Le projet de loi sur la vie chère dans les Outre-mer présenté par le gouvernement contient des éléments positifs. Il acte enfin que la lutte contre les prix abusifs est un sujet politique, pas seulement technique. Mais pour les Écologistes à La Réunion, ce texte reste trop insuffisant au regard de la situation réelle vécue ici (Photo : sly/www.imazpress.com)
Des mesures utiles, mais qui ne casseront pas les cycles de tension
Oui, la transparence des marges et une meilleure régulation des pratiques commerciales sont nécessaires. Oui, les Observatoires des prix méritent d’être renforcés. Mais cela ne suffira pas à briser les cycles de colère et de souffrance qui secouent régulièrement les Outre-mer. Ce que vivent nos concitoyens ultramarins, et particulièrement les Réunionnais, n’est pas nouveau. Ce sont des années d’inégalités, de prix exorbitants, de marges abusives, d’économie sous perfusion logistique. Il ne s’agit pas simplement de "vie chère", il s’agit d’un manque de justice économique. Et cette injustice n’est pas théorique : elle se vit au quotidien.
Rappelons-le : les tensions sociales dans les Outre-mer sont cycliques, mais elles ont toutes une même racine : le sentiment d’injustice, voire d’impuissance. Depuis des années, les tensions sociales repartent dès que les prix flambent, dès que les inégalités se creusent. Ce que les Réunionnais attendent, ce n’est pas un réajustement à la marge. C’est un changement de modèle.
Une question de justice, pas seulement de consommation
La vie chère ne se résume pas à une poignée de produits au supermarché. C’est une injustice structurelle, un déséquilibre entre les revenus, les prix et les conditions de vie.
Il faut aussi parler de revenus. À La Réunion, le taux de chômage est deux fois plus élevé que dans l’Hexagone. Les salaires sont souvent inférieurs, les dépenses contraintes plus lourdes, l’accès à un logement décent ou à l’alimentation de qualité est un défi pour beaucoup. Tant que l’on ne s’attaquera pas au déséquilibre entre revenus et coût de la vie, toute politique sur les prix restera partielle.
En Hexagone, on découvre ce que nous vivons depuis longtemps
L’inflation a fait découvrir à l’Hexagone ce que cela signifie de subir les prix, de voir son quotidien dicté par le coût de la vie. Les Hexagonaux ont vu fleurir des équivalents à nos BQP par les distributeurs : bouclier anti-inflation, 500 produits anti-inflation (500 vs 175 produits BQP), etc. En Outre-mer, cela fait des décennies que nous le vivons. La différence, c’est que nous ne pouvons pas juste "attendre que ça passe". Parce que chez nous, ça ne passe pas !
Le BQP, c’est utile... mais est-ce suffisant pour vivre ?
Le Bouclier Qualité Prix (BQP) permet de contenir les prix de certains produits de première nécessité. C’est utile, voire malheureusement nécessaire dans notre cas.
Mais devons-nous nous contenter d’une liste de survie agrémentée parfois de nouveaux produits ? Une société juste ne se définit pas par ce que l’on peut à peine s’offrir, mais par ce à quoi chacun peut accéder dignement. En Hexagone lors de l’inflation, en 2023/2024 vous avez eu 5000 produits où le gouvernement a négocié les prix pour qu’ils soient bloqués ou qu’ils baissent (soit environ un quart des références vendues en grande surface). Nos 175 produits BQP ici représentent 3 % de ce qui a été mis en place en Hexagone. 3 %.
Limiter la vie à quelques produits accessibles, c’est réduire l’humanité à la survie.
Or nous voulons vivre, pas survivre.
Des pistes écologistes pour un avenir viable
Les Écologistes ne se contentent pas de dénoncer. Nous affirmons que des solutions structurelles sont possibles, si l’on a le courage politique d’agir :
Agir sur les revenus, parce que l’équation pouvoir d’achat commence par ce que les gens gagnent.
Réformer la fiscalité locale, pour qu’elle ne pénalise pas les plus modestes.
Investir dans les circuits courts et la production locale, pour rompre avec la dépendance.
Lutter contre la concentration des grandes enseignes, pour restaurer une vraie concurrence.
Mettre en œuvre des mesures immédiates pour aider les collectivités et les. citoyens, comme les cantines gratuites, les transports accessibles, l’accélération des énergies renouvelables locales.
L’économie réunionnaise peut être plus équitable, plus résiliente, plus locale – si on le décide.
Pour les Écologistes, parler d’écologie, c’est aussi parler d’économie et de justice
L’écologie, ce n’est pas une parenthèse verte dans un monde injuste. C’est une autre manière de penser l’économie : au service des gens, des territoires, de leur autonomie et de leur dignité.
Nous appelons donc le gouvernement à aller plus loin. À ne pas se contenter d’un compromis, mais à construire une politique cohérente et ambitieuse. Pour que les Réunionnais — et tous les Ultramarins — cessent enfin de payer plus cher pour vivre moins bien.
Geneviève Payet
Secrétaire Régionale
Pour Les Ecologistes
Pour le coup je suis d'accord avec les écologistes sur ce projet de loi vie chère. J'avais jamais entendu parler des 5000 produits qu'ils avaient en France alors que nous ont doit se satisfaire de quelques produits BQP.