Pour aller dans le sens des associations signataires du pacte progressiste "Fin de vie", l’ADMD et la Libre Pensée de La Réunion rappellent que les conditions juridiques de la fin de vie doivent permettre l’expression pleine et entière de la liberté de conscience, de la solidarité, de la citoyenneté et de l’émancipation.
Respecter la liberté d’une personne de choisir sa fin de vie, n’est rien de plus qu’un acte éthique.
Les deux propositions de loi précitées ont été adoptées par l’Assemblée Nationale le 27 mai 2025.
En dépit des insuffisances de ces deux textes nous ne devons pas ignorer les avancées notables par rapport à la législation actuelle, à savoir : pour les soins palliatifs un certain engagement afin de développer les moyens à mettre en place et pour la fin de vie, enfin, nos députés ont approuvé le droit à une aide à mourir, reste à voir les conditions de cette dernière.
Ces textes seront à nouveau examinés en seconde lecture par nos députés au mois de février 2026 après un passage devant le Sénat, probablement au mois de janvier 2026.
Une étape importante a été franchie mais nous souhaitons attirer l’attention de nos parlementaires sur certains points de vigilance :
- Redonner leur caractère obligatoire aux directives anticipées (qui ne sont plus prises en compte dans les propositions de loi),
- La notion de pronostic vital engagé à court ou moyen terme doit être exclue du texte. En effet, un tel diagnostic, de l’avis même des soignants, conduit à l’exclusion de toutes les maladies à évolution lente qui s’accompagnent progressivement d’altérations importantes,
- L’euthanasie ne doit pas figurer dans le texte comme une exception mais bien comme un choix au même titre que le suicide assisté ou les soins palliatifs,
- La culture palliative doit être renforcée par tous les moyens financiers nécessaires mais aussi par l’organisation d’une filière universitaire spécifique, afin de garantir un accès universel à des soins palliatifs de qualité et au plus près,
- L’aide à mourir devra être assimilée à une mort naturelle.
Nous interpellons nos parlementaires afin que soit entendue la voix d’une grande majorité de français, c’est aussi cela la démocratie.
Parmi cette grande majorité, les médecins sont 74% à souhaiter que la France légalise l’aide active à mourir pour les patients qui la demandent. L’euthanasie suscitant une adhésion plus large, 68%, contre 60% pour le suicide assisté. Ils sont 71% à considérer que l’aide active à mourir est compatible avec les soins palliatifs (sondage IFOP Avril 2025).
En effet, l’aide à mourir et les soins palliatifs ne se confondent pas mais ne s’opposent pas non plus. A ce titre, l’article L1110-5-3 du code de la santé publique est clair concernant la définition des soins palliatifs : "Le médecin met en place l’ensemble des traitements analgésiques et sédatifs pour répondre à la souffrance réfractaire du malade en phase avancée ou terminale, même s’ils peuvent avoir pour effet d’abréger la vie".
Dans un article paru dans le Monde le 18 mai 2025 deux médecins : François BLOT et Bernard KOUCHNER déclarent officiellement : "Faisons que le patient soit libre de décider sa fin de vie et non le médecin à sa place". "Il est temps que ce siècle, si économe en bonnes surprises, livre enfin une grande loi de liberté, digne du pays qui a rédigé la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Il ne s’agit pas d’une rupture anthropologique, ni d’une entrée incomplète dans une transgression, déjà largement pratiquée mais cachée sous le tapis : nous parlons de reconnaître et d’encadrer un acte jusqu’alors arbitraire et clandestin ».
Pour le respect de la démocratie, pour le respect de l’égalité (en évitant que seuls ceux qui en ont les moyens puissent recourir à une aide à l’étranger), pour le respect de la liberté et de la fraternité donc pour le respect des principes de la République, faisons en sorte que la France, au même titre que plusieurs dizaines d’autres pays dans le monde entier, puisse enfin offrir un accompagnement digne et serein en fin de vie.
L’éthique de la fin de vie c’est accompagner sereinement les personnes qui le demandent à mourir même si cela doit passer par une aide à mourir.
Pour La Libre Pensée Pour l’ADMD
Son président Sa déléguée Régionale
Gérard Reix et Jocelyne Lauret
