Le délibéré rendu le 17 décembre

Cap Sacré-Cœur : deux ans avec sursis et cinq ans d'inéligibilité requis à l'encontre d'Olivier Hoarau

  • Publié le 15 novembre 2024 à 14:28
  • Actualisé le 15 novembre 2024 à 16:23

C'est un coup de théâtre qui s'est déroulé au deuxième jour d'audience de l'affaire du Cap Sacré Coeur ce jeudi 14 novembre 2024. Alors qu'Olivier Hoarau, maire du Port, est poursuivi pour corruption passive et blanchiment d'argent, l'avocat de la partie civile a estimé que l'accusation de corruption ne tient pas, et souhaite une requalification des faits en "recel d'abus de confiance". Lors de sa prise de parole, la procureure de Saint-Denis a déclaré que selon elle, "les faits de corruption sont totalement constitués". La procureure a requis une peine de deux ans de prison avec sursis à l’encontre d'Olivier Hoarau ainsi qu’une amende de 80.000 euros et une inéligibilité de cinq ans. Le délibéré sera rendu le 17 décembre (Photos : rb/www.imazpress.com)

  • C'est la fin de ce direct, merci de nous avoir suivis tout au long de ce procès.

  • Le jugement est mis en délibéré

    Le tribunal rendra sa décision le 17 décembre à 13h45


     

  • Maître Navarro revient ensuite sur les difficultés financières importantes auxquelles Olivier Hoarau devait faire face

    “Il a expliqué devant le tribunal, et ce n’est pas simple, qu’il avait mis sa vie personnelle entre parenthèses après son élection et qu’il s’était laissé dépassé. Il a demandé un prêt à la banque qui n’a pas donné suite, il s’est donc tourné vers des amis qui avaient de l’argent, c’est logique“, dit-il.

    Le juriste ironise : “On lui donne des chèques, au passage c’est étrange de se faire corrompre avec des chèques."

    Maitre Navarro rappelle que selon les poursuites, l’argent des subventions serait passé du compte des associations à celui de Monsieur Vally et ensuite sur celui de Monsieur Hoarau.

    On se base sur cela “pour parler de corruption. Mais alors pourquoi Olivier Hoarau aurait-il emprunté 30.000 euros en tout à des personnes qui n’avaient rien à voir avec le groupe Casino ?“ s’interroge le juriste

    Voulant couper court à toute extrapolation, il précise ensuite “oui il n’a toujours pas remboursé les sommes. Il les a empruntées à des personnes qui ont les moyens et qui ne demandent donc pas à être remboursées immédiatement“.

    Le juriste s’explique sur “le soi disant code“ utilisé par les mis en cause pour parler d’argent. “Certains parlent de flouze ou d’oseille, Monsieur Vally parle en fruits“ et ses interlocuteurs “s’adaptent“.

    Il note qu’interrogé par les enquêteurs, Olivier Hoarau a immédiatement déclaré que les mots mangues et letchis étaient utilisés pour remplacer le mot euro. “Nous sommes loin des codes utilisés par les trafiquants de drogue !“ lance Maître Navarro.

    Maître Navarro insiste à plusieurs reprises sur la non existence d’une quelconque corruption ou d’un quelconque trafic d’influence. Puisque la contrepartie de la corruption supposée n’existait pas. Il base son argumentaire sur celui développé précédemment par Maître Maillot.

    En l’occurrence “le projet Cap Sacré Cœur avait été totalement finalisé par l’ancien maire Jean-Yves Langenier et qu’il n’y avait donc aucune possibilité pour Oliver Hoarau de bloquer le projet s’il n’obtenait pas d’argent du groupe Casino“

    Cet argument a été largement développé par tous les avocats de la défense. C’est un point essentiel sur lequel le tribunal devra trancher.

    Maître Navarro demande à son tour la relaxe d’Olivier Hoarau.

  • “Pow pow, je ne comprends rien dans ce dossier“ lâche Maître Navarro, également avocat d’Olivier Hoarau

    Il rappelle qu’il a était question de trafic d’influence, puis de corruption et d’abus de confiance. “Moi qui suis un adepte de rugby, j’ai l’impression que l’on est face à une chandelle judiciaire : on lance le ballon très très haut et on voit où il retombe“ commence le juriste.

