(Actualisé) Ce mardi, la cour d’assises de Saint-Denis a plongé dans le cœur du dossier Mathis Blaya. L’accusé a reconnu l’intégralité des faits, livrant un récit minutieux du vol puis du meurtre de Dominique Talbot. Il a aussi affirmé qu'au moment de l'agression la victime "n'avait pas peur", qu'elle lui a dit "tue moi" et qu'il s'était senti "provoqué". Mercredi l'avocat général a requis 30 ans de réclusion criminelle. La cour a prononcé 25 ans (Photo : sly/www.imazpress.com)
Le deuxième jour du procès de Mathis Blaya, ce mardi 28 octobre 2025, a été marqué par un long interrogatoire de l’accusé et le témoignage de ses parents. Âgé de 24 ans, originaire de l’Entre-Deux, le vingtenaire comparaît devant la cour d’assises de Saint-Denis pour le meurtre de Dominique Talbot, une femme qui l’avait hébergé quelques semaines dans sa maison du Tampon.
À la barre, le jeune homme a tout reconnu et a livré à la cour le récit détaillé du vol et du meurtre, minute après minute. En fin d’après-midi, les proches de la victime, parties civiles, ont pris la parole dans un climat extrêmement lourd.
- Un parcours cabossé -
Mathis Blaya naît en 2001. Adolescent, il quitte le département pour rejoindre l'hexagone. Il à 17 ans lorsqu'il arrive à Paris, logé par son frère. Très vite, il y rencontre des fréquentations douteuses. Son père, entendu en visioconférence, résume : "C’est là qu’on l’a certainement perdu". Le jeune homme a des problèmes avec son employeur, liés à des histoires de stupéfiants.
Il rentre à La Réunion en 2019, travaille un temps dans la restauration mais peine à trouver un logement stable. Il vit d’abord chez un autre frère, avec lequel il ne s’entend pas, puis chez Dominique Talbot, à qui il doit beaucoup. La retraitée de l'armée était allée jusqu'à régler un différend avec de probables dealers envers qui Mathis Balaya avait des dettes. Elle n'avait pas hésité à leur donner 2.000 euros en cash alors qu'ils s'étaient présentés à son domicile.
Sa mère parle d’un fils fragile, marqué par l’agression violente subie par son père, arbitre de football, à l’Entre-Deux. "Y’avait comme un sentiment d’autodestruction en lui", dit-elle à la cour.
- "C’est la drogue, c’est tout ça" -
Dès l'ouverture de l'audience criminelle ce mardi matin, la présidente Dorine Trombi s’adresse directement à l’accusé : "Vous avez des déclarations spontanées à faire ?" Mathis Blaya baisse la tête, triture ses mains, sa voix est faible : "Elle a été gentille avec moi… je suis vraiment désolé. Avec le recul, c’est la drogue, c’est tout ça." La magistrate lui rappelle qu’il n’avait pas ce discours en garde à vue ni devant le juge d’instruction. Il insiste : "Le problème, ce n’était pas elle, c’était ma consommation de stupéfiants. J’étais à bout dans l’engrenage de la drogue et je n’avais plus d’argent."
Il reconnaît les vols commis contre la victime plusieurs semaines avant les coups de couteau mortels : la carte bancaire utilisée pour 250 euros de dépenses, un chèque de 750 euros trouvé sans signature dans un tiroir et encaissé, les 1.850 euros prêtés qu’il n’a jamais remboursés malgré une reconnaissance de dette, les bijoux dérobés. "Le vol, c’est devenu une manie. J’ai même volé mon frère", confie-t-il en prenant sa tête entre ses mains.
- La nuit du meurtre -
Puis vient le cœur de l’interrogatoire. Mathis Blaya raconte, dans les moindres détails, la nuit du 2 au 3 septembre 2022. "J'arrive vers deux ou trois heures du matin, j’ai sauté le portail, j'entre par l’arrière du studio. Je sais exactement où je vais. C’est la deuxième fois que je viens chercher de l’argent."
