Dans un rapport publié le 10 avril 2015, la chambre régionale des comptes s'est penchée sur la gestion des maternités du CHU de La Réunion depuis 2008. Elle y évoque "des marges de progrès dans la prévention de la mortalité de la mère de l'enfant", soulignant notamment des insuffisances dans l'accès à l'embolisation artérielle utérine au CHU Nord, qui peuvent s'avérer critiques pour certains accouchements. Une question prise très aux sérieux par le CHU comme par l'Agence régionale de santé (ARS).
Dans son rapport, la CRC note que "le CHU Nord ne respecte pas pleinement les conditions émises par l’ARS pour le renouvellement de l’autorisation d’exercer l’activité de gynécologie obstétrique, de néonatologie et réanimation néonatale". En cause, le fait que le site nord du CHU "ne permet pas l’accès à l’embolisation artérielle utérine 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 alors que cette technique est l’une des réponses possibles aux hémorragies de la délivrance, principale cause de décès de la mère à La Réunion". De fait, la chambre souligne que "le site sud du CHU est désormais le seul établissement pratiquant l’embolisation artérielle pour l’ensemble de La Réunion".
L’embolisation artérielle est une technique pratiquée par les médecins radiologues. Or, la chambre met en avant "le départ des médecins radiologues dont deux ont rejoint une clinique privée" pour expliquer les déficiences du CHU Nord.
"Nous sommes dans un contexte où il y a une difficulté d’attractivité de l’exercice de la profession de radiologue", reconnaît David Gruson, directeur général du CHU de La Réunion. "Mais nous avons sensibilisé tous les acteurs sur cette question, notamment l’ARS et nous sommes en train de dégager des solutions opérationnelles. Ce constat de la CRC est un dossier sur lequel on se mobilise", souligne-t-il.
Du côté de l’ARS, le nouveau directeur de la délégation de La Réunion, Bertrand Parent, en poste depuis 3 mois, affirme également que "la question de la radiologie interventionnelle est à l’agenda de nos préoccupations et que c’est un dossier dont l’ARS s’est saisi". Car selon lui, "les acteurs territoriaux n’ont pas réussi à trouver de solutions et le CHU est en situation difficile aujourd’hui".
"C’est peu de cas, mais cela peut s’avérer critique"
Dans leur rapport, les magistrats notent que "les médecins rencontrés dans le nord indiquent ne pas comprendre pourquoi l’ARS n’a pas soumis les médecins radiologues travaillant dans les cliniques privées à une obligation de participer à la permanence des soins". Quant au directeur adjoint du CHU, Lionel Calenge, il souligne "qu’il y a des problématique importantes sur lesquelles le CHU a besoin de l’ARS, notamment la question de l’embolisation". Et lui aussi plaide pour "la mise en place d’une astreinte avec le privé".
C’est effectivement une piste envisagée par l’ARS, même si l’articulation reste à trouver. Tous les acteurs semblent en tout cas bien décidés à remédier au problème. "Pour moi ce n’est pas acceptable en tant qu’autorité sanitaire. Je veux le régler", affirme, déterminé, Bertrand Parent. "Nous souhaitons faire évoluer à court terme la situation dans l’intérêt des Réunionnais. Nous allons rencontrer tous les acteurs, publics et privés, et faire le point sur les compétences des uns et des autres pour trouver une solution à court terme avant la fin du mois de mai", assure-t-il.
"Il faut garantir la qualité et la permanence des soins en radiologie interventionnelle au nord comme au sud, quitte à travailler en partenariat avec le secteur privé. C’est peu de cas, mais cela peut s’avérer critique", insiste le directeur de la délégation réunionnaise de l’ARS. "Ma responsabilité, elle est d’assurer la permanence des soins. C’est là qu’on voit le rôle de l’ARS", ajoute-t-il.
Les inquiétudes de la chambre régionale des comptes sur l’accès à l’embolisation artérielle utérine semblent donc avoir trouvé un écho au sein de la direction du CHU comme de l’ARS, décidés à travailler de concert pour aboutir à une solution au plus vite. Car en attendant, comme le souligne la CRC, "le CHU Sud – situé à 80 km de Saint-Denis – assure pour l’ensemble de La Réunion l’embolisation artérielle suite aux hémorragies du post-partum déclenchées par les patientes dans les maternités de l’île".
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