Depuis maintenant plus de 20 ans, l’Observatoire Marin de La Réunion s’active à mieux comprendre le milieu marin et littoral de La Réunion, avec son programme principal "Vigie-mer" et ses sous programmes associés. Depuis de nombreux mois, une étude vise à cartographier la biodiversité piscicole marine autour de l’île grâce aux sciences participatives, en valorisant le temps passé dans l’eau et les photos sous-marines. 173 espèces ont été recensées, dont une nouvelle : le poisson papillon africain. Nous publions le communiqué ci-dessous (Photo : www.imazpress.com)
Cette méthode a pour objectif d’établir, avec preuves à l’appui, la liste illustrée des espèces marines présentes à La Réunion. Ainsi, c’est un véritable « Atlas de la biodiversité marine de La Réunion » que l’Observatoire enrichit chaque jour un peu plus, pour compléter différents programmes passés ou en cours par d’autres structures, comme DORIS, Biolave, SWIMM, CUMARO, MAEO, KODAL, etc.
- Un certain nombre de questions scientifiques sont bien sûr déjà ciblées, comme les suivantes :
• Combien d'espèces marines réellement présentes dans nos eaux ?
• Des saisonnalités de présence / absence ?
• Abondance de biodiversité selon les sites de plongée et les zones récifales ?
• Répartition bathymétrique des espèces ? Etude du potentiel de suivi de certaines espèces par photo-identification ?
• Alimentation des espèces ?
• Sites non étudiés et à envisager ?
• Comment valoriser au mieux le temps passé par le grand public dans les espaces naturels pour aller vers une meilleure connaissance de l'environnement ?
• Quel réseau d'acteurs / d'observateurs du milieu naturel est-il possible d’envisager et de créer pour fédérer les efforts et faire une vigilance sur la santé de milieu marin à La Réunion ?
• Et encore bien d'autres...
- Quelques premiers résultats, avec près de 100 millions d’individus recensés -
Alors que l’étude des poissons cartilagineux (requins et raies) est déjà bien avancée et se poursuit, voici quelques résultats sur les poissons téléostéens (poissons osseux), représentant 96 % des espèces de poissons actuels dans le monde. Les données (compilées grâce à un stage de Iliana MAHEO en 2025) ont été collectées via plusieurs méthodes entre 2009 et 2025 : plongées avec photo identification, prises de pêche, observations en mer et transects dans les lagons de Saint-Pierre et de Saint-Leu.
Au total, ce ne sont pas moins de 99 744 348 d’individus qui ont été recensés, représentant 173 espèces, réparties en 97 genres, 40 familles et 22 ordres. L’étude révèle une forte concentration des espèces sur la côte Ouest, notamment dans les zones récifales, tandis que la côte Est reste peu documentée.
Pour le moment, des espèces de poissons ont déjà pu être répertoriées sur 14 de 17 communes ayant un littoral. Par exemple, parmi 1 800 observations de poissons, 770 ont été effectuées à Saint-Paul, 322 à Saint-Pierre et 257 à Saint- Leu, auxquelles vont s’ajouter ultérieurement toutes les données des espèces observées au large (comme les marlins, thons banane, thons jaunes, dorades coryphènes, voiliers, ...) attrapés par la pêche de plaisance notamment.
Les poissons grégaires (représentant 44 espèces, soit 25% du nombre total d’espèces recensées dans ce rapport), comme le bichique (Sicyopterus lagocephalus), sont peu diversifiés mais très abondants, représentant 99 % des individus recensés ici. Sont aussi intégré les bancs de sardines et de pêches- cavales, des poissons tous très pêchés (plusieurs tonnes par an à La Réunion par la pêche très côtière et littorale) qui passent au gré des saisons, dont le cycle de vie a été déjà recensé dans le fonctionnement de notre océan en 365 jours...

