La campagne de rappel concernant le scandale des airbags Takata est loin d’être terminée. En cette fin d'années 2025, le scandale persiste avec de nouvelles campagnes de rappel pour divers modèles de voitures. Au 30 novembre 2025 à La Réunion, 20.416 véhicules restent encore à traiter, "44.115 véhicules ont été contrôlés (dont 16.698 depuis la campagne Stop Drive) indique la préfecture à Imaz Press. Des dispositifs défectueux, qu’il convient désormais de détruire. Un airbag Takata ne se jette pas comme une pièce ordinaire. Il contient une charge explosive qu’il faut traiter avec précaution (Photos : sly/www.imazpress.com)
À La Réunion, par arrêté préfectoral du 7 juillet 2025, seul Métal Réunion, s’en charge durant toute la campagne de rappel. Ce travail de l’ombre garantit la sécurité sur nos routes tout en donnant une seconde vie à ces pièces explosives. Écoutez Vincent Bernard-Lafoucrière, sous-préfet, directeur de cabinet du préfet.
"La procédure est décrite dans le cadre d'un arrêté avec des mesures d'urgence pour ces airbags", explique Laurent Lambert, directeur des activités environnement chez Métal Réunion. "Nous avons travaillé avec l'État pour trouver une solution qui réponde à ce besoin de traitement, tout en garantissant la sécurité de nos installations et des travailleurs", ajoute-t-il.
- Les airbags Takata retirés scrupuleusement des véhicules concernés -
Le démontage de l'airbag débute dans le garage où le propriétaire du véhicule dépose sa voiture après rappel. Les airbags retirés doivent être stockés, transportés vers des centres agréés, neutralisés puis recyclés.
Une opération "complexe car il y a des modèles de batteries où, lorsqu'on les débranche, il y a un risque de brûler les boîtiers FRM (dispositif qui sert à bloquer les vitres et les feux)", explique Sébastien, un des garagistes.
Raison pour laquelle l'opérateur "met le véhicule en veille avant d'enlever l'airbag".
Si côté conducteur, le dispositif défectueux se trouve dans le volant, côté passager, il "faut démonter le tableau de bord".
Une fois ces airbags démontés, ils sont stockés dans des futs qui seront par la suite envoyés à Métal Réunion.
- Le casse-tête du recyclage des airbags Takata -
Lorsqu’un airbag est remplacé, il doit être stocké. Mais le stockage seul ne suffit pas. Chaque airbag contient du nitrate d’ammonium, un produit instable. Ce composant doit être neutralisé avant toute autre étape.
Au Port, l'entreprise Métal Réunion est la seule habilité à prendre en charge ces airbags. Exceptionnellement, Imaz Press a pu se rendre sur les lieux où les airbags sont traités. Ce jour-là – pour des raisons de sécurité – l'activité était à l'arrêt. Regardez.
"Les airbags sont transportés dans des emballages conçus pour les matières dangereuses en nombre limité. Il n'y a pas plus de 50 airbags par emballage collectés par des transporteurs agréés", explique Laurent Lambert. 500 airbags maximums sont stockés sur le site du Port, dans un conteneur renforcé par un blindage.
Ces airbags sont ensuite traités un par un, dans "des cabines renforcées, conçues spécialement pour pouvoir déclencher l'airbag à l'aide du système relié". "L'opérateur en charge est protégé par un cabinet, un équipement spécial ainsi qu'un écran en plexiglas épais pour faire une sécurité antiprojections supplémentaire", dit-il.
Après chaque explosion, il faut respecter un temps d'attente de 5 minutes, avant de refroidir l'airbag dans une cuve de récupération, et de découper les différents éléments (métaux et plastique). Écoutez.
Il le dit : "quand l'on ressort l'airbag de là, on voit bien les composants expulsés avec des projections qui peuvent devenir des armes dans une voiture".
Entre 100 et 150 airbags sont traités chaque jour.
Laurent Lambert le rappelle, "il est indispensable d'avoir les fils d'origine des airbags, sans quoi le processus de déclenchement ne peut avoir lieu".
