L'IEDOM (institut d'émission des départements d'outre-mer) a présenté ce mardi 19 juin 2012 son rapport annuel de 2011, ainsi que les tendances conjoncturelles du 1er trimestre 2012. En 2011, l'économie de La Réunion reste fragilisée par la crise de 2009, et malgré le redressement progressif des principaux indicateurs économiques, la reprise a du mal à se confirmer.
Pour son rappel annuel, l'IEDOM a choisi d'illustrer sa page de couverture avec la forêt de la Grande Chaloupe. Une forêt désossée, mais qui fait actuellement l'objet d'une reconstitution, avec la volonté de conserver et de protéger le patrimoine. "On aurait pu choisir de plus belles photos de forêt réunionnaise, mais celle-là reflète bien la situation économique de La Réunion", explique Arnaud Bellamy-Brown, directeur de l'agence de l'IEDOM. Une économie qui tente toujours de se relever après avoir été durement touchée par la crise en 2009.En 2011, "tous les secteurs d'activité ne bénéficient pas d'un regain de dynamisme et les tensions restent vives sur le marché de l'emploi, en dépit d'une faible progression du nombre d'actifs occupés et d'un net ralentissement de la demande d'emploi", indique l'IEDOM. Les incertitudes liées à la crise de la dette en Europe et le ralentissement global de l'économie mondiale pèsent aussi sur le moral des acteurs économiques de l'île et limitent leurs intentions d'investir, poursuit l'institut d'émission des départements d'outre-mer.
Toutefois, l'ensemble des acteurs économiques travaille à la redynamisation du territoire. "L'année 2011 a notamment vu se concrétiser les effets attendus des travaux du Haut Conseil de la commande publique avec la reprise de l'investissement public et l'accélération de la construction de logements sociaux", note l'IEDOM dans son rapport.
"De manière plus générale, la crise récente a permis une meilleure prise de conscience collective des fragilités structurelles du territoire, après des années de rattrapage économique. La Réunion a cependant du mal à identifier les nouveaux leviers d'une croissance durable, riche en emploi tout en restant compétitive et basée sur une utilisation raisonnée des ressources", continue le rapport de l'IEDOM.
Pour l'institut d'émission des DOM, la mise en ?uvre des pistes déjà connues doit impérativement se poursuivre, à savoir engager les premiers travaux financés par le protocole de Matignon, consolider la progression observée dans le secteur du tourisme - qui se porte bien depuis l'inscription des cirques, pitons et remparts de La Réunion au patrimoine mondial de l'Unesco - et continuer à rechercher une meilleure insertion du territoire dans son environnement économique régional. L'intégralité du rapport est à retrouver en téléchargement sur le site de l'IEDOM.
Par ailleurs, concernant le 1er trimestre 2012, l'IEDOM rappelle que les tensions sociales exacerbées se sont traduites au début de l'année par des violences urbaines d'une grave ampleur à La Réunion. "Cette crise sociale profonde traduit surtout la difficulté que rencontre La Réunion à identifier des relais de croissance suffisamment efficaces pour réduire un chômage structurel très important", souligne l'IEDOM.
"Les investissements réalisés par le passé pour mettre en place un tissu d'industries d'import-substitution ont été significatifs, mais il n'y a plus réellement de nouveaux débouchés à attendre en ce domaine, l'étroitesse du territoire et son éloignement de la métropole limitant les opportunités d'investissements industriels lourds", précise l'IEDOM, tout en soulignant que les efforts pour asseoir la croissance de ces prochaines années sur une plus grande ouverture régionale valorisant les savoir-faire et acquis technologiques doivent être maintenus et accompagnés de soutiens fermes à l'innovation.
Certains indicateurs restent malgré tout bien orientés. La consommation des ménages, par exemple, résiste et soutient l'activité selon l'IEDOM. La sortie de crise progressive du secteur du BTP se confirme. Enfin, la valorisation de l'inscription au patrimoine de l'Unesco des " Cirques, Pitons et Remparts " de La Réunion et la définition de nouvelles stratégies a permis une progression sensible du tourisme d'agrément, qui doit être consolidée.