Des familles sommées de quitter leur hébergement d'urgence… voilà la situation qui arrive à chaque période de vacances scolaires à La Réunion. Ces hommes, ces femmes, ces enfants logés dans des hôtels ou résidences touristiques de l'île, doivent faire la place aux touristes de passage. Si pour ces familles des solutions de relogement provisoire ont été trouvées, reste que cette situation est récurrente et que les places en hébergement d'urgence se font plus que rares (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)
Dernièrement, une dizaine d'adultes et une vingtaine d'enfants ont dû quitter leurs logements d'urgence. Hébergés en résidence touristique dans l'ouest ou dans des hôtels, ils ont pu être relogés.
Des familles délogées en amont des vacances scolaires en raison du besoin des résidences à répondre à la demande touristique.
"En raison de l'approche des vacances scolaires, les centres de vacances de la fédération FOS Réunion (La Poste – Orange et leurs filiales) de la Saline-les-Bains et de la Plaine des Cafres ont demandé la libération de leurs locaux", indique la préfecture, interrogée par Imaz Press.
"11 familles étaient hébergées au titre de l'hébergement d'urgence", ajoutent les services de l'État.
"La situation était connue et elle a été gérée en amont." "Toutes les personnes ont été prises en charge et relogées vers d'autres lieux d'hébergement d'urgence", ajoute la même source.
Quatre familles qui étaient encore en attente d'une solution de relogement ont été prises en charge. "Deux ont été prises en charge par les dispositifs hébergement d'urgence", précise la préfecture. "Les deux autres – en raison de leur typologie (femme enceinte avec quatre enfants et couple avec cinq enfants) – ont été prises en charge et hébergées par le Département."
- 400 places d'urgence seulement à La Réunion -
Selon la règlementation en vigueur, c'est le 115 – numéro d'urgence sociale – qui gère l'attribution des hébergements d'urgence en fonction des priorités. Dans ce cadre, les femmes victimes de violences conjugales sont par exemple, prioritaires.
À La Réunion, les centres d'hébergement de réinsertion sociale disposent de 400 places. "Si nécessaire par manque de places ou vulnérabilité particulière le 115 redirige vers l'offre hôtelière dans le cadre de conventionnement et d'un paiement à la nuitée", indique la préfecture, qui permet la mise à disposition de 250 places… sauf pendant les vacances scolaires.
Concernant les hôtels, les établissements de l'État sont liés par une convention fixant notamment le tarif des chambres. "Les conventions sont renouvelées régulièrement afin de garantir des prix corrects aux hôteliers et de prévoir les périodes où les chambres seront disponibles" expliquent les services de l'État.
Des gestionnaires hôteliers qui peuvent en effet demander la libération de leurs locaux en fonction de leurs besoins.
- Entre tourisme et urgence il faut choisir -
Mais voilà, ce problème se présente à chaque période de vacances scolaires.
"Dans le cas de ces personnes, il y a l’enjeu de trouver une solution immédiate, dans le meilleur des cas avec une continuité de la prise en charge par le SIAO (Service intégré d'accueil et d'orientation), dans le cas le plus compliqué, les personnes trouvent des solutions temporaires (hébergement chez des tiers), avec un risque que ces solutions ne durent pas et donc retour au 115… ", lance Matthieu Hoarau, directeur régional de la Fondation Abbé Pierre.
"À chaque vacances scolaires, il y a ce risque de perdre des places. Il est essentiel que l’État puisse les sécuriser sur l’année pour éviter de mettre sous pression d’une part les équipes du 115, les écoutants et d’autre part les familles qui ne savent pas où aller du jour au lendemain", ajoute-t-il.
S'il est si difficile de trouver un hébergement d'urgence, c'est que "c'est la saturation", note Matthieu Hoarau.
"Des personnes ne sont pas prises en charge ce qui renforce leur exclusion et conduit à ce que des personnes meurent à la rue ou refusent des propositions même en situation d’urgence comme un cyclone", ajoute-t-il en faisant référence aux sans-abris décédés lors du passage de Belal ou encore de la femme décédée à Saint-Denis.
- À quand un logement pour tous ? -
"Il y a plusieurs choses qu’on a déjà exprimé par le passé et qu’on va aborder dans les prochains jours et avec la publication du prochain rapport mal logement : l’enjeu est de garantir le droit à l’hébergement d’urgence, de manière inconditionnelle, à toute personne en détresse", précise le président de la fondation Abbé Pierre à La Réunion.
Parmi les points-clés : maintenir des places en hôtel pour faire face à l’urgence aussi bien pour les familles que pour les personnes isolées, développer des résidences sociales, des foyers jeunes travailleurs et des Maisons relais, favoriser l’accès au logement des personnes qui sont en structure d’hébergement (ex : CHRS) depuis plus de 6 mois (ce qui est l’un des critères du DALO = Droit au logement opposable), ce qui permettrait de libérer des places d’hébergement.
Ou encore créer un CADA (centre d’accueil pour demandeurs d’asile), faire en urgence de l’hébergement ou du logement dit intercalaire en utilisant des bâtis existants non utilisés et probablement dédiés à d’autres usages et produire du logement très social et mobiliser le parc privé à des fins sociales.
Il faut savoir qu'à La Réunion, "il existe près de 46.000 demandeurs de logements pour 6.000 attributions", indique Erick Fontaine de la Confédération nationale du logement (CNL).
Il manque donc près de 30.000 logements sociaux comme privés.
De plus, "quand une personne réussit dans un quartier mais que son salaire dépasse le plafond de 100 euros elle n'a pas le droit à un logement social" et pourtant, "elle est trop riche pour bénéficier d'aide au logement", s'insurge-t-il.
Déjà en début d'année, Imaz Press lançait l'alerte sur le manque de place à La Réunion. Lors de la période du Grand Raid, le problème était déjà soulevé. Mais depuis, rien ne semble avoir changé.
À La Réunion, selon les derniers chiffres de la fondation Abbé Pierre, le nombre de personnes accueillies dans les accueils de jour a presque doublé, passant de 991 personnes en 2019 à 1.845 en 2022.
De plus, les demandes de mise à l'abri au 115 sont passées de 34.334 en 2020 à 48.565 en 2022.
Parmi ces demandes, des femmes, souvent seules, avec leurs enfants (33% en 2022). Pour exemple, le pourcentage d'hébergement des femmes isolées en Abri de nuit a quant à lui fortement augmenté ces dernières années. "Toutefois, le dispositif apparait, à bien des égards, inadapté et insuffisant pour répondre de manière satisfaisante à la mise à l'abri de ce public", note la fondation.
Une difficulté qui, selon les données de la fondation, s'accentue pour les femmes victimes de violences. "D'après le SIAO, le contexte des violences constituait ainsi 38% des orientations en hébergement d'urgence en 2021."
"Face à l'urgence sociale, il est impératif d'agir pour mettre à l'abri toute personne, quel que soit le statut administratif, la composition familiale, l'âge ou le genre", note la fondation.
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
heureusement pour les dames seules- et quelques hommes sérieux- il y a la "co habitation solidaire" offerte par l'association SOS Gramounes isoles" qui a en permanence au moins une douzaine d'offres pour les dames seules en difficulté de trouver un logement. TEL 0262 582 581 en journée
Concernant les femmes victimes de violences conjugales c'est parce qu'elles osent déposer que de +en+ plainte.
La question que je me pose, c'est : pourquoi les demandes ont explosées?