation des surcoûts de production de ces sucres. Cette aide compense un handicap structurel et permanent. Sa pérennisation est nécessaire, sans être malheureusement suffisante.
- S’agissant des sucres de spécialités, emblème de notre production réunionnaise, commercialisés sur un marché de niche haut de gamme représentant moins de 1,5 % du marché européen du sucre, leurs débouchés sont mis en péril par les concessions exorbitantes accordées à des pays tiers dans le cadre des accords commerciaux conclus par l’Union Européenne. Nos productions ne peuvent pas lutter à armes égales face à celles des pays non européens dont le coût du travail est bien moindre et les normes sociales, sanitaires et environnementales beaucoup moins contraignantes. Il est indispensable d’obtenir le rétablissement de conditions de concurrence loyale soit par le rétablissement des droits de douanes de 419 €/T, soit en compensant désormais les surcoûts liés à la production de ces sucres.
Les études réalisées par les acteurs de la filière prenant en compte la réalité du terrain, à savoir l’évolution des coûts, la dégradation du marché du sucre en Europe et les projections des différents paramètres de la filière à horizon 2027 aboutissent à chiffrer le besoin de compensation nécessaire à hauteur de 35 millions d’euros par an, dont 20 millions d’euros pour soutenir les planteurs et relancer la productivité agricole et 15 millions d’euros pour permettre aux industriels de continuer à accéder au marché européen et ainsi assurer le maintien des sucreries.
C’est pourquoi, nous en appelons à votre intervention pour que l’Etat prenne rapidement les engagements indispensables pour la filière canne-sucre et le territoire réunionnais, préalable indispensable à l’ouverture de négociations constructives.
Monsieur le Président, nous comptons sur vous pour nous entendre. Nous sommes convaincus que vous êtes conscient des atouts que représente la production sucrière réunionnaise, clé de voute d’un modèle agroenvironnemental durable et innovant, pour le rayonnement de la France et de l’Europe.
Dans cette attente, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à notre très haute considération.
Toute la Réunion' Non. Personne que je connais et qui réfléchis un minimum en prenant en compte autre chose qu'un chantage à l'emploi, ne soutient la canne. Votre rhum est dégueulasse, le sucre est une drogue qui provoque ici un scandale sanitaire. a part ceux qui bénéficient des subventions, personne ne soutient la canne. Passez la main, vous faites de la peine et vous nous maintenez dans une stratégie agricole datée et médiocre. Mais vous êtes trop bete pour réfléchir honnêtement.
pour le haut de gamme et les spécialités à valeur ajoutée comme le rhum mais transformons le reste des espace canne pour l'autonomie alimentaire de la réunion !Il faut cesser de cultiver des subventions !