- Une fois le danger écarté, les airbags valorisés ou enfouis -
La partie métallique de ces airbags est ensuite valorisée. "Elle est traitée avec les autres métaux pour exportation", indique Laurent Lambert.
À l'inverse, il n'existe aucune filière de revalorisation pour le sac en plastique à La Réunion. "Nous travaillons à une solution pour pouvoir les valoriser, comme le réemploi", dit-il.
En attendant, "ces déchets partent à l'enfouissement".
- 20.548 véhicules encore en circulation à La Réunion -
Les campagnes de rappel s’enchaînent et ont du mal à se terminer. À ce jour, 42.671 véhicules ont fait l'objet d'un changement d'airbag à La Réunion. 20.548 continuent de rouler sur les routes réunionnaises avec un airbag défectueux, "en y enlevant les véhicules qui auraient pu être détruits ou exportés", a indiqué lors d'une conférence, le directeur de cabinet du préfet, Vincent Bernard-Lafoucrière.
"Lorsqu'un rendez-vous ne peut être offert dans les 15 jours, le concessionnaire a obligation de mettre à disposition un véhicule de prêt ou de proposer une solution de remorquage", indique Vincent Bernard-Lafoucrière, faisant référence à l'arrêté publié le 29 juillet au Journal officiel.
Si votre véhicule a été fabriqué entre 1998 et 2019 : vérifiez si vous êtes concernés via le site dédié, ou contactez votre constructeur.
- Plusieurs instructions judiciaires en cours et une mise en examen -
Compte tenu de la gravité des faits et de leur dimension transnationale, la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) de Paris est en charge des dossiers complexes et à grande portée.
À La Réunion, Leal Réunion, distributeur automobile, a été mis en examen le 27 mars 2025 pour les blessures d’un conducteur d’un véhicule, liées à l’explosion de son airbag Takata. Une première en France. Lors de son interrogatoire, le responsable a affirmé que sa société avait fait "tout son possible" pour avertir les utilisateurs de BMW et évoqué de nombreuses difficultés pour parvenir à les joindre.
Me Guillaume Martine, l’un des avocats de la société, "entend démontrer que Leal Réunion a mis en œuvre toutes les diligences possibles pour empêcher que ne surviennent des accidents, en tenant compte de la faible connaissance, à l’époque, de la dangerosité des airbags défectueux".
Mobilisée depuis des années sur ce dossier, UFC-Que Choisir a annoncé mardi 22 juillet 2025 avoir saisi le tribunal judiciaire de Paris pour obtenir réparation des préjudices subis par les automobilistes confrontés depuis 2023 aux rappels d’airbags Takata.
- Trois décès confirmés en lien avec un airbag Takata à La Réunion -
Un jeune homme de 23 ans a été tué dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 novembre 2025 sur la route des Tamarins après un accident de la route et dont le décès "est apparaît consécutif à l’impact d’une pièce métallique liée à l’airbag", a précisé la procureure de la République.
Le décès de cet automobiliste porte donc à trois le nombre de victimes à La Réunion, en lien avec l'explosion d'un airbag Takata. Une expertise du véhicule a été ordonnée. Des investigations sont en cours pour vérifier si le véhicule faisait l’objet d’une campagne de rappel.
Deux autres Réunionnais ont perdu la vie à cause de ces airbags. Le premier drame remonte à 2021, lorsqu’une mère de famille de 39 ans a trouvé la mort dans un accident à La Saline-les-Bains.
Plus récemment, dans la nuit du 30 au 31 janvier 2025, un automobiliste est décédé sur la NRL. Selon le parquet de Saint-Denis, l’explosion de l’airbag Takata est bien en cause. La victime conduisait une Honda Jazz de 2003, pourtant visée par une procédure de rappel.
Un troisième cas suspect, remontant à 2016, est réexaminé. Et en janvier 2025, une autre femme a été grièvement blessée, dans un choc pourtant peu violent.
En France, le ministère des Transports compte 18 morts et 25 blessés - dont 17 décès et 24 blessés dans les Outre-mer.
Une nouvelle enquête autour d'une mort suspecte a également été ouverte dans ce dossier fin octobre en Nouvelle-Calédonie
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