La Réunion fortement taxée

Droits de douane en outre-mer : Manuel Valls dénonce un "cumul d’incohérences, d’absurdité et d’incompétence"

  • Publié le 4 avril 2025 à 09:21
  • Actualisé le 4 avril 2025 à 13:55
Droits de douane en outre-mer : Manuel Valls dénonce un

La décision de Donald Trump d’imposer aux territoires ultramarins des droits de douane différents de ceux de la France hexagonale sur les produits importés aux États-Unis témoigne d’un "cumul d’incohérences, d’absurdité et d’incompétence", a réagi ce jeudi 3 avril le ministre des Outre-mer, Manuel Valls. (Photo photo RB/www.imazpress.com)

"L’intention initiale de taxer différemment les territoires ultramarins est profondément politique. Elle témoigne surtout du cumul d’incohérences, d’absurdité et d’incompétence", a-t-il déclaré précisément à l’AFP jeudi. "La baisse des droits de douane est un héritage de la paix. Cette décision rappelle les erreurs des États-Unis dans les années 20 et 30", a encore ajouté le ministre.

Car, bien que la France hexagonale et l’Union européenne écopent de droits uniformes de 20 %, les départements, régions (DROM) ou collectivités d’outre-mer (COM) se voient appliquer des taux sans logique apparente, sans que Washington n’ait clairement expliqué ses critères.

- "Un impact considérable" -

Saint-Pierre-et-Miquelon sera par exemple taxée à 50 %, mais ce sera 37 % à La Réunion ou 10 % en Polynésie. Ce qui a déclenché un mélange d’incompréhension et de colère dans les territoires concernés.

Du côté des élus ultramarins, la stupeur domine. "Il n’y a pas de cohérence", juge la sénatrice (LR) de Saint-Barthélemy Micheline Jacques, à la tête de la délégation sénatoriale aux outre-mer, qui redoute "un impact considérable pour certains territoires", notamment Saint-Pierre-et-Miquelon, dont l’économie repose en partie sur la pêche vers l’Amérique du Nord.

Le député de ce petit territoire à quelques encablures des côtes canadiennes, Stéphane Lenormand, se dit "inquiet" et dénonce une "forme d’incompréhension qui traduit l’incompétence de l’administration américaine".

Le président américain Donald Trump "est un ignorant", a commenté jeudi la présidente de Région, Huguette Bello, en réaction aux plans du gouvernement américain qui imposent aux territoires ultramarins français des droits de douane différents du reste de l'Union européenne.

"L’annonce de taxer les produits de La Réunion, qui en sa qualité de région ultrapériphérique fait partie de l’union douanière de l’Europe, à un taux particulier de 37 %, différent du taux appliqué en Europe, n’a donc aucun sens", ajoute Huguette Bello.

"Il convient par ailleurs de préciser que les produits de la pêche issus des eaux des TAAF relève de la souveraineté française et ne relève donc pas de droits de douanes qui s’appliqueraient à des produits originaires La Réunion", ajoute-t-elle.

Lire aussi - Droits de douanes pour La Réunion : la Région dénonce des "incohérences" et les risques sur l'économie mondiale

Pour le président du Département, "à l’heure où nous accompagnons nos entrepreneurs vers de nouveaux marchés, ces barrières douanières risquent de compromettre des années d’efforts et d’investissements.

Lire aussi - Trump impose 37% de droits de douanes : impact quasi nul pour La Réunion

À La Réunion, les exportations de biens atteignaient en 2022 environ 320 millions d’euros contre sept milliards d’euros d’importations annuelles, selon Ivan Odonnat, directeur général de l’Iedom-Ieom, la banque centrale des territoires ultramarins français.

- "Les Américains ont une vision du monde qui est la leur" -

Les taux de couverture - le rapport entre exportations et importations - sont très faibles : entre 5 % et 15 %, contre environ 90 % pour la France. "Ce sont des territoires qui n’existent nulle part sur la carte du commerce international", insiste Ivan Odonnat, qui doute de la pertinence des mesures de Donald Trump.

Sur le papier, les DROM, comme l’est La Réunion, font partie intégrante du territoire douanier de l’Union européenne. À ce titre, ils devraient être soumis à la même taxation que la métropole. Les COM, elles, disposent de plus de souplesse tarifaire.

Pourtant, Washington a visiblement choisi d’ignorer ces subtilités juridiques. "Les Américains ont une vision du monde qui est la leur", glisse le directeur de l’Iedom-Ieom : "Pour eux, les territoires français d’outre-mer sont surtout d’outre-mer et à peine français". Une vision que l’ancien ministre des Outre-mer et sénateur de la Guadeloupe Victorin Lurel juge "étonnante" : "c’est quelque part une contestation de la présence française dans ces territoires", estime-t-il.

www.imazpress avec AFP/redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
Missouk
Missouk
6 mois

Il dénonce comme ses prédécesseurs, mais rien ne sera fait, comme d'habitude!

Maxime
Maxime
6 mois

Aaaah, c'est sûr que quand on est de l'autre côté de la barrière, c'est pas pareil, hein? La barrière des droits de douane inconsistants, incohérents, qui n'ont aucun sens...

Dans les territoires d'Outre-Mer on a toujours connu ça, pourtant. Mon colis va t-il être taxé? Si oui, à combien? Impossible de le savoir à l'avance, la tarification est souvent au bon vouloir du douanier. La seule constante dernièrement, c'est les frais de dossier qui ont explosé, et qui eux au moins sont prévisibles, maintenant...

En espérant que cela puisse faire réfléchir nos têtes pensantes de l'hexagone, mais j'ai hélas quelques doutes là dessus.

Ministre a raison
Ministre a raison
6 mois

Le ministre a raison

HULK
HULK
6 mois

Le titre de l'article colle tout à fait à la politique de MACRON. C'est remarquable.