À peine nommé, le gouvernement français proche de l’implosion

  • Publié le 6 octobre 2025 à 06:19
  • Actualisé le 6 octobre 2025 à 11:49
Le Premier ministre Sébastien Lecornu dans la cour de l'hôtel Matignon le 3 octobre 2025

À peine formé, le nouveau gouvernement du Premier ministre français Sébastien Lecornu paraît déjà proche de l’implosion lundi, menaçant de relancer l’instabilité politique du pays au moment où ses finances publiques sont au plus mal.

Le troisième exécutif en un an, dont les 18 ministres (pour la plupart déjà en poste) ont été annoncés dimanche soir après quatre semaines de tractations, est attendu dans l’après-midi à l’Elysée pour un premier Conseil des ministres autour du président Emmanuel Macron.

Mais aura-t-il tenu jusque là? Dénoncée par les oppositions, sa composition est critiquée y compris en son sein. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui venait pourtant d’être reconduit, s’est insurgé publiquement contre une équipe qui "ne reflète pas la rupture promise", annonçant une réunion d’urgence dès lundi de son parti de droite, Les Républicains.

Plusieurs cadres du camp présidentiel envisageaient déjà, dimanche soir, l’hypothèse de voir la droite sortir du gouvernement, ce qui hypothéquerait la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu, prévue mardi à l’Assemblée nationale.

Et plongerait le pays davantage dans la crise politique.

Cinquième Premier ministre d’Emmanuel Macron depuis sa réélection 2022 et troisième en un an, Sébastien Lecornu doit naviguer sur la scène politique éclatée issue des législatives qui ont suivi la dissolution surprise de l’Assemblé nationale décidée en juin 2024 par le chef de l’Etat.

L’hémicycle est fracturé en trois blocs (alliance de gauche / macronistes et centristes / extrême droite). Aucun ne dispose de la majorité absolue, ce qui a plongé le pays dans une instabilité chronique.

En place depuis le 9 septembre, Sébastien Lecornu, homme de confiance d’Emmanuel Macron venu de la droite, a multiplié les consultations afin de tenter de résoudre l’équation d’une majorité introuvable et d’échapper à la chute dès le prochain écueil, le vote du budget 2026 à l’automne, comme cela avait été le cas pour son prédécesseur, le centriste François Bayrou.

"Recyclage", "provocation", "bras d’honneur", "déni de démocratie", choix "effarant et inexplicable" ou "insultant"... L’exaspération s’est pourtant fait sentir dans tous les partis d’opposition dimanche soir, avivant le spectre d’une censure rapide.

Parmi les critiques ciblant le nouveau gouvernement, son manque de renouvellement: 12 des 18 ministres annoncés dimanche par la présidence de la République étaient déjà présents dans le précédent gouvernement. C’est le cas notamment de Bruno Retailleau, de Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères ou encore de Gérald Darmanin à la Justice.

- "Obstination" -

La surprise tient dans le retour de Bruno Le Maire. Inamovible ministre de l’Economie et des finances d’Emmanuel Macron de 2017 à 2024, il est nommé aux Armées où il prendra la suite de Sébastien Lecornu.

Le macroniste Roland Lescure est pour sa part nommé ministre de l’Economie et des Finances. Il aura la lourde responsabilité de présenter un projet de budget 2026 acceptable par le Parlement, alors que les finances publiques du pays sont au plus mal, avec une dette de 3.300 milliards d’euros, représentant plus de 115% du PIB.

Pour éviter de subir le même sort que son prédécesseur, tombé après avoir présenté un effort budgétaire de 44 milliards d’euros, Sébastien Lecornu a demandé à ses ministres de "trouver des compromis" avec les oppositions.

Mais son gouvernement est déjà menacé de tomber, compromettant ses chances de durer plus longtemps que ceux de ses prédécesseurs (91 jours pour Michel Barnier, moins de neuf mois pour François Bayrou), puis de faire voter un budget avant la fin de l’année.

Pour tenir, le gouvernement devra obtenir, a minima, une non-censure des socialistes, dont les premières réactions sont très négatives.

"À quoi jouent les macronistes? Leur obstination plonge chaque jour un peu plus le pays dans le chaos", a raillé le chef des députés du PS Boris Vallaud.

"Les bras nous en tombent", a réagi sur X la cheffe de file de l’extrême droite Marine Le Pen sur X, qui a particulièrement ciblé le retour de Bruno Le Maire, "l’homme qui a mis la France en faillite" selon la triple candidate à l’Elysée.

AFP

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9 Commentaires
GHERARDI
GHERARDI
2 jours

HISTOIRE :GRANDS DISCOURS PARLEMENTAIRES – ASSEMBLEE NATIONALE Alexis de Tocqueville (27 janvier 1848) « Je crois que nous nous endormons sur un volcan »(27 janvier 1848)

Député de la Manche depuis 1839, Alexis de Tocqueville est une personnalité du parti de l'Ordre, un parti conservateur, et considère que la révolution de 1848 trahit celle de 1789. C’est pourquoi il approuve sans réserve la répression des manifestants……..

