De mai à septembre, baleines et baleineaux offrent un spectacle exceptionnel au large des côtes réunionnaises. Nombre de personnes s'en vont à la rencontre des cétacés qui ne sont que de passage pendant l'hiver austral. Naître sous les tropiques, manger en Antarctique, les baleines à bosses de l'hémisphère Sud avancent au rythme de ces objectifs. Voyage avec ces géants des océans et nomades de la planète Bleue.
"Se nourrir dans les eaux froides, s'accoupler et mettre bas dans des mers plus chaudes, la vie d'une baleine se partage entre ces deux impératifs aussi bien dans l'hémisphère Nord que dans le Sud" raconte l'association réunionnaise Vie Océane.Autour de La Réunion, les baleines observées sont principalement des baleines à bosses. La baleine australe (ou baleine à franche noire) s'aperçoit rarement. "Pour la première fois en 2009, nous avons observé une baleine australe mettre bas dans les eaux réunionnaises", indique Laurent Mouysset, un responsable de l'association Globice Réunion (groupe local d'observation et d'identifications des cétacés).
Comme tous les mammifères, les baleineaux baignent dans une température autour de 38°C dans le ventre de leur mère. Dans les eaux de l'Antarctique, la température de l'eau varie entre 4 et 8°C. "Ce serait un trop grand choc thermique pour le baleineau" explique Laurent Mouysset. Les cétacés que nous voyons, viennent ainsi se reproduire, et mettre bas dans les eaux chaudes de l'Océan Indien.
Les baleines n'y trouveront par contre presque rien à manger. Elles se nourrissent principalement dans les eaux froides de l'Antarctique, où foisonnent leur nourriture de prédilection : plancton, crevettes et poissons. "Les baleines engloutissent d'énormes quantité de plancton", indique Vie Océane, pendant l'été austral "elles constituent d'importantes réserves de graisses", ajoute l'association.
Vie Océane retrace ensuite, "à mesure que l'océan se refroidit dans le Grand Sud, les baleines entament un long voyage de 6 000 km à la vitesse de 8 km/h qui va les conduire à proximité immédiate des côtes de Madagascar, de la Réunion et de Maurice". Elles vivront pendant cette période sur leur réserve de graisse.
Mais leur migration est loin d'être un simple va et vient entre le cercle polaire et La Réunion. "Pour l'instant, aucun individu n'a été revu d'une saison à l'autre" indique Laurent Mouysset. Au cours d'une même saison, les scientifiques n'identifient que de façon exceptionnelle deux fois le même individu. Laurent Mouysset précise, "au maximum, nous avons reperé un individu à 52 jours d'intervalle". Les cétacés parcourraient-ils les îles des Mascareignes pendant les mois d'hiver austral ? Le mystère persiste sur le trajet de nos baleines à bosses.
À La Réunion, la charte d'approche des baleines impose une distance et des règles de conduites au bateaux. C'est en effet une période clé pour les baleines à bosses puisqu'elle viennent s'accoupler et mettre bas. Si les cétacés subissent un stress à cette période, cela touche d'autant plus l'ensemble de leur population.
Depuis 2009, la baleine à bosse ne figure plus aux côtés de la baleine des basques, une espèce de l'Atlantique, ou celle du Groenland, sur la liste rouge de l'UICN (union international pour la conservation de la nature) qui recence les animaux en danger d'extinction. Néanmoins la zone sud-ouest de l'Océan Indien a été décrétée "sanctuaire baleinier international". Des menaces persistent pour la baleine à bosses, du fait de la géographie de La Réunion notamment. "Un million d'habitants sur l'île, cela peut engendrer des dangers pour les cétacés, tant au niveaux des activités nautiques que par les pollutions potentielles. Vu les activités économiques de l'île, le naufrage d'un pétrolier dans les eaux réunionnaises est un danger à considérer. La sensibilisation avance auprès de la population et des professionnels, même si pour Laurent Mouysset, "il reste du travail à faire".
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