Ce samedi 1er et ce dimanche 2 octobre 2022, l'Orchestre de la Région Réunion donne une série de concert. Le programme, "Les tableaux d'une exposition" de Modeste Moussorgski. Nous publions ci-dessous leur communiqué. (Photo d'illustration)
Avec les Tableaux d’une exposition, Moussorgski livre l’une des créations les plus originales jamais conçues pour le clavier. Les 10 pièces de cette suite frappent surtout par leur liberté rythmique et un traitement quasi orchestral du piano.
Moussorgski manifesta un tel engouement pour les peintures de Hartmann qu’il termina son œuvre en deux mois. Alcoolique dès 25 ans et peu discipliné dans son travail, Modeste Moussorgski a néanmoins laissé, après sa mort prématurée, un héritage musical dont l’imagination puissante n’a d’égale que la profonde originalité. Son catalogue comporte une vingtaine de pièces pour le piano, mais seuls les Tableaux d’une exposition méritent réellement la qualification de chef-d’œuvre. Moussorgski les compléta en 1874, à l’issue de la rétrospective qui fut organisée autour de l’œuvre de son ami Victor Hartmann, mort l’année précédente. L’univers artistique de ce peintre, également architecte, reflète les traditions populaires russes, manifestant ainsi les mêmes préoccupations que Moussorgski et ses amis du «?Groupe des Cinq?» (Rimsky Korsakov, Balakirev, Borodine, Cui et Moussorgski) à l’égard de la musique folklorique dont ils se voulaient les exégètes. La partition est d’ailleurs dédiée à Vladimir Stassov, critique musical et figure tutélaire du Groupe, mais aussi l’organisateur de cette exposition de quelque 400 aquarelles, maquettes de théâtre et dessins architecturaux de Hartmann. Moussorgski éprouva un tel enthousiasme que, à rebours de ses habitudes de travail plutôt chaotiques, il termina son œuvre deux mois seulement après sa conception.
La partition présente une succession de tableaux qui offrent une grande diversité de suggestions très expressives.
Prenant comme fil conducteur un thème bref et caractéristique – la «?promenade?» d’une toile à l’autre -, la partition présente une succession de tableaux qui offrent une grande diversité de suggestions, toutes plus expressives les unes que les autres. La conception d’ensemble, très homogène, relève prima facie de ce qu’on appelle la «?musique à programme?», mais ce terme ne doit pas être tenu pour trop réaliste?. En fait, l’intérêt de ces 10 pièces – de Gnomus à la Grande porte de Kiev – provient d’une ambition pianistique si visionnaire qu’elle fait presque oublier l’instrument, poussé dans ses ultimes retranchements, au profit d’un orchestre virtuel (ce dont Ravel se souviendra). D’autant qu’un dépouillement parallèle de l’écriture n’en fait que mieux «?ressortir la saveur âpre de certains agrégats?», selon le pianiste Claude Helffer.
L’œuvre manifeste une conception musicale homogène et un singulier pouvoir d’évocation Sont croquées quelques pittoresques saynètes?: la description du gnome grotesque (Gnomus), la lourde charrette laborieusement tirée par des bœufs (Bydlo), le piaillement des poussins (Ballet des poussins dans leurs coques), les ragots des femmes faisant leurs emplettes (Le marché de Limoges). D’autres numéros investissent les sphères de l’évocation?: une scène médiévale de troubadours (Il vecchio castello), le monde des jeux enfantins (Aux tuileries), l’imaginaire fantasque de la sorcière Baba Yaga (La cabane sur des pattes de poule), la pénétration psychologique de personnages très typés (Samuel Goldenberg et Schmuyle), l’inquiétante description du monde des catacombes (Sepulchrum romanum) et l’architecture monumentale (La grande porte de Kiev).
Certains musicologues ont fait observer l’agencement symétrique qui préside à la répartition des sujets?: aux extrémités, se trouvent les thèmes principaux (la promenade et la porte de Kiev)?; plus au centre, les figures du rêve (le gnome et Baba Yaga)?; puis les peintures sociales (Vecchio Castello, Tuileries, l’attelage et les deux Juifs)?; et, tout à fait au centre, la plaisanterie que constitue le ballet des poussins.