    "L’enquêteur Jérémy Bouclet a été condamné pour trafic de stupéfiant dans l’affaire Roukia (une jeune fille morte d’overdose à Mayotte - ndlr ) et c’est lui qui a mené les investigations“ s’étonne le juriste.

    Maître Navarro plaide maintenant sur l’impossibilité juridique, selon lui, de requalifier les faits en abus de confiance. “Les lois sont claires, on ne peut pas juger une personne pour des faits sur lesquels elle n’a jamais été interrogée“ explique-t-il

    Il note ensuite que Jérémy Bouclet “qui n’est pourtant notre ami, a écrit en fin de garde à vue : “à ce stade on ne peut pas établir l’existence d’une entente (de corruption - ndlr) entre le maire et le groupe Casino“. C’est très clair et ce n’est pas nous qui le disons“.

  • Maître Jérôme Maillot prend la parole pour Olivier Hoarau

    Le juriste expose : “Devant ce tribunal Didier Robert a été condamné dans une affaire, il est relaxé dans une autre affaire, il a été jugé dans une troisième affaire. On aura le jugement prochainement“. Il ajoute “en tout état de cause Monsieur Didier Robert est en état de récidive. La procureure réclame contre lui (dans le troisième dossier - ndlr) 8 mois de prison avec sursis, 50.000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité“.

    Maître Maillot poursuit. "Contre Monsieur Hoarau on réclame 2 ans de prison avec sursis 80.000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité". Il s’insurge “ce n’est  pas parce que on est dans une commune qui a mauvaise réputation qu’il faut avoir“ une attitude discriminatoire “et subir une majoration des peines“.

    Maître Maillot souligne ensuite les incohérences du dossier. Le juriste termine en demandant la relaxe d’Olivier Hoarau

  • L'audience reprend

    C’est Maître Ferrante, avocate de Bernard Payet, qui prend la parole. “Dans ce dossier la relaxe s’impose“ dit-elle d’entrée

    Elle estime ensuite que “cette audience est lunaire. Nous avons la partie civile qui a l’honnêteté intellectuelle de dire qu’il n’y a pas de corruption et qui demande la requalification en abus de confiance. Nous avons ensuite la procureure qui vient nous dire que la qualification (de trafic d’influence - ndlr) qu’elle a elle choisie, ne tient pas et que la requalification en abus de confiance ne tient pas non plus"

    "Et voilà donc la procureure qui requalifie en corruption passive sans que nous n’ayons jamais été interrogé sur ces faits supposés. Je n’ai jamais vu ça !“, s'exclame-t-elle.

    L’avocate souligne que les enquêteurs n’ont trouvé aucune preuve ou trace de versement de chèques ou d’autres mouvements bancaires entre les comptes de Bernard Payet et des associations.

    “Comme on ne trouve rien, on dit : “on suppose qu’il a reçu de l’argent liquide“. On suppose, on suppose ! Sans preuve“ s’insurge la juriste.

    “Finalement, on a Monsieur Vally qui vient dire qu’il a donné deux kilos de  fruits, en fait 2.000 euros. Et voilà, c’est tout, c’est pour ça que Monsieur Payet est là aujourd’hui. C’est pour ça qu’on demande contre lui 8 mois de prison avec sursis, 50.000 euros d’amende et 5 ans d’interdiction d’exercer sa profession, ce qui équivaut pour lui une mise à la retraite immédiate“ décortique Maître Ferrante.

    La juriste souligne ensuite que Fayzal Ahmed Vally ne semble plus savoir combien il a prêté ou donné à Benard Payet. “Parfois il parle de 2.000 euros, puis de 1.000 euros et ensuite de 2.000 euros…“

    "Bernard Payet est impliqué dans le tissage de notre culture, dans notre métissage, c’est un poète, c’est un homme qui a toujours travaillé, c’est un homme bon qui est en train de jouer la fin de sa carrière“ sur des accusations infondées, déclare la juriste avant de demander la relaxe de son client.

  • L'audience reprend avec la plaidoirie du bâtonnier Gangate pour les époux Vally

    “Tracfin la di, Tracfin la fé, Tracfin la komandé, Pardon pour ce pastiche d’une rengaine créole, mais c’est exactement ce qui s’est passé dans ce dossier", débute le Bâtonnier Gangate?

