Trésorerie à sec pour l'association de protection de la jeunesse

160 emplois menacés

  • Publié le 8 septembre 2011 à 07:00

L'APJJ (association d'aide et de protection de l'enfance et de la jeunesse), la plus ancienne association de l'île, est menacée de dépôt de bilan. Depuis un scandale fin 2009 qui avait valu le licenciement puis la réintégration de trois salariés accusés de mauvais traitements sur mineurs, le centre éducatif fermé de Sainte-Anne (CEF) n'accueille plus suffisamment de jeunes délinquants pour fonctionner. La trésorerie est à sec, les salaires d'octobre pourraient ne pas être versés et la solidarité associative menace toutes les activités de la structure qui emploi plus de 160 salariés. Une manifestation est organisée le 20 septembre devant la préfecture, a indiqué un représentant syndical, mercredi 7 septembre 2011.

Sur douze places que compte le CEF de Sainte-Anne, seules deux sont aujourd'hui occupées. Une situation de déficit de placement qui perdure depuis deux ans et pénalise gravement la trésorerie de l'association d'aide et de protection de l'enfance et de la jeunesse. Un conseil d'administration est prévu le 24 septembre prochain et les 160 salariés craignent aujourd'hui l'évocation d'un dépôt de bilan avec demande de redressement judiciaire. En attendant, ils ont décidé de se mobiliser pour alerter les pouvoirs publics sur l'avenir de leurs emplois : un préavis de grève est déposé pour le 24 septembre avec une manifestation prévue le même jour devant la préfecture à Saint-Denis.

Mardi, lors d'un comité d'entreprise extra-ordinaire, 60 salariés ont manifesté devant le siège de l'association à la Plaine des Câfres, indique Jean-Pierre Cardoa, éducateur spécialisé et délégué syndical Sud Santé Sociaux. " Nous attendons un positionnement clair du ministère de la justice sur la politique de placement des mineurs délinquants au CEF et à l'égard de la reprise des déficits de 2010 et 2011. Ces déficits sont dûs à des déficits de placement, pas à des erreurs de gestion ", explique le syndicaliste.

Selon lui, les problèmes de l'association ont commencé fin 2009, quand trois éducateurs ont été licenciés puis ont obtenu gain de cause auprès des prud'hommes pour licenciement abusif. L'association avait été condamnée à verser plus de 130 000 euros au total mais surtout, elle avait perdu la confiance de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse) et des magistrats qui ordonnent le placement des jeunes au CEF.

Mais il affirme que la situation actuelle ne serait pas liée à cette affaire puisque " la confiance a été retrouvée ". Sauf que depuis, " les jeunes ne sont pas revenus ". Financé sur la base de la journée de placement, le centre supporte la charge salariale d'une équipe de 23 personnes, mais n'encaisse pas les rentrées qui devraient accompagner le service. Association de droit privé, l'APJJ a " fait jouer la solidarité associative " et sollicité ses autres services qui fonctionnent normalement. " Ce sont exclusivement les services habilités justice qui aggravent la situation en ne bénéficiant pas de suffisamment de placements. Pour les autres, il n'y a pas de souci ", Jean-Pierre Cardoa.

En attendant, le déficit ne cesse de se creuser et l'association ne peut décider seule de la fermeture du CEF. Créé par un arrêté préfectoral, il doit être fermé sur décision de l'Etat. Selon Jean-Pierre Cardoa, la direction interrégionale de jeunesse et sports aujourd'hui basée à Paris, avait promis oralement de prendre en charge les déficits de l'association. Mais pour l'instant, elle ne l'a pas fait. " Nous n'avons plus les moyens de fonctionner normalement. Les fournisseurs ne sont pas payés, les frais kilométriques des salariés ne sont pas remboursés depuis plus d'un an, on limite les activités proposées aux jeunes... ", témoigne-t-il. Selon lui, les salaires du mois d'août ont été payés en retard. La trésorerie devrait permettre de financer ceux du mois de septembre. Mais dès octobre, elle pourrait ne plus être suffisante.

Marine Veith pour
guest
0 Commentaires