Après les enquêtes de l'Insee, c'est le Secours catholique qui a apporté ce jeudi 7 novembre 2013 une nouvelle pierre dans le jardin de la pauvreté réunionnaise, à l'occasion de la présentation de ses statistiques annuelles. Sur l'île, l'association a accueilli près de 3 000 familles en 2012 dont la très grande majorité (97 %) pour la première fois. Le Secours catholique note surtout l'accroissement de la précarité chez les personnes âgées ou les familles monoparentales. Les demandes d'aide ont ainsi augmenté de 25 % de 2012 à 2013.
Les statistiques du Secours catholique le confirment : la pauvreté gagne chaque année davantage de terrain à La Réunion. Le rapport sur l’année 2012 laisse en effet apparaître que ce sont essentiellement des nouvelles personnes qui ont fait appel à l’association, la majorité pour obtenir des aides concernant l’alimentation, le logement ou les factures impayées.
"On accueille beaucoup de jeunes, mais aussi de plus en plus de familles monoparentales, notamment des hommes seuls. Mais surtout, on s’aperçoit que la pauvreté touche de plus en plus les personnes âgées qui souffrent de difficultés financières, d’isolement et d’une perte de repères", témoigne Marie-Louise Ferdinand, présidente du Secours catholique à La Réunion.
Sur ses 17 points d’accueil répartis sur l’île, l’association dresse ainsi un diagnostic une nouvelle fois préoccupant. "On reçoit de plus en plus de gens démobilisés, tellement déstructurés qu’ils ne croient plus en eux", confie Germaine Bourdais, déléguée régionale. Et s’ils se tournent vers le Secours catholique, c’est aussi qu’ils n’ont plus vraiment foi dans le système de protection sociale : 90 % des personnes accueillies sont en effet envoyés par les services sociaux. "Les associations sont obligées de prendre le relais dans la mesure du possible, mais jusqu’où ?", s’inquiète Marie-Louise Ferdinand.
Les chiffres sont implacables : 92 % des personnes s’adressant au Secours catholique sont sans emploi et vivent des aides sociales ; 60 % sont au chômage depuis un an, 20 % depuis cinq ans ! "Les demandes d’aides avaient augmenté de 15 % de 2011 à 2012, et là on en est déjà à 25 % pour 2013, alors qu’il reste les mois de novembre et décembre qui sont traditionnellement des mois difficiles", ajoute la présidente.
La venue récente de François Chérèque à La Réunion leur a toutefois apporté une petite lueur d’espoir, notamment au niveau de l’accompagnement des personnes en détresse. "On a été content de voir ça dans le plan du gouvernement contre la pauvreté, on s’est dit qu’il y avait un virage et un nouveau regard autour de l’accompagnement des personnes, au-delà des problèmes monétaires", souligne Germaine Bourdais.
Confronté à de plus en plus de demandes, obligé de se diversifier dans ses missions, le Secours catholique organise sa grande collecte nationale les 16 et 17 novembre prochains. A La Réunion, près de 200 bénévoles seront présents dans les grandes surfaces, sur les marchés forains... "Certains croient que nous n’œuvrons que pour les catholiques, mais la pauvreté et la charité n’ont pas de religion", rappelle d’ailleurs la déléguée régionale.
Lors de ces deux jours, le Secours catholique tentera ainsi de récolter quelques fonds pour continuer de colmater des brèches toujours plus béantes dans la société française, et réunionnaise en particulier.
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