Il fouille une commode, trouve un porte-monnaie sans argent mais avec une carte bancaire qu'il glisse dans sa poche. Dominique Talbot surgit alors. "Elle a crié, elle a vu que c’était moi, et elle s’est précipitée. Elle n’avait pas peur. Je lui ai dit de reculer, mais elle n’a pas écouté. En se retournant, j’ai vu un couteau dans la cuisine sur l'ilôt central. Je l’ai saisi. Je l’ai menacée, mais elle a continué à avancer."
Sa voix se fait plus basse, les mains du grand gaillard d'1m90 continuent à se tordre dans tous les sens : "Je lui ai mis le couteau sous le menton. J’ai entendu des insultes, "connard", et là ça a explosé dans ma tête. C’est allé extrêmement vite. Je lui ai donné des coups au visage. Je l’ai poussée jusque dans la chambre. Elle est tombée sur le lit. Je me suis assis sur elle, je l’ai maintenue avec un genou et j’ai visé le cou. J’ai vu rouge. J’étais en colère contre la vie."
Il marque une pause avant de reprendre : "J’ai vu le sang… je me suis dit ‘c’est horrible’ et j’ai arrêté. Je me suis fait peur à moi-même."
- Cigarettes, alcool et boîte de nuit -
Ensuite, il quitte les lieux, passe à une station-service, achète des cigarettes, puis se rend en boîte de nuit à Saint-Gilles-les -Bains. Il règle avec la carte bancaire de la victime. "Aujourd’hui, je me vois comme un monstre. Je demande pardon", déclare-t-il devant le jury populaire.
Dans le prétoire, les images de la reconstitution sont diffusées. La petite chambre de madame Talbot apparait sur grand écran. On y aperçoit sa grande armoire ancienne en bois, on distingue une partie de son dressing et quelques vêtements encore pliés. Et au centre de la pièce un homme couteau en main qui rejoue la scène face à un mannequin.
Les proches de la victime détournent le regard. Mathis Blaya fixe le sol. Interrogé par Me Jean-Jacques Morel, avocat de la famille, il admet avoir bu au Beach Club une bouteille de whisky payée avec la carte de la défunte : "J’attendais qu’on vienne me chercher", répond-il.
Concernant le téléphone portable disparu et le fil du fixe sectionné, il n’apporte aucune explication. "Si elle avait survécu, elle n’aurait même pas été en mesure de contacter les secours", insiste Me Morel.
Pressé par l’avocat général, l’accusé ajoute que Dominique Talbot, rouée de coups, lui aurait dit : "Tue-moi." "Je me suis senti provoqué", affirme-t-il.
- La douleur des parties civiles -
Ce mercredi, la famille de Dominique Talbot – son fils, son épouse et leurs deux filles – s’expriment. Le climat est lourd, pesant, au fil des détails macabres rappelés par les avocats. "Lorsque vous l’avez détroussée, humiliée, laissée pour morte, à quoi pensiez-vous ?", demande Me Morel. La réponse tombe, froide : "Je savais qu'on allait venir me prendre."
Après la plaidoirie de Me Jean-Jacques Morel pour les parties civiles, l’avocat général a requis 30 ans de réclusion. L'audience s'est conclue par la plaidoirie de la défense, assurée par Me Sébastien Navarro. Le verdict est tombé Mathis Blaya est condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour meurtre aggravé sous l’empire de stupéfiants et vol dans un local d'habitation.
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Et si le principe d'Archi...bled se vérifiait encore et encore.
Il disait "Tout corps plongé dans l'eau... " en ressort mouillé ou souillé suivant la nature et l'état de l'eau .
Que peut on faire si l'état de l'eau ne peut préserver l'intégrité du corps qu'elle reçoit?
Ne rien y mettre? L'eau reste dangereuse
Changer l'eau d'abord ? Vaste programme, faut encore disposer d'une eau de substitution.
Changer de source et attendre qu'une eau pure remplisse le bain? Oui mais où est cette source miraculeuse et qui a le temps ... d'attendre ?
Un poème de Prévert commence comme ça : "Au dessus de l'île il y a des oiseaux, tout autour de l'île il y a de l'eau...." Le titre de ce poème vous dira peut-être quelque chose, c'est "La chasse à l'enfant". Il refusait le bain qu'on lui avait choisi.
Question de survie !