Manque d’effectifs, réformes décriées...

Rentrée scolaire : 218.796 élèves retournent en classe sous le regard morose des syndicats

  • Publié le 23 janvier 2023 à 09:46
  • Actualisé le 23 janvier 2023 à 15:06
Rentrée scolaire 2022 Ecole Françoise Dolto Le Port

L'heure de la rentrée a sonné ce lundi 23 janvier 2023 pour les 218.796 élèves de l'académie de La Réunion. Une rentrée qui se fait une nouvelle fois dans un contexte tendu, alors que les syndicats alertent inlassablement sur le manque d'effectifs et la dégradation des conditions de travail et d'apprentissage. Si la rectrice Chantal Manès- Bonnisseau a dressé un bilan plutôt positif pour les mois à venir ce vendredi, du côté des syndicats, le son de cloche n'est pas tout à fait le même. (Photo photo RB imazpress)

"Cette année n'a pas bien commencé, et elle ne terminera pas bien" lance, cinglant, Cédric Lenfant, secrétaire général du SAIPER. "Il y a comme d'habitude un double langage : ce qu'on dit, et ce qu'il se passe vraiment. Comme une sorte de déni du côté du rectorat."

Les doléances sont nombreuses, mais le manque d'effectifs est la problématique la plus décriée – et ce depuis des années. "Il y a un vrai manque d'effectifs. Il n'y a plus assez de remplaçants, ce qui implique que nous n'avons plus accès aux formations sous peine de laisser les élèves sans professeurs", dénoncent d'une même voix les syndicats.

Un manque qui se répercute aussi sur le nombre d'élèves par classe, selon eux. "Nous avons de fait des classes de maternelles et de primaires de 28 élèves" dénonce Jean-Paul Paquiry, secrétaire départemental de FO Education, qui craint de nouvelles suppressions de postes pour la rentrée prochaine.

Une situation dont le rectorat a bien conscience. “On constate une baisse du nombre de candidats inscrits au concours de l’enseignement”, a en effet noté la rectrice, bien que La Réunion reste une académie attractive. "Notre métier ne fait plus rêver" souligne de son côté Cédric Lenfant.

- Manque d'AESH et Parcousup décrié -

La prise en charge des enfants en situation de handicap est aussi largement décriée. Lors de sa visite en septembre 2022, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, avait d'ailleurs été interpellé sur la question, et avait permis l'ouverture de nouveaux postes. Pas assez, selon les syndicats.

"C'est comme partout en France : de nombreux enfants n'ont pas accès à un accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH), et ce malgré les 110 postes qui auraient été créés" dénoncent-ils. "On a des élèves qui se retrouvent laissé en plan."

Si la rectrice a indiqué que de nouvelles dotations avaient été demandées pour la rentrée 2023/2024, aucun montant n'est pour l'heure décidé.

En attendant, c'est souvent aux enseignants et professeurs de s'adapter. "Au-delà de notre profession, nous sommes devenus infirmiers, éducateurs spécialisés, psychologues…Nous n'en pouvons plus, et cela est dû à une politique mortifère, que les politiques n'assument pas en assurant que tout va pour le mieux dans l'Education nationale" s'indigne Cédric Lenfant.

"On le voit d'ailleurs en ce qui concerne Parcoursup : c'est un outil de tri social" estime Jean-Paul Paquiry, alors que les inscriptions ont débuté mercredi 18 janvier. "C'est encore une fois une façon d'avantager l'élite" abonde Cédric Lenfant.

"Les réformes sont faites à la va-vite, par des personnes déconnectées du terrain. Comment voulez-vous qu'elles soient adaptées ?" s'interroge-t-il, dénonçant par ailleurs la suppression des groupes de travail entre syndicats et administration à La Réunion.

Les syndicats s'inquiètent d'ailleurs particulièrement de la réforme du lycée professionnel, qui devrait être votée cette année. "Nous commençons déjà à recevoir des directives, mais comme d'habitude nous avons la tête dans le guidon : on fait tout à la va-vite quelques mois avant la rentrée, et puis on retourne en arrière" dit Sandrine Peignon, syndiquée à la FSU.

"On demande plus de stages aux élèves, mais certains sont déjà pénalisés en l'état des choses, en raison de leur origine sociale par exemple, quand ils habitent dans des villes où peu d'entreprises sont présentes. On va renforcer ces disparités" souffle Cédric Lenfant.

Même son de cloche concernant les épreuves anticipées, mises en place avec la dernière réforme. "Nous sommes pour un retour d'un baccalauréat sous la forme de pré-réforme. Le calendrier est inadéquat pour notre île et nos élèves travaillent dans de mauvaises conditions" assure Jean-Paul Paquiry.

"C'est une autre réforme qui a été mise en place à marche forcée, mais qui met nos élèves dans un état de pression constante" déplore de son côté Sandrine Peignon.

 Enfin, alors que le niveau des élèves tend à baisser chaque année, le ministère a décidé de mettre en place un "plan orthographe". Plan qui manque largement d'ambition, selon les syndicats. "Tout ce qui est évoqué est déjà mis en place. Les dictées, la lecture, on le fait déjà" raille Cédric Lenfant.

Et si la rectrice a annoncé un million d'euros débloqués pour les "projets innovants", l'annonce ne semble pas enthousiasmer. "Ça fait 30 ans qu'on parle de projet innovant, c'est un mot magique quand lance un peu à toutes les sauces. J'attends de voir s'il y a une quelconque innovation" conclut Sandrine Peignon.

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