    "On est parti du postulat que si Tracfin disait un certain nombre de choses, c’est qu’elles devaient être vraies sans chercher à investiguer plus en profondeur“ commente-t-il.

    Le juriste estime que la requalification des faits en abus de confiance et recel ne peut se faire.

    Il explique que les mis en cause ne peuvent être poursuivis pour recel d’abus de confiance puisqu’en attribuant les subventions , Mercialys a donné leur propriété aux associations.

    “Dès lors Mercialys n’a pas pu être abusé puisque l’argent ne lui appartenait plus, il n’y a donc pas d’abus de confiance de la part des associations et donc pas de recel d’abus de confiance (de la part des mis en cause - ndlr)“ argumente le défenseur avant de demander au tribunal de débouter Mercialys de sa  constitution de partie civile.

    En plaidant ainsi le bâtonnier Gangate, qui va demander la relaxe pure et simple de ses clients, veut aussi empêcher qu’ils soient condamnés sous une autre qualification des faits.

    L'audience est suspendue, le bâtonnier, Gangate a lui aussi demandé la relaxe de ses clients

  • Maître Yannick Mardénalom prend la parole pour la défense des époux Vally

    Le juriste s’oppose à la requalification des faits en abus de confiance tel que le demande la partie civile "au nom du principe de l’instruction contradictoire des faits, puisque jamais les mis en cause n’ont été interrogés sur des quelconques faits d’abus de confiance".

    Il se demande ensuite en quoi les époux Vally auraient abusé de la confiance de Mercialys (puis s’ils n’étaient pas destinataires des subventions - ndlr).

    L’avocat souligne : "une originalité de ce dossier est l’omission volontaire des poursuites à l’encontre des présidents d’associations (dont les subventions ont été "siphonnées" - ndlr).

    "On ne les entend pas en tant que mis en cause, ils étaient là pour tout déballer contre les mis en cause. De même, aucun des dirigeants du groupe Casino n’est poursuivi."

    Le juriste développe : "Il n’y a pas de sujet concernant l’association des commerçants, le prêt de 4.000 euros fait par Monsieur Vally ont été remboursés deux mois et demie plus tard par Madame Vally. Pour la Jeanne d’Arc il n’y a pas non plus de sujet puisque seul un loyer pour un joueur a été payé par Madame Vally“

    L’avocat note ensuite “Jean-François Latouze (pour les associations AS Zup et Le Port musculation), ça sent pas bon“. Il précise dans la foulée : “Monsieur Vally ne connaissait même pas le nom des associations dirigées par Jean-Francois Latouze“. Il rappelle que Jean-Francois  Latouze a fait une première déclaration incriminant  Fayzal Ahmed Vally avant de revenir sur ses propos et d’affirmer qu’il a été le seul à utiliser l’argent des subventions.

    Pour Maître Mardenalom, seul Jean-Francois Latouze est impliqué dans l’utilisation des subventions “car il n’y a rien dans dossier, pas de documents, pas de chèques, rien“ qui lie Fayzal Ahmed  Vally et Jean-François Latouze.

    Il demande la relaxe de ses clients.

  • La parole est donnée aux avocats d’Eric Heinz

    La juriste plaide la non-culpabilité de son client poursuivi pour "corruption active". Elle souligne qu’il n’existe dans le dossier aucune preuve étayant les accusations.

    Un autre avocat d'Eric Heinz prend ensuite la parole. Le juriste déclare "je suis choqué et même inquiet que la procureure au bout de quatre années d’enquête, on a une heure de réquisitoire où chaque phrase est venue contredire la précédente. Je n’ai rien compris (au réquisitoire - ndlr)".

    "Il y a eu manifestement des choses anormales qui se sont produites dans cette affaire, mais il n’y a rien contre Éric Heinz", plaide-t-il.

    "Que reproche-t-on à Monsieur Heinz, je ne le sais toujours pas. On nous parle d’un pacte de corruption, mais quand ce pacte aurait été passé, qui concernait-il ? On ne le sait pas. Sincèrement si on dit dans ce dossier que Monsieur Heinz est coupable de corruption, je ne vais plus oser sortir de chez moi de peur de faire de la corruption sans je savoir" estime l’avocat, Maître Sébastien Schapira.

