Ce samedi 2 juillet 2016, Kaf Malbar signe son retour sur scène au Palaxa. Et si ces derniers temps, l'artiste a davantage fait parler de lui par autre chose que la musique (entre rasage de tête et coups de feu), il assume toujours son rôle de "dada" du dancehall réunionnais. Et entre "douy si douy", le message est toujours "subliminal".
"Omniprésent, pas besoin come back !" : c'est dans "Que Pasa", un de ses nouveaux titres qu'il le proclame. Mais Kaf Malbar signe tout de même son retour sur scène avec quelques changements. Et si l’habit ne fait pas le moine, ici les cheveux ne font pas l’artiste. Car les dreadlocks ont peut-être disparu mais la créativité du chanteur, elle, est toujours intacte. "Sé pa mon shevé i fé Kaf Malbar, mon shevé i shante pa" souligne t-il, sourire aux lèvres et lunettes de soleil sur le nez.
Souvent perçu comme le "dada" du dancehall à La Réunion, il revient sur scène avec une nouvelle formation live et un show tout frais au Palaxa ce samedi. L’enfant du Chaudron a le verbe facile et la critique subtile : "Le kok lé dann la bas kour, moin mi joué dann la ote kour". A bon entendeur...
Dans ses derniers morceaux, l’artiste s’est montré cash, parfois violent, joint à la main et regard sombre. Une surprise quand on se rappelle du reggae et du one love qu’il prônait fût un temps. Mais ce nouveau personnage apparaît aussi comme un retour aux sources (qui ne se souvient pas de l'époque de Futur Krew?) On a toujours en tête la mésaventure entre lui et DJ Skam, lorsque les clashs sur les réseaux sociaux se sont transformés en coups de feu lors du face à face. Se réfugier dans l’église de la cité cow-boy n’a visiblement pas apaisé le chanteur. Mais, après tout, "kan ou done lamour é ou rosoi la ène, ou done la ène". L’explication tient la route et reflète la voie (ou voix) que prend actuellement le chanteur.
A 38 ans, l’homme a désormais près de quinze ans de carrière derrière lui. Son souhait actuel : rajeunir son équipe et son show. Pour sa première partie, c’est JonesKilla et Black T qui assureront l’ambiance. Des artistes tout frais avec de l’énergie à revendre. Si l’un est plus dans le mouv’ virulent "Moin mi koz pa mi fai !", l’autre sera davantage en douceur du genre "Lès aou alé". Deux styles qui vont correspondre et fusionner ce samedi. Quant aux musiciens qui accompagneront Kaf Malbar, ils viennent tout droit de Saint-Paul et sont âgés de 17 à 23 ans.
Outre les morceaux inédits, le spectacle qui durera près d’une heure comptera très certainement quelques classiques. Même si l’artiste ne tient pas à sombrer dans le piège de la nostalgie : "C’est un nouveau show qui mettra du piment dans le mouvement réunionnais ! Avec un nouveau Kaf Malbar plus mûr, la tête davantage sur les épaules".
"Off, mortel glock, fils à mort mi rigole" : cette punchline issue du morceau "Off" rappelle que le fils est toujours présent, non loin de son papa, autant sur scène que dans ses clips. Et KM ne cache pas son attachement filial : "Karim, c’est ma force". Sa force, et aussi son thermomètre. Scolarisé au collège Les Aigrettes, le petit tient régulièrement son père au courant de ce qui s’écoute chez la jeunesse réunionnaise. Et lorsqu’on le lance sur le potentiel modèle qu’il représente sur cette jeunesse, Kaf Malbar ne se montre pas inquiet : "Y a des artistes qui montrent des trucs plus hard dans leurs clips ou leurs chansons. Na bann zafèr pli grave. Moi, je suis naturel, je ne fais pas semblant en disant qu’il n’y a que de l’amour". Et de rappeler que certains morceaux sont clairement destinés au côté festif tandis que d’autres lui conféreront davantage un rôle de porte-parole. Pourvu que le son soit "toujours au top".
"Fo nou fait atensyon, fo nou pran garde, la zénès la bezoin anou". Sur la jeune scène artistique, Kaf Malbar pose un regard… bienveillant. Car "si li té tou sèl, té pas pareil". Il poursuit ainsi : I fo na bokou de styles isi La Réunion, sé sa i fé in mouveman konkré". De là à mettre fin au temps des clashs et des rumeurs, il n’y a qu’un pas. Et quand il s’agit d'ailleurs d'évoquer les désagréments de son genre, l’artiste la joue cash. " Na domoun i ème bézman é na lè ote, sat i ème mon mizik !" A son public de se ranger ensuite dans l’une ou l’autre catégorie.
On se rappelle aussi de l’époque où l’artiste chantait allègrement : "Ils veulent ma peau, je ne comprends pas pourquoi ils veulent ma peau, calomnie sur calomnie !". Aujourd’hui, il assimile ces commérages à la "rançon du succès". Mais lui "n’a rien à se reprocher" et s’il vise untel ou un autre dans ses sons, il est certain que les intéressés se reconnaîtront. Comme il le clamait régulièrement auparavant : "Paské sé kozman séryé sa !"