Ainsi que l'avait annoncé en exclusivité Imaz Press Réunion le mercredi 1er septembre, ce 10 septembre 2010, syndicats patronaux et syndicats des salariés du Bâtiment défileront ensemble pour "interpeller les pouvoirs publics sur la situation grave dans laquelle se trouve le secteur du BTP". Une manifestation "exceptionnelle" que ne comprennent pas forcément les adhérents des syndicats de salariés. Ils ne "conçoivent pas l'idée de marcher avec les patrons". Les dirigeants syndicaux ont donc dû leur faire comprendre qu'il s'agit d'un "mariage de circonstance". "Les entreprises sont en danger et donc les emplois aussi", souligne Pierre Savigny, dirigeant de la branche Bâtiment de la CFDT. "Mais ce n'est pas pour autant que nous oublions notre bataille pour les salaires", ajoute t-il.
"Les assemblées générales ont été houleuses", confie Jacky Balmine, secrétaire général de la CGTR BTP. En effet, les salariés du Bâtiment n'ont pas apprécié d'apprendre qu'ils devraient défiler avec le patronat le 10 septembre. "Ils ne comprennent pas comment on peut défiler avec les chefs d'entreprise", note le syndicaliste. "D'habitude, nous prenons 10 minutes pour expliquer aux salariés les raisons de nos mobilisations. Cette fois, nous avons pris 2 heures", poursuit Jacky Balmine.Et pour cause, nombreux sont ceux qui accusent les chefs d'entreprise d'être les principaux responsables des milliers de licenciements dans le secteur. "Il faut que les salariés comprennent qu'il n'y a plus de chantier. On supprime des grands projets et on ne les remplace pas. Les 300 millions d'euros annoncés par Didier Robert, c'est de la poudre aux yeux. Ce n'est pas avec ça que le BTP va se relever", martèle Pierre Savigny. "Tout est en train de s'écrouler. Si nous ne défendons pas les entreprises, nous ne pourrons pas défendre nos emplois", insiste le représentant de la CFDT.
Analyse partagé par Jacky Balmine : "La situation est tellement dramatique que nous devons faire preuve de bon sens et défiler tous ensemble le 10 septembre prochain", explique t-il. "Mais ce n'est pas une journée de manifestation à l'appel de la FRBTP", tient-il à signaler afin de "lever toute ambiguïté". "Nous avons été les premiers à nous mobiliser les 19 et 31 mai derniers pour faire part de notre inquiétude sur les menaces qui pèsent sur le secteur. Cette mobilisation se situe dans la continuité", précise le responsable à la CGTR. René Anelard, de la CFTC, continue : "Défiler avec le patronat ne signifie pas que nous allons abandonner nos revendications sur les salaires. Il faut simplement faire contre mauvaise fortune bon c?ur".
Jacky Balmine rappelle que la manifestation du 10 septembre est "extrêmement importante" et "exceptionnelle". "C'est la première fois que tout le Bâtiment sera dans la rue", indique t-il. Le rassemblement est prévu à 9 heures au Jardin de l'Etat à Saint-Denis. Les grévistes descendront ensuite vers la préfecture en passant par la rue de Paris. Après les prises de paroles, une délégation déposera une motion en préfecture. 2 autres délégations prendront aussi le chemin du conseil général et du conseil régional pour y déposer le même document.
"Cette motion souligne la nécessité de relancer rapidement la commande publique", affirme Jacky Balmine. "Nous demandons aussi la mise en place d'une commission pour venir en aide aux salariés en difficulté ou ceux qui ont été licenciés. Le préfet nous l'avait promis le 19 mai dernier", ajoute le responsable syndical. "Nous donnons aux collectivités et à l'Etat jusqu'au 15 octobre pour nous présenter une feuille de route. A défaut, nous durcirons le mouvement", prévient Jacky Balmine en faisant notamment allusion à de possibles blocages des routes.
Par ailleurs, l'intersyndicale du BTP (CGTR, CFDT, CGC, CFTC, FO) appelle à "la mobilisation massive" ce mardi 7 septembre lors de la manifestation contre la réforme des retraites.
Mounice Najafaly pour