    "Nous sommes dans un grand délire, c’est du Kafka !" s’exclame-t-il ensuite. "C'est un pur scandale".

    "Effectivement Éric Heinz n’a pas contrôlé comment les associations ont utilisé les subventions qui ont été attribuées. Mais il n’a rien dans le dossier qui dit qu’il savait que l’argent était siphonné", souligne le juriste.

    Il s’étonne que les présidents d’associations dont "les comptes ont été siphonnés ne soient pas poursuivis alors que l’on on vient reprocher une corruption (inexistante - ndlr) à Monsieur Heinz".

    "Monsieur Heinz n’a rien fait d’illégal, il faut maintenant que cela s’arrête, qu’on lui rende justice. On ne peut pas condamner un homme qui n’a rien fait" insiste l’avocat qui dit se battre "contre des choses erronées".

    Il demande au tribunal de "rendre son honneur à Monsieur Heinz" et de le relaxer.

  • Deux ans de prison avec sursis requis à l'encontre d'Olivier Hoarau

    La procureure a requis une peine de deux ans de prison avec sursis à l’encontre d'Olivier Hoarau ainsi qu’une amende de 80.000 euros et une inéligibilité de cinq ans.

    Elle requiert également une peine de deux ans de prison avec sursis et une inéligibilité de cinq ans à l’encontre de Ahmed Valy.

    Une peine de huit mois de prison avec sursis, 50.000 euros d’amende et une interdiction d’exercer sa profession pendant cinq ans, a été requise à l’encontre de Bernard Payet.

    Une peine de six mois de prison avec sursis a été requise à l’encontre de Eric Heinz.

    Une peine de six mois de prison, avec sursis, a été requise à l’encontre de Leila Moussa.

  • Pour le parquet de Saint-Denis, les faits de corruption sont totalement constitués

    Véronique Denizot s’intéresse ensuite au témoignage de Jean-François Latouze qui a changé ses premières déclarations mettant en cause Ahmed Vally "pour finir par endosser seul le détournement de plus de 100.000 euros".

    La magistrate poursuit ses réquisitions en soulignant les points de "contradictions" et d’"incohérences" dans les déclarations des mis en cause.

    Les faits de corruption sont pour elle, totalement constitués.

    À propos de la requalification des faits en abus de confiance demandée par la partie civile, la magistrate souligne que la demande lui semble peu fondée.

    Elle note que "la partie civile demande une requalification des faits en recel d’abus de confiance pour les prévenus alors que les ou les auteurs principaux (les présidents d’associations, en l’occurrence - ndlr) ne sont pas poursuivis".

  • La magistrate revient sur la "mangue" et les "letchis"

    Véronique Denizot, procureure de la République de Saint-Denis, revient ensuite sur "le langage codé" dans les textos échangés entre les mis en cause où les mots mangues et letchis remplacent le mot argent.

    "Pour nous magistrats, ce langage est celui utilisé par certains délinquant notamment les trafiquants de stupéfiants."

    "Après plusieurs atermoiements, les mis en cause finissent par reconnaître qu’il s’agissait bien d’argent en indiquant qu’il s’agit de plaisanteries. Je n’y crois pas. Pas plus que je ne pense qu’il s’agisse des prémices d’un changement de la langue française (pour parler d’argent - ndlr)", ajoute-t-elle.

  • La procureure de Saint-Denis débute ce réquisitoire

    Véronique Denizot, procureur de la République de Saint-Denis prend la parole.

    La magistrate décrit le contexte d’"une procédure marquée par les revirements des mis en cause, la dissimulation de la vérité, les mensonges et des sommes d’argent jamais remboursées à ce jour".

    La procureure rappelle que les faits ont été signalés par Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins - un service de renseignement chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme mais aussi contre la fraude fiscale, sociale et douanière).

    "Annuellement le parquet reçoit moins de cinq signalements de Tracfin, c’est dire le sérieux de cet organisme. Tracfin indique qu’entre 2016 et 2019 il a été relevé des opérations bancaires entre le compte de Monsieur Vally et de son épouse en direction du compte de Monsieur Hoarau. À minima, la somme de 80.000 euros a ainsi été versée", dit-elle.