Messieurs, je ne sais si je me trompe, mais il me semble que l'état actuel des choses, l'état actuel de l'opinion, l'état des esprits en France, est de nature à alarmer et à affliger. Pour mon compte, je déclare sincèrement à la Chambre que, pour la première fois depuis quinze ans, j'éprouve une certaine crainte pour l'avenir ; et ce qui me prouve que j'ai raison, c'est que cette impression ne m'est pas particulière : je crois que je puis en appeler à tous ceux qui m'écoutent, et que tous me répondront que, dans les pays qu'ils représentent, une impression analogue subsiste ; qu'un certain malaise, une certaine crainte a envahi les esprits ; que, pour la première fois peut-être depuis seize ans, le sentiment, l'instinct de l'instabilité, ce sentiment précurseur des révolutions, qui souvent les annonce, qui quelquefois les fait naître, que ce sentiment existe à un degré très grave dans le pays. [...]

Si je jette, messieurs, un regard attentif sur la classe qui gouverne, sur la classe qui a des droits et sur celle qui est gouvernée, ce qui s'y passe m'effraie et m'inquiète. Et pour parler d'abord de ce que j'ai appelé la classe qui gouverne, et remarquez bien que je ne compose pas cette classe de ce qu'on a appelé improprement de nos jours la classe moyenne mais de tous ceux qui, dans quelque position qu'ils soient, qui usent des droits et s'en servent, prenant ces mots dans l'acception la plus générale, je dis que ce qui existe dans cette classe m'inquiète et m'effraye. Ce que j'y vois, messieurs, je puis l'exprimer par un mot : les mœurs publiques s'y altèrent, elles y sont déjà profondément altérées ; elles s'y altèrent de plus en plus tous les jours ; de plus en plus aux opinions, aux sentiments aux idées communes, succèdent des intérêts particuliers, des visées particulières, des points de vue empruntés à la vie et à l'intérêt privés……

La France avait jeté dans le monde, la première, au milieu du fracas dutonnerre de sa première révolution, des principes qui depuis se sont trouvé des principes régénérateurs de toutes les sociétés humaines. C'a été sa gloire, c'est la plus précieuse partie d'elle-même. Eh bien ! messieurs, ce sont ces principes-là que nos exemples affaiblissent aujourd'hui. L'application que nous semblons en faire nous mêmes fait que le monde doute d'elle. L'Europe qui nous regarde commence à se demander si nous avons eu raison ou tort ; elle se demande si, en effet, comme nous l'avons répété tant de fois, nous conduisons les sociétés humaines vers un avenir plus heureux et plus prospère, ou bien si nous les entraînons à notre suite vers les misères morales et la ruine. Voilà messieurs, ce qui me fait le plus de peine dans le spectacle que nous donnons au monde. Non seulement il nous nuit, mais il nuit à nos principes, il nuit à notre cause, il nuit à cette patrie intellectuelle à laquelle, pour mon compte, comme Français, je tiens plus qu'à cette patrie physique, matérielle, qui est sous nos yeux………….

On a parlé de changements dans la législation. Je suis très porté à croire que ces changements sont non seulement utiles, mais nécessaires : ainsi je crois à l'utilité de la réforme électorale, à l'urgence de la réforme parlementaire ; mais je ne suis pas assez insensé, messieurs, pour ne pas voir que ce ne sont pas les lois elles-mêmes qui ne sont, en définitive, que le détail des affaires, non ce n'est pas le mécanisme des lois qui produisent les grands événements : ce qui fait les grands événements, messieurs, c'est l'esprit même du gouvernement.

*Gardez les lois si vous voulez ; quoique je pense que vous auriez tort de le faire, gardez-les; gardez même les hommes, si cela vous fait plaisir, je n'y fais aucun obstacle ; mais, pour Dieu changez l'esprit du gouvernement, car je vous le répète, cet esprit-là vous conduit à l'abîme !

Parabellum
Parabellum
2 jours

Nouveau gouvernement ? On a dit NOUVEAU ??????? Le même chef d’orchestre , les mêmes musiciens (ou presque) la meme partition
On prend les français pour des cons ! Aux memes causes ——les memes effets——censure——on est depuis longtemps la risee du monde

Man974
Man974
2 jours

Pour éviter la censure (on parie ?), Sébastien Lecornu a conclu un pacte avec Marine Le Pen. Les macronistes et le groupe RN ont voté ensemble pour s'octroyer les postes clés à l'Assemblée nationale.
Militants d'extrême-Droite, votre parti soutient le macronisme !
Et c'est un journal de Droite qui l'affirme :
https://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/grace-au-rn-le-socle-commun-fait-le-plein-de-postes-cles-a-lassemblee-nationale-2189854

Tchao Pantin
Tchao Pantin
2 jours

On verra le fait tu lis dans le marc à K' Fé

Saint Benoît bis
Saint Benoît bis
2 jours

C'est le chais comme St Benoit de selly

Mondon
Mondon
2 jours

Les citoyens sont l'Employeur du Gvt. Le Pdt est élu par les citoyens qui rémunèrent des milliers de personnes. Ils sont nous employés. Je suis STUPÉFAITE du silence, de l'acceptation passive des français !

Mondon
Mondon
2 jours

A toutes critiques, n'oublions pas les responsables de ce chaos : les électeurs de Macron élu cinq ans puis dix ans.

Le plus mauvais gouvernement
Le plus mauvais gouvernement
2 jours

Normal c'est le plus mauvais gouvernement

Begue
Begue
2 jours

Je ne sais pas vraiment si ces faiseurs de miracle a la signification de est-ce que celà veut dire : prendre les mêmes et recommencer les mêmes conneries ? La France pays fou. Et nous français nous trinquons.