[Photos et vidéos] Devant le rectorat, les parents d’enfants en situation de handicap manifestent pour un accompagnement digne

  • Publié le 15 octobre 2025 à 11:08
  • Actualisé le 15 octobre 2025 à 11:12
AESH

Ils sont plusieurs dizaines de parents réunis ce mercredi matin 15 octobre 2025, devant le rectorat de La Réunion, à l'appel du collectif Les Enfants invisibles 974. Chacun était invité à déposer, devant le portail, un cartable portant le prénom de son enfant en signe de protestation. Derrière ce geste symbolique, une seule revendication : le respect du droit à la scolarisation des enfants en situation de handicap, souvent laissés sans accompagnement ou accueillis dans des conditions jugées indignées. (Photos sly/www.imazpress.com)

"Nous militons pour l'inclusion et les droits des enfants en situation de handicap dans les établissements", explique Cédric Bourane, porte-parole du collectif des Enfants Invisibles 974. "Aujourd'hui, environ 9.300 enfants sont concernés à La Réunion. Parmi eux, près de 1.000 n'ont aucun accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH), et beaucoup d'autres ne bénéficient pas du nombre d'heures prévues". Écoutez.

Devant le rectorat à Saint-Denis, le collectif dénonce une rupture totale de la communication entre les familles et l'administration : "Les PIAL (Pôles inclusifs d'accompagnement localisés, ndlr), le rectorat, les inspecteurs ne répondent plus aux mails, ni aux appels. Les parents se sentent abandonnés", déplore Cédric Bourane.

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Selon lui, 3.100 AESH sont actuellement en poste sur l'île. Un chiffre insuffisant et fragilisé par les arrêts maladie et démissions. Sans compter la mutualisation des accompagnants, parfois chargés de trois élèves à la fois, qui accentuerait encore les difficultés.

- "L'école est devenue une garderie" -

Le porte-parole se veut clair : le problème dépasse la simple pénurie de personnel. "L'administration considère qu'un accompagnement partiel est suffisant. Ce n'est pas acceptable. L'école est devenue une garderie pour ces enfants, faute d'un personnel formé et en nombre suffisant".

Sur place, des associations appellent également à un véritable plan d’action local. Aurore Lauret-Stepler, de l’association Enfants Autistes 974 : Le Nouvel Écolier, insiste sur la nécessité de respecter la loi : "Nos enfants ont droit à la scolarisation, au même titre que les autres. On ne demande rien d’exceptionnel, seulement que la loi soit appliquée. Nous voulons co-construire avec l’Éducation nationale pour que ce droit soit réellement effectif".

- Ericka Bareigts appelle à la solidarité -

Parmi les soutiens de cette mobilisation, la maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts, a réaffirmé son engagement pour une école inclusive : "Le droit à la scolarisation des enfants différents est un principe républicain. Mais aujourd’hui, il n’est pas appliqué. Nous travaillons avec le rectorat et la MDPH pour que ce droit soit respecté, mais il faut des moyens humains et matériels : des AESH, des ULIS (Unités localisées pour l'inclusion scolaire), des établissements adaptés".

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La maire appelle également à une mobilisation plus large : "Quand un enfant en situation de handicap n’est pas accompagné, toute la communauté éducative souffre. J’en appelle à la solidarité de tous les parents. Un enfant qui va bien, c’est toute une classe qui va mieux". Écoutez.

- Le rectorat reconnaît "des défaillances" et promet des avancées -

Face aux manifestants, Rostane Mehdi, le recteur de La Réunion a tenu à dialoguer, reconnaissant les difficultés et un "devoir de considération" envers les familles : "J’ai entendu les défaillances de communication, les silences indignes, et je les reconnais. Il faut balayer devant notre porte".

Le recteur a également annoncé la mise en place d’un groupe de travail permanent réunissant parents, élus, MDPH, ARS et services académiques. "Ce sujet ne peut pas être traité seul. Nous devons fluidifier la communication et garantir l’exécution des notifications", assure Rostane Mehdi.

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S’il affirme que 93 % des enfants en situation de handicap bénéficient d’un accompagnement à La Réunion, un taux supérieur à la moyenne nationale, il concède que ces chiffres ne reflètent pas la réalité des familles. "Vous faites partie des 6 à 7 % restants, et c’est précisément pour ces situations qu’il faut agir. Cela n’a que trop duré".

Pour les membres du collectif, cette première manifestation n’est qu’une étape dans un combat de longue haleine. "Nous voulons être entendus, mais surtout obtenir des engagements concrets, pas des promesses", résume Cédric Bourane. "Ce que nous demandons, c’est simple : le respect du droit et de la dignité de nos enfants".

Le collectif sera reçu de nouveau par le rectorat et la MDPH le 29 octobre prochain, afin de poursuivre les discussions. D’ici là, les parents des "enfants invisibles" promettent de rester visibles.

vg / www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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