    "Les investigations montreront ensuite qu’un total de 400.000 euros ont été versés par les différentes entités du groupe Casino à certaines associations dont certaines dormantes", expose la magistrate avant de détailler comment les subventions ont été versées notamment aux associations Sirandane, As Zup et Port musculation avant d’être "siphonnées".

    Elle précise qu’une partie de ces sommes ont transité sur le compte d’Ahmed Vally.

    La procureure estime ensuite que "contrairement à ce qui est parfois dit dans le dossier, le projet d’extension du Cap Sacré Cœur n’était pas totalement bouclé au moment de l’arrivée de Monsieur Hoarau à la tête de la municipalité".

    La magistrate fait ainsi allusion au fait que la cession par la mairie d'une parcelle donnant accès au parking du centre commercial n’était pas encore signée.

    La magistrate affirme que c’est sur cette acquisition que porte "le pacte de corruption" entre les mis en cause et le groupe Casino.

  • Les faits reprochés aux mis en cause

    • Olivier Hoarau, maire du Port :

    - corruption passive : sollicitation ou acceptation d'avantage par un élu public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
    - blanchiment : aide à la justification mensongère de l'origine des biens ou revenus de l'auteur d'un délit puni d'une peine n'excédant pas 5 ans commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
    Avocats : Maître Sébastien Navarrao et Maître Jérôme Maillot

    • Fayzal Ahmed-Valy, ex-premier adjoint de la commune du Port :

    - corruption passive : sollicitation ou acceptation d'avantage par un élu public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
    - blanchiment : aide à la justification mensongère de l'origine des biens ou revenus de l'auteur d'un délit puni d'une peine n'excédant pas 5 ans commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
    Avocats : Maître Yannick Mardénalom et le bâtonnier Djalil Gangate

    • Bernard Payet, directeur de cabinet du maire du Port :

    - corruption passive : sollicitation ou acceptation d'avantage par une personne chargée de mission de service public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
    Avocats : Maitre Séverine Ferrante

    • Eric Heinz, membre de la société Casino :

    - corruption active : proposition ou fourniture d'avantage à une personne chargée de mission de service public commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
    Avocats : Maître Sébastien Schapira

    Leila Moussa, compagne de Fayzal Ahmed Vally :

    - blanchiment : aide a la justification mensongère de l'origine des biens ou revenus de l'auteur d'un délit puni d'une peine n'excédant pas 5 ans commis du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2019
    Avocat : Maître Yannick Mardénalom

  • Bonjour à tous,

    Merci de nous retrouver pour ce dernier jour de procès pour Olivier Hoarau et ses co-accusés, dans le cadre de l'affaire du Cap Sacré Coeur.

    Hier, c'est un coup de théâtre qui s'est déroulé au tribunal de Saint-Denis. Alors qu'Olivier Hoarau, maire du Port, est poursuivi pour corruption passive et blanchiment d'argent, l'avocat de la partie civile a estimé que l'accusation de corruption ne tient pas, et souhaite une requalification des faits en "recel d'abus de confiance".

    Retrouvez le précédent live ici.

À propos

Il est rare d'assister à une telle scène : Maître Olivier Gutkes, avocat de la partie civile, a demandé au parquet de requalifier les faits. Représentant de Mercialys, propriétaire du Cap Sacré Coeur, le juriste considère qu'il n’y a pas eu d’exécution de contrepartie en échange des fonds alloués aux parties associations, et qu'il n'y a donc pas de corruption.

Depuis le début du procès, en effet, les avocats de la défense se sont évertués à démontrer qu'Olivier Hoarau n'avait pas eu de pouvoir d'intervention dans l'extension du Cap Sacré Coeur. Des mouvements d'argent suspects, qui étaient destinés à des associations du Port, posent cependant toujours question.

"Ces fonds ont été siphonnés, ils ont été remis à des personnes qui n’auraient pas dû en être destinataires. En effet cet argent est parti à droite, à gauche, en chèque, ça part. L’argent versé à une association disant s’occuper de la jeunesse défavorisée a servi à payer des chaussures aux petits enfants du dirigeant de l’association" a noté Maître Olivier Gutkes ce jeudi.

