Depuis plusieurs mois, la gauche met en avant la "taxe Zucman" comme une solution miracle pour rétablir la justice sociale. Son principe est simple en apparence : imposer chaque année à hauteur de 2 % les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, ce qui rapporterait, selon ses promoteurs, 20 milliards d’euros. Mais derrière cette promesse séduisante, la réalité est tout autre : cette taxe, pensée à Paris, est économiquement risquée, juridiquement fragile et profondément déconnectée des réalités locales. Pour La Réunion, elle constituerait une menace directe (Photo : www.imazpress.com)
Une taxe sur des richesses qui n’existent pas encore
Contrairement à un impôt sur le revenu ou sur les bénéfices, la taxe Zucman ne frappe pas uniquement l’argent disponible. Elle vise également les plus-values latentes, c’est- à-dire la valeur théorique des entreprises ou des actifs avant même qu’ils ne soient vendus.
Prenons un exemple concret : un entrepreneur réunionnais dont l’entreprise est valorisée à 200 millions d’euros, mais qui réinvestit tous ses bénéfices et ne dégage pas de liquidités suffisantes, serait tenu de verser 4 millions d’euros par an à l’État. Cela reviendrait à le contraindre à vendre des parts de son entreprise pour payer l’impôt, au risque de fragiliser la société et de perdre le contrôle de son outil de travail.
Des conséquences dramatiques pour l’économie réunionnaise
Notre île repose sur un tissu d’entreprises familiales, de grands groupes locaux et de quelques investisseurs extérieurs. Ce sont eux qui soutiennent l’emploi, financent l’innovation, investissent dans des projets structurants et participent à l’aménagement de notre territoire.
En envoyant le signal qu’en France – et donc à La Réunion – la réussite est surtaxée, on découragera l’investissement. Les capitaux chercheront refuge ailleurs, dans des zones plus attractives. Les conséquences seraient immédiates : ralentissement des projets locaux, frein à la création d’emplois, fragilisation des entreprises réunionnaises et dépendance accrue aux subventions publiques. Pour une île déjà confrontée à un chômage massif des jeunes, ce serait un scénario catastrophique.
Une illusion budgétaire
La gauche affirme que cette taxe rapportera 20 milliards d’euros par an. C’est un chiffre trompeur. L’expérience de l’ISF a montré que l’exil fiscal et l’optimisation réduisent considérablement les recettes. Certains économistes estiment que la taxe Zucman pourrait en réalité rapporter trois ou quatre fois moins. Et encore, sans compter le coût administratif : évaluation annuelle de patrimoines complexes, multiplication des contentieux, gestion d’actifs internationaux. On se retrouverait avec une « usine à gaz » fiscale qui coûterait presque autant qu’elle ne rapporte.
L’idéologie avant la réalité
Pourquoi alors défendre cette taxe ? Parce qu’elle sert avant tout d’outil politique et symbolique. La gauche, fidèle à son vieux logiciel, cherche à désigner un ennemi commode : « les riches ». En agitant cet épouvantail, elle flatte les ressentiments et détourne l’attention des véritables priorités : relancer l’emploi, soutenir l’investissement productif, renforcer l’éducation et accompagner la transition écologique.
En somme, la taxe Zucman est moins une politique fiscale qu’un slogan électoral. Elle privilégie l’idéologie à la réalité, la communication au pragmatisme.
Quelles alternatives pour plus de justice fiscale ?
Refuser la taxe Zucman ne signifie pas refuser la justice fiscale. Au contraire, des solutions crédibles existent :
• Renforcer la lutte contre l’évasion fiscale : des dizaines de milliards échappent chaque année au fisc, bien plus que ce que la taxe Zucman pourrait rapporter.
• Mieux cibler la progressivité de l’impôt sur les revenus réels, plutôt que sur des patrimoines virtuels.
• Encourager l’investissement local : à La Réunion, il est urgent de créer des dispositifs fiscaux incitatifs pour les entreprises qui innovent, embauchent et participent au développement du territoire.
• Imposer équitablement les multinationales qui transfèrent leurs bénéfices hors de France, au lieu de fragiliser les PME et les entreprises familiales.
Un enjeu politique à prendre au sérieux
Alors que les débats politiques s’intensifient à l’approche des municipales, il est essentiel de rappeler que les décisions fiscales nationales ont des conséquences directes sur nos territoires. La taxe Zucman, si elle était mise en œuvre, ne renforcerait ni la justice sociale ni les finances publiques. Elle affaiblirait nos entreprises, découragerait l’investissement et mettrait en danger l’avenir économique de La Réunion.
Au lieu de céder à la démagogie, il est temps de poser les vrais débats : comment encourager l’investissement, créer de l’emploi et assurer une fiscalité plus juste sans casser les forces vives de notre économie locale.
Dimitri Smith
Militant Les Républicains
Saint Denis / 1ère circonscription