Environnement

Les photographes se mettent enfin au vert

  • Publié le 12 octobre 2010 à 09:00
Lundi 11 octobre 2010 - conférence de presse d'Europe Écologie pour présenter le 1er atelier photographique écologique - (Photos Julie Fioretti)

Le premier laboratoire photographique écologique de La Réunion a été présenté ce lundi 11 octobre 2010. Un projet à l'initiative du photographe Patrick Douet dont l'atelier est installé au Moufia à Saint-Denis. C'est ainsi que l'événement a été présenté. Mais il ne faut pas s'y méprendre, ce laboratoire écologique signifie tout simplement que certains photographes ont décidé ne plus jeter "à la sauvage" les produits très toxiques utilisés pour développer leurs photos. 3 laboratoires sur les 15 de l'île se sont engagés dans cette démarche, 2 autres devraient rejoindre le mouvement.

Conscient des atteintes commises à l'encontre de l'environnement lors du déversement de ces produits dans la nature via les égouts, le photographe Patrick Douet a décidé en juillet dernier, après l'inscription de La Réunion au patrimoine mondiale, de contacter la direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE). Il voulait savoir quelle était la démarche à suivre pour éliminer les produits qu'il utilisait. "C'est la DRIRE qui m'a dirigé vers la STARDIS (société de transports et d'assainissement de La Réunion en déchets industriels spéciaux - ndlr). Aujourd'hui mon objectif, c'est que tous les laboratoires de développement de photos récupèrent leur chimie via la STARDIS", confie le photographe.

Dorénavant, les déchets chimiques que sont les sels d'argent, l'acide acétique et le carbonate de potassium seront recueillis dans une cuve puis enlevés par la STARDIS, une filière de la STAR (société de transports et d'assainissement de La Réunion). Elle s'occupera ensuite du transport maritime et de toutes les autorisations nécessaires pour transporter les déchets dangereux dont font partie les produits utilisés par les photographes. Arrivés en métropole, ils seront traités dans une unité d'incinération dans à Fos sur Mer dans le Sud de l'Hexagone.

"À La Réunion, les quantités seuil ne sont pas atteintes pour structurer localement une filière de traitement, d'où l'envoi de ces produits en métropole. Mais l'exportation des déchets dangereux est très contraignante car il y a énormément de restrictions et les routes maritimes sont complexes", explique Thomas Brachet, responsable d'études et projets pour la STAR.

Mais être écolo a un coût. C'est le principe du pollueur payeur qui s'applique. Les photographes devront compter environ 800 euros par mois pour 1 000 litres de déchets chimiques produits. Avec une production journalière d'environ 40 litres de déchets, ce laboratoire qui déversait chaque année 12 000 litres de produits toxiques dans la nature, devra payer 9 600 euros à la STARDIS pour ne plus polluer.

"Une action félicitée" par Europe Ecologie qui souhaite que ce genre de démarche soit encouragée. "Traiter les déchets coûte cher et il faudrait une aide pour ces actions, comme une fiscalité verte", indique Vanessa Miranville d'Europe Écologie.

À noter que la plateforme STARDIS a été ouverte en mars 2007. Avant cette date, les producteurs/pollueurs devaient se débrouiller pour éliminer leurs déchets, ou encore pour les collecter et les faire traiter en métropole. Jusqu'à présent, pas moins de 150 000 litres de produits toxiques ont été déversés dans les égouts de La Réunion chaque année par les laboratoires de développement photographique.


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