Il a cependant "estimé, en son âme et conscience, que l'accusation de corruption ne tient pas". Il a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu'il n'avait pas trouvé de preuve d'existence de corruption, et qu'un enquêteur lui-même a estimé que "l’existence d’un pacte de corruption et de trafic d’influence mettant en cause Olivier Hoarau n’est pas clairement établie".

Le juriste réclame une requalification des faits visant les responsables des associations pour abus de confiance, et pour recel d'abus de confiance concernant Olivier Hoarau.

Il a par ailleurs annoncé qu'il engagera une procédure dès la semaine prochaine à l'encontre de Jean-François Latouze, qui était entendu uniquement en tant que témoin dans ce procès. Mais ce dernier, interrogé à la barre, a admis s'être servi des fonds alloués à son association à des fins personnelles.

Il est rare que les parties civiles ne soutiennent pas l'accusation. D'ailleurs, après la plaidoirie de ce dernier, les mis en cause avaient plutôt le sourire, tandis que les avocats ont longuement discuté avec la procureure, avant de s'isoler dans le bureau du président d'audience.

Dans ce contexte, on peut imaginer pour l'heure plusieurs scénarios. Les avocats de la défense pourraient soutenir la demande de la partie civile. Le tribunal pourrait trancher dès ce vendredi matin, ou bien décider de joindre l'incident au fond, c'est-à-dire de continuer la procédure en demandant à la procureure de faire ses réquisitions, aux avocats de faire leur plaidoirie, et enfin décider au délibéré d'accéder, ou non, à la demande de la partie civile.

Lire aussi : Cap Sacré-Cœur : l'avocat de la partie civile demande une requalification des faits en "abus de confiance"

 - Rappel des faits -

Pour rappel, Olivier Hoarau et les quatre autres mis en cause dans l'affaire supposée de corruption au Port avaient été placés en garde à vue le 2 février 2021, au petit matin.

Les faits présumés portent sur des dysfonctionnements financiers qui auraient eu lieu lors de la mise en place de l'extension du centre commercial Cap Sacré-Coeur.

L'édile Portois, son directeur de cabinet, Bernard Payet, son ancien premier adjoint et actuel conseiller municipal Fayzal Ahmed Vali, un représentant de la société Casino et la compagne de Fayzal Ahmed Vali avaient passé deux jours en garde à vue, à l'exception de cette dernière qui avait été libérée après quelques heures de garde à vue, avant d'être présentés au parquet.

Quatre d'entre eux ont finalement été mis en examen : Olivier Hoarau et Fayzal Ahmed Vali ont été mis en examen pour corruption passive et blanchiment d'argent, Bernard Payet a été mis en examen pour corruption passive, tandis que Eric Heinz a été mis en examen pour corruption active.

Leila Bibi Moussa comparait aussi dans ce procès pour blanchiment d'argent.

Les enquêteurs se sont penchés sur l'affaire de l’extension du centre commercial Cap Sacré-Cœur en 2013-2014. A l'époque, Fayzal Ahmed Vali, alors président de l'association des commerçants du Port, était contre le projet d'extension voulu par la société Casino.

Revirement de situation en 2014, après l'élection d'Olivier Hoarau à la tête de la commune portoise et de Fayzal Ahmed Vali en tant que premier adjoint. Ce dernier passe un accord avec Casino au nom de l'association des commerçants. Les deux parties conviennent, en tout légalité, que le groupe commercial verse une aide financière aux commerçants portois dans le cadre d'une redynamisation du centre-ville. Tout aussi légalement Casino verse aussi des subventions à plusieurs associations sportives du Port.

C’est ensuite que les choses se corsent. En effet selon les poursuites, une partie des sommes versées aux clubs de sport aurait ensuite été reversée sur le compte de Fayzal Ahmed Vali, qu’il aurait lui-même versé sur le compte d’Olivier Hoarau. Les faits reprochés portent sur "d’importants flux financiers" avait indiqué le procureur de l'époque, Éric Tuffery, à Imaz Press Réunion.

Le montant en cause porterait selon les poursuites sur plusieurs centaines de milliers d’euros. Le montant en cause porterait sur plusieurs centaines de milliers d’euros. L'association des commerçants aurait reçu 125.000 euros de Casino et la Jeanne d'Arc, le club de foot phare de la ville, 140.000 euros en quatre ans, soit une moyenne de 35.000 euros par an.