En réponse à la commande de Serge Koussevitzky, Maurice Ravel réalisa une magistrale orchestration des Tableaux
La magistrale orchestration des Tableaux par Maurice Ravel résulte d’une commande du chef Serge Koussevitzky pour son Orchestre symphonique de Boston. La première audition eut lieu à Paris en 1923. L’arrangement demeura la propriété exclusive de Koussevitzky jusqu’à sa publication en 1929. Cette version a remporté un succès mérité dans le monde entier tant le génie à la fois intuitif et visionnaire du compositeur de Daphnis et Chloé conjugue l’exceptionnelle richesse créative de Moussorgski et la plus admirable perfection instrumentale qu’on connaisse, même si le premier à avoir arrangé (en partie seulement?: 7 des 10 tableaux) l’œuvre pour l’orchestre fut le compositeur et chef russe?Mikhail Touchmalov, en 1886. Depuis, s’y sont essayés – avec plus ou moins de bonheur mais jamais avec le même rayonnement – Léo Funtek, Henry Wood, Léonidas Leonardi, Lucien Cailliet, Léopold Stokowsky, Walter Goehr, Émile Naoumoff ou Vladimir Ashkenazy (pour ne citer qu’eux).
Comme si cela ne suffisait pas, de multiples arrangements non orchestraux des Tableaux ont vu le jour (épinglons la géniale transcription pour orgue de Jean Guillou), sans parler de l’écho non négligeable rencontré par certains thèmes et rythmes au sein des musiques actuelles… Rares sont les œuvres pianistiques à connaître une telle vie posthume?!
Composition de l’Orchestre de la Région Réunion
Violons 1 : Violons 2 :
Marc-André CONRY (Soliste) Marlène PIANET Eva TASMADJIAN Laura CONRY
Rachel CIZERON-BERTHOLIER Irwan HENRY
Maritchu AGUERGARAY Henintsoa RABARIJAONA Guillaume GRAS Pierre SALLES Ravo RABOANARISON Olivier CORDONIN Guy Noël CLARISSE
Altos : Violoncelles : Stéphanie DANIEL Christophe BONEY Marina GAZIELLO Aline SELLAYE Nathalie ANGELIQUE Annabelle MESSINA Jérémie FELIX Stéphanie CLERTE-AHO Judith GODEBERGE Julia COLMET-DAAGE Toni CATHERINE
Contrebasses : Flûtes Traversières : Jacky BOYER Daniel FLORENS (Flûte 1) Guillaume Alexandre ROBERT Florence LE GUYON (Flûte Piccolo) Romain GIRARDOT Ingrid MARYSSAEL (Flûte 2)
Clarinettes : Hautbois :
François MEILHAC (Clar. Basse) Alain FLEURY (Hautbois 1) Philippe MOURNETAS (Clar. 1) Anna MARSAN (Hautbois 2) Olivier DROUADAINE (Clar. 2)
Saxophone Baryton :
Bassons : Alain CHAN YU HON Mehdi EL HAMMAMI (Bas. 1)
Marielle FONTAINE (Bas. 2)
Saxophone Alto :
Luc JOLY
Cors :
Renaud TAUPINARD (Cor. 1)
Paul MUSYNSKI (Cor. 2) Trompettes :
Raphaël HUBAUT ST-MARC (Cor. 3) Cédric ISARD (Tp. 1) François RASCLE (Cor. 4) Joachim TEUF (Tp. 2) Yanne MARTIN (Tp. 3)
Trombones :
Arnaud DENJEAN (Tb 1) Percussions Classiques : Patrice BRISSON (Tb 2) Sophie GALLET German TOVAR (Tb 3) David FOURDRINOY Fanny SPAETH Jérôme GUERIN
Tuba :
Emilien COURAIT Piano-Célesta : Anne-Laure MONTAGNE
Harpe :
Lise TAUPINARD (Harpe 1)
Séverine LEDOUX (Harpe 2)
Direction artistique et orchestrale :
Thierry BOYER