Depuis lundi 29 avril 2024, dirigeants, actionnaires et syndicats de la compagnie aérienne Air Austral sont autour de la table de la préfecture pour évoquer le plan de restructuration. Sans accord de la part des uns et des autres, un préavis de grève a été déposé du 10 au 15 mai par le syndicat SNPNC-FO. Pourtant, tous sont d'accord sur des efforts à faire pour sauver la compagnie péi, à condition que personne n'y perde au change. Alors que le plan prévoit une baisse de 10% des salaires, les syndicats demandent un accord "gagnant-gagnant". C'est pourtant l'avenir de la compagnie qui est en jeu. (Photo www.imazpress.com)
La préfecture a donné jusqu'à ce vendredi 3 mai 2024 aux différentes parties pour trouver un terrain d'entente.
Pour les salariés, il n'est pas question de raboter les salaires de 10% pendant deux ans. D'autant que les actionnaires proposent d'injecter 10 millions d'euros supplémentaires.
Des salariés qui estiment avoir déjà fait de nombreux efforts, notamment le don de leur 13ème mois et le non-remplacement des effectifs.
"Pour l'heure c'est encore statut quo", note Frédéric Bénard représentant de la CFDT. "On n'avance pas on fait du sur place", disait-il à Imaz Press ce jeudi 2 mai. "On ne peut pas continuer comme ça. On ne peut pas accepter que ce levier ne soit pas pris en compte et qu'il y ait des baisses de rémunérations."
Ce jeudi soir, "la réunion n'a rien donné" indique-t-il par ailleurs. "La situation semble figée. Nous sommes entré dans une position qui ne nous plaît pas" explique le syndicaliste.
La CFDT n'a - pour l'heure - pas déposé de préavis de grève, contrairement à son homologue du SNPNC-FO.
Les syndicats estiment que des solutions doivent être trouvées au niveau de la productivité. En cas d'échec des discussions, ils n'excluent pas le risque d'un conflit social.
En mars dernier, les élus SNPNC d'Air Austral avaient diffusé un tract interne en ce sens. Ils expliquaient ne pas vouloir payer les "pots cassés" d'une mauvaise gestion.
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- Un effort de 12,5 millions d'euros -
Depuis un mois, les actionnaires et les syndicats sont entrés en négociation pour sauver la compagnie régionale qui fait face à une situation déficitaire malgré un chiffre d'affaires record de 438 millions d'euros en 2023.
"C’est le plus haut chiffre d’affaires jamais atteint par l’entreprise", a souligné la Région.
Pour aider la compagnie, l'actionnaire privé d'Air Austral Run Air et de la Sematra (Région) a proposé d'aider pour un montant de 10 millions d'euros.
Un apport qui n'est pas sans conditions. L’objectif est de réduire la masse salariale de 10% après des négociations avec le personnel. L'effort demandé n'est pas anodin : 12,5 millions d'euros sur deux ans.
Il y a 4.500 emplois directs et indirects en jeu. Les deux parties sont conscientes que l’accord collectif doit être signé au plus vite.
Le plan de retournement exigé par l’État, le 19 mars dernier lors de la réunion interministérielle doit être présenté au gouvernement au plus tard d’ici la deuxième semaine du mois de mai.
Ce plan qui sera présenté devra comporter les efforts faits par l’entreprise au niveau de la réduction de ses coûts opérationnels et de la réduction de la masse salariale.
- Un plan de sauvetage pour la compagnie Air Austral -
En Assemblée plénière le jeudi 28 mars 2024, la Région Réunion a annoncé le déblocage d'une enveloppe de cinq millions d'euros pour la compagnie réunionnaise.
En juillet 2021, "nous nous trouvons face à une compagnie aérienne affaiblie", avait déclaré Normane Omarjee, vice-président de la Région Réunion. "L'existence d'Air Austral contribue à faire vivre, survivre des équipements comme l'aéroport."
"La disparition d’Air Austral constituerait une perte sèche pour notre territoire, à hauteur de 100 millions d’euros par an", a ajouté Normane Omarjee.
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Le 7 mars 2024, le Conseil de surveillance s'est réuni. Les actionnaires publics et privés ont accepté collectivement d’accompagner l’entreprise par un apport financier d’un montant de 10 millions d’euros.
"Pour accompagner l’entreprise à être plus performante, un effort collectif est indispensable. Des mesures de gestion internes plus rigoureuses concernant la maîtrise et la réduction des coûts ont ainsi été validées", annonce Air Austral.
Le 25 janvier 2023, c'est le Département qui a souhaité accompagner le sauvetage de la compagnie aérienne Air Austral à travers des bons de souscription à hauteur de 5 millions d'euros. Par cette opération, le Conseil département détient désormais 20% du capital de la SEMATRA, société actionnaire de la compagnie.
Le 5 janvier 2023, la Commission européenne a autorisé, le projet de la France d'octroyer une aide à la restructuration d'un montant de 119,3 millions d'euros pour permettre le retour à la viabilité de la compagnie aérienne Air Austral, ainsi qu'une aide d'un montant de 17,5 millions d'euros pour indemniser cette compagnie des dommages subis suite à la pandémie du coronavirus entre le 17 mars et le 30 juin 2020.
Une annonce qui faisait suite à l'approbation par la Commission d'une aide au sauvetage sous forme d'un prêt de l'État français d'un montant de 20 millions d'euros en faveur d'Air Austral le 18 janvier 2022.