En juin 2021, Olivier Hoarau avait tenté de faire annuler toute la procédure auprès de la chambre d'instruction, contestant la "régularité de son interpellation". Le parquet général avait rejeté sa demande, confirmant sa mise en examen.

www.imazpress.com / [email protected]

 

guest
11 Commentaires
Missouk
Missouk
3 mois

Au suivant...

Ni plus-Ni moins
Ni plus-Ni moins
3 mois

Vous avez raison, l’exemplarité doit être requise. Si il y a malversations l’élu comme les fonctionnaires doivent être sanctionné sévèrement.
Le Port est la commune qui compte le plus de démunie, de situation précaires, c’est une trahison envers ce peuple qui a voté pour lui.
Une honte, quand on sait qu’il a un salaire de fonctionnaire + La vice présidence du TCO + membre = plus de 6800€.
Avec un salaire pareil, mensuellement, sans prendre en compte, la voiture, l’essence…, téléphone, restaurants (à l’œil), invitation des amis (avec retour ascenseur)…
Il y a trop à dire, de ce super riche, voleur.

Michel
Michel
3 mois

Madame la procureure ils faut condamné que les élus de droite et pas la gauche. Au fait Madame la procureure ,quand ça le procès des emplois familiaux de la région de Madame bello ?

Le dionysien
Le dionysien
3 mois

Bravo. Belle analyse de la situation actuelle

Connaisseur de la vie publique
Connaisseur de la vie publique
3 mois

Il est désormais tristement notoire que certains responsables politiques abusent des deniers publics. Beaucoup exploitent leur position pour satisfaire des intérêts personnels : entretenir conjointement épouses, maîtresses, progéniture et cercle familial ou amical élargi. Ce pillage systématique des caisses de l’État, justifié par des demandes incessantes de fonds auprès du gouvernement, exaspère une population de plus en plus lucide et consciente des pratiques en vigueur dans l’île.
Le peuple, loin d’être dupe, a pris la mesure de cette corruption endémique. La situation exige une intervention judiciaire ferme et exemplaire. En ce sens, il revient à des magistrats tels que Madame Denizot et le juge Duchemin d’imposer des sanctions d’une sévérité inégalée. Ces peines devraient inclure, sans la moindre indulgence, la confiscation des biens mal acquis, la saisie des comptes bancaires et assurance vie, l’inéligibilité à vie, de lourdes amendes susceptibles d’ébranler profondément les fortunes illégitimes, ainsi qu’une interdiction absolue d’exercer toute fonction publique.
Le constat est accablant : nombreux sont ceux qui entament leur premier mandat sans patrimoine notable, pour en ressortir millionnaires. Ces comportements traduisent une entrée en politique davantage motivée par l’appât du gain que par une authentique vocation de service public.
Si la justice humaine tarde parfois à rétablir l’équilibre, il reste à espérer que la justice divine, implacable et inévitable, finira par exposer ces individus au grand jour, les dépouillant de leur impunité et de leur arrogance.

Titeuf
Titeuf
3 mois

La procureure « croit », elle « pense que », elle « affirme ». je suis pas juriste mais ce sont ps des preuves juridiques ça non?

Letchis
Letchis
3 mois

Application de la loi sapin aurait dû être prononcée de suite, en plus il fera appel. Un maire condamné peut-il exercé ? Dans la fonction publique il devrait perdre son emploi d,'attaché territoriale....que fera le conseil départemental ? Encore quelques ballots de letchis....

sherlock
sherlock
3 mois

400 000 euros syphonnés pour 130 000 euros d'amende : jolie + value M. le Maire et consorts : 270 000 euros :thumbup:

Prison ferme
Prison ferme
3 mois

Come Didier robert ces élus qui trichent méritent la prison ferme.

Si ou lé oku, ou engraisse pas ou avec la politique. Ou sa travaille honnêtement.

ZembroKaf
ZembroKaf
3 mois

"on" se protège entre "rokins" !!!

Portoise
Portoise
3 mois

La ville du port n est pas du tout redynamiser. Bientôt centre ville sera comme saint benoit. Centre ville morte. Les portois et autres vont vers le cap sacré cœur et alentours. Si le maire vivait au dessus de ses moyens qu il assume aussi ses responsabilités et ne laisse pas ses amis dans la gadoue.