Mobilisation à La Réunion

Aléas climatiques, contraintes règlementaires... la colère gronde de nouveau chez les agriculteurs

  • Publié le 14 novembre 2024 à 10:30
  • Actualisé le 14 novembre 2024 à 11:29

L'agriculture de nouveau dans la rue ce jeudi 14 novembre 2024. Après s'être mobilisés en début d'année et après être repartis chargés de promesse de la part du gouvernement, la grogne reprend chez les agriculteurs. À La Réunion – à l'appel des organisations syndicales et soutenus par la Chambre d'agriculture, ils se donnent rendez-vous devant le Département et la préfecture. Une mobilisation pour sensibiliser les pouvoirs publics et la population sur l'avenir de l'agriculture locale (Photos : sly/www.imazpress.com)

Contraintes règlementaires, concurrence des importations… si la crise n'a jamais cessé, elle s'est largement aggravée du fait des aléas climatiques.

Après une année marquée par le passage du cyclone Belal, les fortes pluies puis la sécheresse… la filière fruits, légumes et horticoles "connaît sa pire année", confie Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d'agriculture.

"En raison de la variabilité climatique, la gestion de l’eau est devenue de plus en plus complexe, avec des périodes de sécheresse prolongées et l’absence de solution pour les producteurs à court terme", dénoncent les syndicats dans un communiqué.

"Avec la sécheresse nous n'arrivons plus à produire, avec le retrait de certaines molécules nous n'avons pas d'alternatives et donc pas de solution", déplore Gaël Dijoux, des Jeunes agriculteurs et président d'Anafruit.

Ce qu'ils demandent, c'est un "moyen pour stocker l'eau". "Le Département a évoqué le projet Meren pour dans dix ans, mais ce sera déjà trop tard".

De plus, le "manque d'alternatives efficaces de biocontrôle expose les cultures aux maladies et ravageurs". Aggravant ainsi les pertes de production.

Mouches des fruits, mouches des légumes, cochenilles…, "les autorités doivent comprendre qu'à La Réunion nous avons des spécificités, des attaques d'oiseaux tropicaux. Nous devons avoir des produits pour protéger nos végétaux", lance Gaël Dijoux.

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- Les agriculteurs veulent des normes égales sur les pesticides -

La perspective d'une conclusion du traité de libre-échange entre l'UE et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie) exacerbe ce mécontentement. Si cet accord passe, il "alimentera encore plus la concurrence avec les importations" dénonce la filière.

Une épine pour la profession car les agriculteurs le disent, "nous ne lutterons pas à armes égales".

"Nous sommes limités en traitement à un indice de fréquence de l'ordre d'un à deux par an, et en plus nous n'avons pas l'autorisation pour toutes les molécules pour traiter nos exploitations", explique Gaël Dijoux.

De plus, "on nous impose des normes, on les respecte mais on est concurrencé par une importation qui n'a pas les mêmes cahiers des charges", s'insurge Stéphane Sarnon.

"C'est se moquer de nous et des consommateurs que d'autoriser l'importation de produits de pays où on peut utiliser certaines molécules alors qu'à La Réunion nous n'avons pas le droit", peste-t-il.

"Nous avons conscience que le consommateur n'achète plus si le prix est élevé mais face à la concurrence déloyale c'est important de prendre le pas", interpelle le secrétaire général de la Chambre d'agriculture.

"Souvent je le dis, la meilleure concurrence c'est la production locale et quand il y n'y aura plus de production, l'importation fera ce qu'elle veut avec les prix, on l'a bien vu avec l'oignon", souligne Olivier Fontaine.

"Les agriculteurs de La Réunion ne veulent pas être des pollueurs mais veulent pouvoir produire de manière raisonnée et correctement avec des règles qui soient raisonnables", ajoute-t-il.

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- La filière agricole en situation de crise -

À cela s'ajoutent des craintes financières avec la loi de finances. "Par rapport aux cotisations des charges sociales, nous avions une dérogation pour La Réunion – du fait de nos petites exploitations - mais aujourd'hui le gouvernement veut rétablir cela", explique Stéphane Sarnon de la FDSEA.

Autre problématique à laquelle sont confrontés les agriculteurs, "la taxe sur les 4X4 par rapport à la pollution". "Ici nous n'avons pas le même relief, pour accéder à nos exploitations nous n'avons pas d'autre choix", insiste le président de la FDSEA.

"Si nous ne sommes pas accompagnés, ce sera comme pour la canne, il sera trop tard", lance Gaël Dijoux. "Aujourd'hui nous sommes à 70% d'autonomie au niveau végétal et si on continue on va perdre notre souveraineté."

Aujourd'hui, bon nombre d'agriculteurs baissent les bras. Ils se disent "inquiets pour les jeunes qui souhaitent se diversifier et qui n'ont pas de solution, pas de trésorerie, pas de moyen pour stocker l'eau", s'alarme Gaël Dijoux.

Les agriculteurs appellent les parlementaires et les élus à se mobiliser à leurs côtés.

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