Royaume-Uni

Au congrĂšs des conservateurs britanniques, Brexit en avant toute

  • PubliĂ© le 29 septembre 2019 Ă  20:37
  • ActualisĂ© le 30 septembre 2019 Ă  04:57
"Mettez en oeuvre le Brexit. Investissez dans le systÚme de santé, nos écoles et la police", lit-on sur une affiche au congrÚs de Manchester du Parti conservateur britannique, le 29 septembre 2019

"RĂ©alisons le Brexit": les conservateurs britanniques l'ont rĂ©pĂ©tĂ© comme un mantra dimanche au premier jour de leur grand-messe annuelle, le Premier ministre Boris Johnson en tĂȘte, en plein chaos politique au Royaume-Uni.

Le slogan ("Get Brexit done" en anglais) s'affichait aussi en grandes lettres dans le centre de confĂ©rence de Manchester (nord-ouest de l'Angleterre), oĂč les Tories sont rĂ©unis en congrĂšs jusqu'Ă  mercredi.

Alors que les divisions autour de la sortie de l'UE sont à leur comble, Boris Johnson a estimé que "le meilleur moyen d'y mettre fin est d'accomplir le Brexit le 31 octobre et permettre à ce pays d'aller de l'avant", lors d'un entretien à la BBC.
PlĂ©biscitĂ© par la base, Boris Johnson s'est hissĂ© au pouvoir fin juillet en s'engageant Ă  accomplir le Brexit, votĂ© par 52% des Britanniques lors du rĂ©fĂ©rendum de 2016, mĂȘme sans accord de divorce avec l'UE susceptible d'attĂ©nuer le choc pour l'Ă©conomie britannique.

Le chef de gouvernement n'en dĂ©mord pas, mĂȘme si sa stratĂ©gie a jusqu'ici Ă©tĂ© systĂ©matiquement mise en Ă©chec par le Parlement. Il a engagĂ© une guerre ouverte avec les dĂ©putĂ©s, qu'il oppose au "peuple" dont il se veut le dĂ©fenseur, n'hĂ©sitant pas Ă  recourir Ă  une rhĂ©torique provocatrice.

Dans la mĂȘme veine, plusieurs ministres ont martelĂ© devant des militants conquis dimanche que seul les Tories pouvaient honorer le rĂ©sultat du rĂ©fĂ©rendum, tandis que nombre de conservateurs modĂ©rĂ©s n'avaient pas fait le dĂ©placement.
"Ce Parlement méprise désormais le peuple", a dénoncé Jacob Rees-Mogg, chargé des Relations avec le Parlement. "Réalisons le Brexit et permettez-nous de nous atteler à ce qui compte vraiment", comme le systÚme public de santé, a scandé son collÚgue chargé des préparatifs du Brexit, Michael Gove.

- "Faire peur" -

La politique de la terre brĂ»lĂ©e de Boris Johnson a jusqu'ici eu un effet boomerang. Il suspend le Parlement? Les dĂ©putĂ©s votent en urgence une loi l'obligeant Ă  demander Ă  Bruxelles un report du Brexit en cas de "no deal" -- ce qu'il exclut, les accusant de "reddition". Ils obtiennent ensuite de la Cour suprĂȘme de pouvoir siĂ©ger Ă  nouveau.

Il éjecte du Parti conservateur 21 députés rebelles, quitte à saboter sa propre majorité, puis sollicite des élections législatives anticipées pour avoir les coudées plus franches? Les députés s'y opposent, préférant tenir un scrutin une fois l'éventualité d'un "no deal" effectivement écartée.

Boris Johnson a Ă©tĂ© fortement critiquĂ© cette semaine pour son recours Ă  un vocabulaire souvent belliqueux Ă  la Chambre des communes, accusĂ© notamment par des dĂ©putĂ©es de mettre de l'huile sur le feu et d'alimenter les menaces dont elles font l'objet. "Je pense que tout le monde devrait se calmer", a-t-il dĂ©clarĂ© sur la BBC, tout en estimant que lui-mĂȘme avait Ă©tĂ© "un modĂšle de retenue". Il a par ailleurs assurĂ© avoir "de bonnes chances" de conclure un accord de divorce, alors que les discussions avec Bruxelles patinent.

Boris Johnson "a assis sa crédibilité sur une sortie de l'UE le 31 octobre, et il est trÚs difficile de voir comment il pourra faire. Sa réponse sera donc (...) d'exacerber la confrontation", prédit Constantine Fraser, analyste au cabinet d'études TS Lombard.
Symbole du bras de fer politique, Boris Johnson devrait snober les traditionnelles questions au Premier ministre du mercredi à la Chambre des communes pour prononcer à la place son discours de clÎture. Un pied de nez aux députés qui ont refusé d'accorder aux conservateurs une courte pause pour leur permettre d'assister au congrÚs à temps plein, comme le veut l'usage.

Cette stratégie de rallier un maximum d'électeurs soutenant le "Leave" (départ de l'UE) semble payer dans les sondages, alors que des élections apparaissent de plus en plus comme inéluctables pour sortir de l'impasse, selon des observateurs de la politique britannique.

En précampagne électorale, le gouvernement a promis dimanche des investissements massifs dans le systÚme de santé. Insuffisant pour séduire les milliers de manifestants anti-austérité et anti-Brexit qui ont défilé dans les rues de Manchester. "Je ne pense pas qu'il ait un plan sur le Brexit. Je pense qu'il est faible, qu'il cherche à faire peur et qu'il répand un discours de haine", a dénoncé à l'AFP Emily Barr, 22 ans, qui travaille dans le secteur caritatif.

AFP

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