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Et pourtant, la compagnie a bénéficié d’un effacement de dettes de 116 millions d’euros assortie d’une clause de "retour à meilleure fortune".
- Une compagnie abattue par la crise sanitaire -
La compagnie aérienne est en grandes difficultés financières depuis la crise sanitaire. Une crise qui n’a fait qu’accentuer une santé financière fléchissante.
La compagnie a en effet connu des difficultés en 2012, lors de la crise conjoncturelle.
En 2020, les difficultés empirent : alors que la compagnie fait un chiffre d’affaires de près de 413 millions d’euros, le Covid passe par là, faisant chuter l’activité d’Air Austral, à l’instar de toutes les compagnies aériennes. L’entreprise connait une baisse du trafic de 77% et une baisse de son chiffre d’affaires de 55%. Comme l’explique la Région, son chiffre d’affaires est passé de 413 à 185 millions d’euros, soit une baisse de 225 millions d’euros.
Pour aider la compagnie aérienne à ne pas se crasher, les actionnaires se sont mobilisés. Selon les chiffres donnés par Didier Aubry, en 2020, il y a eu un prêt actionnaire avec un apport de 30 millions d’euros de la Sematra et 90 millions des banques. En 2021 et avec la poursuite de la crise sanitaire, Air Austral sollicite une nouvelle aide. L’État apporte 20 millions d’euros et la Sematra mobilise 10 millions d’euros. Des aides qui s’ajoutent au dispositif de droit commun, à savoir le chômage partiel et l’étalement des aides fiscales.
Mais cela ne suffit pas. En 2022, une aide au sauvetage de la compagnie est notifiée à la commission européenne. Un sauvetage nécessaire, tant la situation financière d’Air Austral est aujourd’hui dégradée.
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- La direction confiante -
Alors que la compagnie traverse des turbulences, Imaz Press s'était entretenu avec Joseph Bréma, président du directoire de l'entreprise. Il parle d'"une belle compagnie avec des atouts indéniables", ne cache pas les difficultés auxquelles il a dû faire face et assure "être confiant".
"Nous rencontrons certes une phase de turbulences, mais j’ai foi en l’ensemble du personnel de la compagnie pleinement mobilisé pour que nous soyons transparents vis-à-vis de nos clients. Aujourd'hui toutes nos énergies sont dirigées vers le maintien de notre activité opérationnelle pour que cela n'impacte ni les voyages, ni la qualité de service proposés à nos passagers."
Pour Joseph Bréma, les mauvais résultats de la compagnie sont dus à une conjonction de facteurs exogènes. "Il y a tout d’abord les facteurs géopolitiques. Je pense à l'interdiction de survol du Soudan et du Niger, entrainant des temps de vol prolongés induite d’une augmentation de la consommation de carburant et des frais de maintenance. Nous devons aussi faire face à une chute du global du trafic du fret aérien, s’accompagnant d’une baisse de la recette unitaire. Nous avons aussi des difficultés d’approvisionnement en fournitures et équipements aéronautiques et le contexte inflationniste en découlant sur les coûts de réparations et de remises en état des avions."
À ces contraintes se sont ajoutées des difficultés opérationnelles affectant les opérations de la compagnie depuis des mois.
"Pour faire face à ces défis opérationnels, la compagnie a été contrainte de puiser dans ses liquidités et de recourir à des affrètements auprès d’autres opérateurs, pour que la situation soit la moins pénalisante possible pour sa clientèle."
- Air Austral, une compagnie chère aux Réunionnais -
Pour rappel, c’est en 1990, que la compagnie aérienne voit le jour à La Réunion, suite à une volonté locale. Son premier vol s’est déroulé le 27 décembre 1990. Comme l’a expliqué Didier Aubry de la Région, son développement s’est effectué en trois phases. En 2003, la compagnie se lance sur le long-courrier vers la métropole. En 2009, Air Austral poursuit son développement vers le grand régional, avant une crise conjoncturelle en 2012. Dernière phase, en 2016, lorsque la compagnie ouvre une liaison Mayotte-Paris.
La compagnie aérienne est le premier transporteur sur plateforme aéroportuaire avec 48% de part de marché et plus d’un million de passagers. Concernant le fret, c’est plus de 15.000 tonnes de marchandises qui transitent. La compagnie réunionnaise est le 3ème employeur de l’île avec près de 950 salariés. Elle dispose également de 3 Boeing 777, 2 Boeing 787 et 3 Airbus A220-300.
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ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com
Air austral, une compagnie chère aux reunionnais. Loll. Cher le tarif. A nous paye le prix fort et les salariés et leur famille seront bénéficiaires des tarifs à la baisse GP quand l avion sera vide
"c est pourtant l'avenir de la compagnie qui est en jeu"
Premier paragraphe en gras et vous mettez déjà en cause les salariés !
Gagnant-gagnant! Les salariés représentés par les syndicats ont démontré par A plus B, en donnant des chiffres, des solutions dans un contexte plis que favorable a l'aérien, que c'était possible de faire des économies sans toucher aux salaires des salariés (pas ceux des dirigeants !)
D'où une entreprise, un préfet, une présidente de région n'arrivent pas à écouter des salariés plus que professionels faisant tout pour sauver leur gagne pain !
Remettez vous en question sérieusement ceux qui prennent des décisions...
Ben fo tape dans le dur…coupe tout’ comme ca pu de salaires et pu de deficit a moyen terme, puisque i veu pas conceder a des efforts