À l’inverse, les espèces solitaires sont nombreuses (75% des espèces recensées ici) mais peu représentées en effectif. Anguilles, murènes, poissons lézards, mérous, poissons ange-empereur, poissons-papillons, poissons-porc épic, ... des espèces souvent observées en plongée ou lors de snorkeling dans le récif.

- Des espèces parfois surprenantes -
Il est aussi intéressant de signaler la présence d’espèces aussi rares que surprenantes, qui vivent en général dans les profondeurs, comme le régalec (un très long et gros poisson argenté, dont un morceau avait été retrouvé flottant à la surface il y a quelques années par un pêcheur), et aussi quelques spécimens de saumons des dieux (des superbes poissons pouvant dépasser souvent le poids de 50 kg, rouge écarlate avec des taches blanches, vivant souvent dans des profondeurs de 500 m environ, pêchés un peu partout sur la planète d’ailleurs).
- Une espèce nouvellement découverte à La Réunion ! -
Poursuivant nos efforts d’étude et de suivi des photos réalisées par nos partenaires, ce fut une surprise de taille lorsque des photos réalisées sur un site de plongée de la commune de St Paul par plus de 50 m de profondeur montrent dans un tout petit coin de la photo la présence d’une espèce encore non recensée par nos études à La Réunion.
Après quelques recherches et croisant nos points de vue avec d’autres scientifiques au niveau mondial, il s’agit bien au final d’un poisson papillon africain (Chaetodon dolosus), rare mais parfois observé à l’île Maurice, et présent sur des fonds compris entre 40 et 200 m de profondeur, d’après la bibliographie. Sa fiche d’identification vient juste d’être réalisée et ajoutée à l’atlas de la biodiversité marine de La Réunion actuellement développé par l’Observatoire Marin.

- D’autres études encore en cours -
Depuis 2024, les efforts de recensement de la biodiversité marine et des emprises humaines sur le milieu naturel récifal se sont aussi portés sur l’étude du récif corallien de l’Etang salé, un des plus petits récifs de l’île, et qui présente au final un fonctionnement bien particulier, très influencé par des arrivées d’eau douce, et occasionnant la présence d’espèces parfois propres à ce site. Hallucinant, ce ne sont pas moins de 165 corps morts qui ont pu être localisés pour une centaine d’espèces de poissons qui gravitait autour !
En mai 2025, alors que l’équipe de l’Observatoire Marin part étudier le niveau de pollution marine par les microplastiques, une étude fut menée pour commencer à identifier le planton marin présent en surface durant les prélèvements réalisés au large de la côte Ouest et dans la baie de St Paul. Au total, ce ne sont pas moins de 21 groupes biologiques qui ont pu être répertoriés (81 types identifiés et 23 types encore non identifiés précisément), avec même la présence de quelques insectes dont 5 individus appartiennent à un genre trouvé étonnamment dans la zone du 7e continent de déchets dans le Pacifique Nord !
Les prochains résultats feront l’objet de futures publications.
- Participez au recensement des espèces ! -
Enfin, l’Observatoire Marin de La Réunion apporte depuis plusieurs mois toute son expérience au réseau GRANDDIR pour construire une plateforme unique au niveau régional où chacun pourra déposer ses clichés. C’est notamment dans ce cadre que, mi-novembre prochain, GRANDDIR présentera son projet régional et sa feuille de route 2025-2030 devant les services de l’Etat pour définir les partenariats à venir et participer activement au développement durable de La Réunion
Alors, si vous aussi vous souhaitez participer à l’étude du milieu marin en valorisation vos photos ou vidéos et tout le temps passé en mer, ou même à pêcher depuis le bord, vous pouvez déjà vous rapprocher de l’Observatoire Marin de La Réunion (email : michael.rard@orange.fr / 06-92-24-92-28).
Une convention vous sera proposée pour donner votre autorisation d’exploitation de vos clichés et vous serez informés régulièrement des avancées grâce à votre participation.
